Hockey  Le Canadien

Quelle place pour les jeunes ?

Alors que s’amorçait hier le camp des recrues du Canadien, de jeunes défenseurs comme Noah Juulsen et Simon Bourque, qui en seront à leur première saison chez les professionnels, entendent prouver leur valeur aux yeux des dirigeants de l’équipe. Mais quel rôle auront-ils à jouer au sein de l’organisation ?

Le Canadien

Congestion à la ligne bleue

« On n’a jamais trop de défenseurs », répète Marc Bergevin depuis son arrivée en poste chez le Canadien, en 2012. Cette saison, le directeur général semble vouloir appliquer ce principe à son club-école.

Le camp des recrues du Tricolore s’est mis en branle hier. Parmi les huit défenseurs sur place, deux anciens choix de repêchage disputeront en 2017-2018 leur première saison chez les professionnels : Noah Juulsen et Simon Bourque.

Selon toute vraisemblance, c’est à Laval, dans la Ligue américaine, que les deux jeunes hommes s’initieront au hockey professionnel. Mais quant à savoir quel rôle ils occuperont, le portrait se brouille.

À l’heure actuelle, le Canadien compte 16 défenseurs pour se partager la tâche à Montréal et à Laval.

Le Tricolore pourra garder au maximum huit défenseurs à Montréal pour amorcer la saison. C’est donc dire que quatre des arrières de la colonne du centre se retrouveront dans le club-école. Ajoutez à cela un désir manifeste que le club-école connaisse du succès sur la patinoire avec le déménagement dans un nouveau marché, et les conditions ne sont pas idéales pour que Juulsen et Bourque obtiennent du temps de jeu à profusion.

« C’est entre mes mains, affirme Juulsen, choix de premier tour du CH en 2015. Je dois jouer comme j’en suis capable, et le temps d’utilisation sera attribué selon les performances. Si je joue bien, ça ira. »

« Oui, ils veulent gagner, comme toutes les équipes, mais je ne pense pas qu’ils veuillent mettre le développement de côté pour gagner, croit pour sa part Bourque, un choix de sixième tour en 2015. On a tous été repêchés ou embauchés parce qu’ils voyaient quelque chose en nous. Au bout du compte, notre travail ne change pas. Les vétérans sont là pour faire gagner l’équipe, mais aussi pour encadrer les jeunes comme nous. »

Évidemment, les blessures peuvent encore changer la donne. N’excluons pas non plus une transaction, mais dans ce cas, si le joueur obtenu est un défenseur gaucher top 4, la congestion persistera à la ligne bleue.

La transition

Pour l’heure, Bourque et Juulsen feront office de vétérans d’un jeune groupe de défenseurs qui affrontera les espoirs des Sénateurs et des Maple Leafs, cette fin de semaine à Toronto. En effet, seul Stefan Leblanc, qui a un contrat de la Ligue américaine, est plus âgé qu’eux.

« Je suis maintenant parmi les plus vieux ici. Ça fait deux ans que je suis ici, j’étais dans les souliers de ces jeunes. Cette fin de semaine, je veux aider les plus jeunes et m’assurer qu’ils sont à l’aise. »

— Noah Juulsen

Mais une fois que le « vrai » camp se mettra en branle, Juulsen retombera dans le rôle de recrue. À 6 pi 2 po et 191 lb, il possède une bonne carrure pour l’opposition qu’il rencontrera ce week-end, mais devra gagner en maturité physique pour tenir tête à des hommes.

« Je veux simplement continuer à grossir. À 6 pi 2 po, la prise de poids sera très importante. À mes yeux, 210 lb serait le poids idéal. Je ne veux pas devenir trop gros, car la mobilité est un attribut très important dans le hockey d’aujourd’hui. »

Sans Chabot

Bourque, lui, se dit déjà relativement satisfait de sa carrure à 199 lb (même si les listes officielles le répertorient à 190 lb).

Dans son cas, la transition se passera à un autre niveau. Le Québécois a eu 20 ans en janvier dernier et il a pleinement profité de son statut de vétéran dans la LHJMQ la saison dernière, avec une récolte de 56 points en 59 matchs. De plus, en deuxième moitié de saison, son principal partenaire était Thomas Chabot, sacré défenseur de l’année du hockey junior canadien.

