TÉMOIGNAGE

Être enceinte en France et au Québec

Anne-Sophie Starck a deux fils. Clément, un garçon de 7 ans né en France, et Noah, un bébé de 3 mois qui a montré le bout de son nez à Québec. Infirmière puéricultrice, la sympathique jeune femme est bien placée pour savoir que la grossesse n’est pas vécue de la même façon dans les deux pays – sans même entrer dans le détail des examens médicaux.

« D’un pays à l’autre, c’est clair qu’il y a une différence dans la façon dont on se perçoit en tant que femme enceinte », observe Mme Starck. 

Selon la société française, la future maman doit d’abord rester une femme. « Ici, c’est sûr que les futures mamans, elles sont cool, note la Française d’origine. C’est notamment une question de climat : on ne peut pas mettre de petites chaussures en hiver, il faut porter de grosses bottes. Il faut aussi dire qu’il y a plus de boutiques pour les femmes enceintes en France. Ça donne peut-être plus envie d’acheter… »

CONSIDÉRÉE COMME FRAGILE

Par contre, « au Québec, on est moins considérée comme une personne fragile quand on est enceinte, souligne Mme Starck, qui est également motivatrice pour des programmes de sport à la maison. Dans la culture française, c’est recommandé de se reposer pendant sa grossesse. Il vaut mieux ne rien faire ».

Des affiches demandent aux clients des supermarchés de laisser les femmes enceintes passer devant eux, aux caisses. Pareil dans les administrations. « Vous avez un coupe-file si vous êtes enceinte, explique la jeune maman. Je n’ai pas vu ça ici. »

PLUS ÉCOUTÉE

L’accent mis sur les bouleversements psychologiques vécus par les futurs parents dans les guides de grossesse français n’étonne pas Mme Starck. « Règle générale, le problème du Français, c’est qu’il va utiliser des mots compliqués pour dire des choses simples, dit-elle avec humour. Ce que j’ai pu voir à l’hôpital Sainte-Justine, où j’ai fait mon stage de reconnaissance comme infirmière, et au Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL), en tant que maman, c’est que les professionnels de la santé vous expliquent simplement la situation au Québec. Le patient est plus intégré aux soins. »

À Sainte-Justine, la jeune femme a toutefois été surprise de voir une collègue travailler jusqu’à 36 semaines de grossesse. « Elle courait partout dans le service, se souvient-elle. En France, on ne verrait jamais ça. C’est très rare, les femmes qui prennent moins de six semaines de congé de maternité avant l’accouchement. De surcroît quand on est infirmière. »

La reprise du travail vient toutefois très vite, avec 14 semaines de congé au total. « Il faut redevenir la femme du monde, qui travaille tout de suite et qui laisse son bébé à la garderie, souligne Mme Starck. C’est un peu difficile quand on est très maternelle. »

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