chronique

Tension (attention) en Acadie

Le premier épisode de la série Le siège n’est pas une bonne carte de visite pour le reste de ce thriller syndicalo-social. L’histoire s’y déplie de façon assez conventionnelle, sans provoquer de dépendance immédiate chez le téléspectateur.

Au deuxième, l’intrigue prend de la profondeur, les personnages noirs et blancs se colorent de gris et la ligne de démarcation entre les bons et les méchants se brouille dangereusement. C’est probablement pour cette raison qu’ARTV servira à ses abonnés des programmes doubles de cette nouveauté à partir du samedi 21 octobre à 21 h. Le siège atterrira à la télévision de Radio-Canada les lundis à 21 h à partir du 6 novembre, une fois que la série Olivier aura été bouclée.

Le siège, première œuvre télé du jeune romancier Pierre-Marc Drouin, oppose deux têtes fortes : Mario Cormier (Gilles Renaud), président modéré du syndicat de l’usine de thermoformage Smiths-Thompson, et le bouillant Alexis Godin (Alexandre Goyette), à la tête d’un petit groupe de mécaniciens associés à la gauche radicale.

À la veille de la fermeture de cette méga-entreprise, qui fournit de l’emploi à 1000 des 15 000 habitants de la ville fictive de Cole Creek, dans le nord du Nouveau-Brunswick, les tensions montent. Le syndicat recommande d’accepter les offres patronales, qui proposent aux travailleurs 32 jours de salaire pour démonter l’usine et l’expédier, en pièces détachées, à Saskatoon.

Enragés d’être ainsi jetés à la rue, les mécanos refusent de plier et orchestrent une prise d’otages, qui dégénère dans les bureaux de la direction.

Au-delà du conflit de travail, Le siège explore le passé trouble qui relie les familles des deux protagonistes, les Cormier et les Godin. Cette partie s’avère plus captivante que les tractations entre la police et les ravisseurs, je trouve. Quel événement tragique a bien pu générer autant de haine, d’incompréhension et de mépris entre les deux clans ? La réponse partielle est déballée à la fin de la deuxième heure.

Il y a de très beaux personnages dans Le siège, qui a été entièrement tourné en Acadie, dont celui de la négociatrice en chef (Denise Bouchard) et du policier alcoolique joué par Jean-Nicolas Verreault. Le jeune journaliste ambitieux (Sacha Charles) fait un peu cliché, mais sa persévérance et sa perspicacité lui permettront d’assembler, comme nous dans nos salons, les morceaux du casse-tête.

Découpé en six morceaux d’une heure, Le siège comporte quelques petites sources d’irritation. Par exemple, comment se fait-il qu’une assemblée syndicale aussi cruciale ne réunisse qu’une centaine des 1000 employés de la Smiths-Thompson ? Également, certaines personnes retenues prisonnières pourraient aisément s’enfuir, mais ne le font pas. Pourquoi ?

Si vous avez aimé la minisérie Le clan du même réalisateur (Jim Donovan), Le siège devrait vous plaire. Alexandre Goyette, dans un rôle de méchant, crève l’écran. Et Gilles Renaud rend attachant son président de syndicat pas mal plus croche (lire : crosseur) que ce qu’il dégage.

Les vrais pleurs dans la pluie

Ça pleure énormément dans La vraie nature de TVA. Ça braille sur le quai, à la grange, autour du feu, au salon, alouette. Normalement, ce style ultra-larmoyant m’aurait royalement tapé sur les nerfs.

Pas cette fois-ci. Cette heure de télé, pilotée par Jean-Philippe Dion dimanche soir, a filé à la vitesse de l’éclair. Comme si nous espionnions les confessions de trois vedettes dans le cabinet de leur psychologue. Comme si nous devenions voyeurs-complices de leur thérapie. C’était très étrange comme sentiment, mais pas désagréable.

Il ne faudrait cependant pas que tous les épisodes soient aussi lourds que le premier. Ça finirait par devenir une surenchère à savoir qui a vécu les épreuves les plus traumatisantes. On ne veut pas assister à ça.

Et bien honnêtement, nous avons atteint la limite de productions bâties autour de vedettes québécoises qui étalent leurs problèmes de couple, leurs recettes préférées, leurs coups de cœur gastronomiques ou leurs souvenirs d’enfance, tous réseaux confondus.

L’interaction entre les convives fait – et fera – toute la différence à La vraie nature. Si les invités ne s’intéressent pas aux histoires intimes des autres, l’émission s’asséchera aussi rapidement qu’un sapin de Noël en janvier. Si le courant passe comme avec Mario Pelchat, Mariana Mazza et Étienne Boulay, la confiance s’installe et permet quelques épanchements.

La direction artistique rustique-chic de La vraie nature est magnifique. On se croirait dans des tableaux Pinterest. Quant à l’animateur Jean-Philippe Dion, il a été à l’aise et a bien dirigé les conversations. Par contre, la scène de pêche faisait tout sauf naturelle. À repenser.

Petit dimanche

Selon les données préliminaires de Numeris, la plupart des émissions du dimanche ont chuté dans les sondages d’écoute, particulièrement Occupation double, qui a glissé à 400 000 téléspectateurs. C’est un très mauvais signe pour V, qui a promis 718 000 consommateurs à ses annonceurs. Selon nos informations, V déplacerait le gala du dimanche d’OD à 21 h pour se rapprocher de la clientèle de cette téléréalité.

À TVA, La voix junior a rassemblé 1,7 million de fans devant leur poste, tandis que Tout le monde en parle en a intéressé près de 800 000. Quant à La vraie nature, sa première a capté l’intérêt de 860 000 curieux. Pas de gros scores pour personne (sauf pour La voix junior, dont la popularité ne dérougit pas).

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