« C’est un peu comme un retour dans le junior à 16 ans, illustre Bourque. Tu dois travailler fort et faire les petites choses pour avoir une place dans la formation.

« C’est sûr qu’il y aura une différence, poursuit-il. Thomas était très talentueux. Mais ici, je ne me pose même pas la question de mes partenaires, je sais que je jouerai avec des gars super talentueux aussi. Mais je ne pourrai pas jouer la même game que dans le junior. »

Le Tricolore devra jouer les équilibristes entre les succès immédiats du club-école et le développement à long terme des joueurs. Sous le règne de Bergevin, cet équilibre n’a jamais vraiment été atteint : la filiale accumule les résultats décevants tout en étant incapable de développer des joueurs de calibre de la LNH.

On verra si le déménagement à Laval permettra d’inverser la tendance.

Juulsen avec Mete

Il est évidemment encore bien tôt dans ce camp des recrues, mais lors de l’entraînement d’hier à Brossard, on a remarqué un duo intéressant en défense : Victor Mete et Noah Juulsen, qui étaient jumelés à la ligne bleue. Juulsen, on le rappelle, a été le premier choix du Canadien au repêchage de 2015, et Mete est un autre espoir de l’organisation, choix de quatrième tour au repêchage de 2016.

— Richard Labbé, La Presse

Direction Toronto

Pour la troisième année de suite, les espoirs du Canadien participeront à un tournoi des recrues, avec ceux des Maple Leafs de Toronto et des Sénateurs d’Ottawa. Ce soir, les jeunes du Tricolore affronteront ceux des Leafs, tandis que demain soir, les Montréalais seront opposés aux Ottaviens. Dimanche, Leafs et Sénateurs concluront les hostilités. Tous les matchs auront lieu au Ricoh Coliseum, domicile des Marlies de Toronto dans la Ligue américaine. Le camp des recrues du Tricolore se poursuivra ensuite de lundi à mercredi à Brossard.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

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Martin Reway revient de loin

Quand on lui demande ce qui est arrivé exactement il y a un an, quand sa vie a bien failli basculer pour longtemps, Martin Reway se referme comme une huître. « Je ne veux pas en parler », offre-t-il en guise de seule réponse sur le sujet.

Le sujet ? La maladie. Sa maladie.

Une maladie mystérieuse, peu connue, qui l’a frappé tel un uppercut qu’un boxeur ne voit pas venir. C’est arrivé la saison dernière, quand Reway, choix de quatrième ronde du Canadien au repêchage de 2013, se préparait pour le camp des recrues.

Si le jeune homme a du mal à en parler, encore, c’est probablement parce qu’à ce jour, personne ne sait exactement ce qui s’est passé. Ses représentants ont évoqué une infection au cœur, sans donner plus de détails.

Reway se souvient qu’il ne se sentait pas bien, il se souvient des médecins, des deux mois passés sur un lit d’hôpital. Il se souvient qu’il passait son temps à dormir. « J’étais incapable de m’entraîner », ajoute-t-il.

Il a dû penser à autre chose que le hockey, pour une rare fois dans sa vie. « Mais je savais tout ce temps que j’allais revenir. En attendant, j’en ai profité pour étudier, pour passer plus de temps en famille. J’ai fait des études en économie. J’espère ne pas avoir à retourner aux études… »

Sa carrière, le hockey, le Canadien ? À ce moment-là, ce n’était peut-être pas le plus important. « Il y a des gens qui passent à travers une telle maladie, il y a des gens qui n’y arrivent pas », tient-il à préciser, peut-être avec un peu de fierté.

Prêt pour la LNH

Il y est arrivé, et maintenant, le voici au camp des recrues du Canadien, prêt à voir gros, prêt à dire aux membres des médias, comme il l’a fait hier à Brossard, qu’il se sent d’attaque pour la Ligue nationale.

Ce qui est quand même quelque chose, avouons-le, pour quelqu’un qui a recommencé à patiner il y a cinq semaines à peine.

