Chronique

Un retour d’Éric Salvail ? Oubliez ça !

Le débranchement du Show de Rousseau, qui disparaîtra de la programmation de V après les Fêtes, a fait ressortir cette bonne vieille rumeur qui ne veut pas mourir : Éric Salvail prépare son grand retour et il reprendra son fauteuil en janvier.

Oubliez ça, les amis. Éric Salvail, l’ancien king de V, ne retournera jamais à l’antenne d’un réseau qu’il a plongé dans une controverse extrêmement coûteuse. D’abord, aucun patron n’osera embaucher l’animateur tant que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) n’aura pas autorisé – ou non – le dépôt d’accusations contre lui. C’est une immense épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête de Salvail.

Également, depuis un an, V essaie de se débarrasser de son image sulfureuse et trash, qui repoussait les annonceurs nationaux. Avec sa nouvelle grille propre, propre, V a rétabli un bon lien de confiance avec ses commanditaires. Ramener Éric Salvail dans le décor bousillerait ces gros efforts de nettoyage.

Pour un réseau de télé, Éric Salvail demeure radioactif. Qui peut garantir à 100 % qu’aucune autre « nouvelle » victime ne débarquera sur la place publique pour le dénoncer ? C’est exactement ce qui s’est produit dans le cas de Gilbert Rozon. Un an après la sortie groupée des premières présumées victimes, la belle-sœur de M. Juste pour rire, Martine Roy, a ajouté son témoignage à une pile déjà haute pour déplorer la lenteur du processus judiciaire.

Autre point à ne pas négliger : la solidarité des artistes. Dès que le bruit d’une possible réapparition d’Éric Salvail a commencé à circuler, plusieurs vedettes, dont certaines très connues, ont juré qu’elles ne s’assoiraient plus jamais devant lui, selon mes informations. On parle ici de pointures A, et même A+.

Si le showbiz tourne le dos à Salvail, mettons que ça complique pas mal l’élaboration de ses émissions, qui s’articulent essentiellement autour de stars d’ici.

Depuis la rentrée, j’ai parlé avec plusieurs décideurs du milieu de la télévision à propos de l’avenir de Salvail. Le constat ? À court et moyen termes, c’est pratiquement impossible qu’il décroche un contrat d’animation. 

Radio-Canada ne le veut pas dans son écurie, me dit-on. À Télé-Québec, Éric Salvail ne s’inscrit pas du tout dans l’ADN de la chaîne, on s’entend.

Et ça serait étonnant que TVA rapatrie Salvail dans son giron. L’animateur vedette avait claqué la porte de la station de Québecor en mauvais termes, au printemps 2013. Après la fin de Fidèles au poste, TVA lui aurait proposé de coanimer Ça finit bien la semaine, ce que Salvail a interprété comme une rétrogradation. Il a alors rapidement décampé chez V, qui lui a déroulé le tapis rouge (et un contrat de plusieurs années).

Du côté des chaînes spécialisées, il n’y a que deux débouchés potentiels pour Éric Salvail : le Groupe TVA (voir plus haut) et Bell Média. N’oublions pas que Salvail a aussi mis Bell Média dans l’embarras avec ses inconduites sexuelles alléguées. Bell venait de lui signer un gros chèque pour qu’il pilote Éric et les fantastiques, émission radiophonique qui a été débranchée en catastrophe et qui a fait perdre de précieuses parts de marché à Rouge FM.

De toute façon, Véronique Cloutier a repris le micro des Fantastiques à Rouge et ses chiffres d’écoute seraient impressionnants, rapportent mes espions.

Quant aux propriétés de Corus, qui exploite Historia, Séries + et Télétoon, elles ne cadrent pas du tout avec le profil d’Éric Salvail, à moins que ce dernier ne se découvre une passion soudaine pour les bibelots antiques, l’assassinat de JFK ou la Deuxième Guerre mondiale.

Éric Salvail ne vit plus comme un ermite. Il sort souvent dans les premières – il a assisté au spectacle de Lara Fabian le 12 octobre au St-Denis – et vous seriez surpris de voir à quel point son public le soutient et espère son retour. Plusieurs pages Facebook réclament même sa réintégration immédiate au sein de l’Union des artistes.

Si un jour Éric Salvail souhaite retrouver la lumière des projecteurs, plusieurs obstacles se dresseront sur son chemin.

Premièrement, il devra éviter le chemin du palais de justice. Suivra ensuite l’entrevue obligée où il s’excusera de façon sincère, parlera de sa thérapie et demandera pardon. Finalement, il lui faudra un réseau prêt à accepter les risques que représente son recrutement, notamment pour gérer la crise médiatique qui éclatera assurément après cette annonce.

Tout ça est loin d’être fait. Très, très loin.

Ah oui, oubliez aussi Julie Snyder dans la case de 22 h de V. Selon le porte-parole des Productions J de la démone, Louis Noël, « Julie ne sera pas en ondes en janvier ». Dossier réglé.

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