« Je sais que ça va être difficile, mais je travaille chaque jour en essayant de m’améliorer. Je suis assez convaincu d’être capable de retrouver la forme rapidement. Le plan est de jouer dans la LNH, mais si ça n’arrive pas, ce n’est pas grave, je vais aller à Laval [dans la Ligue américaine] sans problème. On verra bien ce qui va arriver. Pour le moment, j’y vais un pas à la fois, je veux juste faire bonne impression ici. Aider les gars à gagner des matchs… »

« Des fois, dans la vie, certaines choses arrivent et on ne peut rien y changer. Elles vont arriver, qu’on le veuille ou non. Je suis vraiment heureux d’avoir surmonté ça. »

— Martin Reway

Vraiment heureux, c’est exactement de quoi avait l’air Martin Reway hier, sur la glace de Brossard. Un peu rouillé, certes, mais vraiment heureux.

Pour l’instant, il y a encore bien des embûches sur le chemin du joueur de 22 ans. Il doit retrouver sa touche, il doit retrouver son souffle, ce qui n’est pas si facile quand on se remet d’un tel choc. Il doit retrouver ses repères sur la glace, lui qui a dû rater la totalité de la dernière saison en raison de ses ennuis de santé.

La LNH, le grand club, tout ça n’est donc fort probablement pas pour tout de suite. Mais ce n’est pas un problème pour Martin Reway. Pour lui, le simple fait d’être ici représente déjà une forme de victoire immense.

« Juste d’être ici, avoue-t-il, ça représente tout… »

Probablement, oui.

Le Canadien

Le français contre vents et marées

Il est né en Nouvelle-Écosse, a été élevé à Oakville, en Ontario, et a passé l’essentiel de sa carrière junior à Mississauga, également en banlieue torontoise. Sur papier, tout laisse croire que Stefan Leblanc n’a de francophone que le nom, un peu comme Nathan Beaulieu et Rene Bourque. C’est tout le contraire.

Ce défenseur à qui le Canadien a accordé un contrat de la Ligue américaine en juin dernier s’ajoute au groupe de francophones qui pourraient faire partie du club-école du Tricolore cette saison à Laval.

« Mon père est un Acadien de la Nouvelle-Écosse. Ma mère est une McKenzie du Nouveau-Brunswick, donc je suis un full Maritimer. Mais mon français vient de mon père », a-t-il raconté à La Presse, après le jour 1 du camp des recrues, hier.

Parler le français à la maison, c’était une chose. Mais pour l’apprendre à l’école, Leblanc a dû s’imposer quelques sacrifices.

« Au secondaire, je devais faire une heure d’autobus chaque jour pour aller à l’école française [l’école Sainte-Famille, à Mississauga]. Et quand j’ai été repêché par Sudbury dans le junior, je voulais continuer en français. Ça venait de moi, mon père ne m’a pas obligé. Mais j’étais le seul de mon équipe à aller à l’école en français.

« Il y a une grande communauté francophone à Sudbury, donc ça me permettait de rencontrer plus de partisans que les autres joueurs. »

— Stefan Leblanc

Leblanc était hésitant au début de l’entrevue, mais il a finalement accordé la totalité de l’entrevue dans un excellent français.

« J’adore être bilingue. Mon père et ma grand-mère ont tous gardé leur français. Moi, je veux le faire pour mes enfants, pour que ça reste dans la famille. Je le fais pour moi et pour le nom des Leblanc. »

Objectif : Ligue américaine

Sur la patinoire, Leblanc fera le saut du hockey junior aux rangs professionnels cette saison. Ce défenseur de 21 ans s’est fait remarquer au sein des excellents Steelheads de Mississauga, qui ont atteint la finale de la Ligue de l’Ontario la saison dernière. Il a amassé 37 points en 66 matchs et en a ajouté 11 en 20 matchs éliminatoires. C’est ainsi que le CH l’a embauché comme joueur autonome jamais repêché.

Au camp, il se battra pour obtenir un poste chez le Rocket de Laval, à défaut de quoi il retournera dans la région torontoise avec le Beast de Brampton, la filiale du Canadien en ECHL.

« Mon but cette année, c’est la Ligue américaine, affirme-t-il. Je sais qu’il y a beaucoup de défenseurs dans le depth chart, mais je ne peux pas me concentrer là-dessus. Je vais tout faire pour avoir ma place à Laval. »

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