Opinion

L’ordre professionnel des infirmières doit les soutenir

Il y a près de 75 000 infirmières au Québec et, de ce fait, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), à titre d’ordre professionnel, est largement concerné par la situation de crise qui prévaut actuellement chez ses membres. Sa mission principale est d’assurer la protection du public par la surveillance de l’exercice de la profession infirmière.

L’OIIQ a également le mandat de promouvoir une pratique infirmière de qualité et de contribuer au maintien des compétences de ses membres. Or, dans un contexte où la qualité des soins et la protection du public sont menacées, quel est le rôle de l’OIIQ pour appuyer et accompagner la mobilisation des infirmières ?

Même si les infirmières sont épuisées, elles sont aussi mobilisées et leurs actions se doivent d’être soutenues rapidement et clairement non seulement pas des instances syndicales mais également par leur ordre professionnel.

Il devient impératif que l’OIIQ assure un leadership fort, clarifie ses priorités, communique quelles stratégies seront mises de l’avant pour participer activement à la résolution de cette crise. Actuellement, nous ignorons comment l’OIIQ prévoit collaborer avec les divers acteurs (ministère, syndicat, directions de soins infirmiers, etc.) pour identifier des solutions à une problématique fort complexe et qui va bien au-delà des ratios et du temps supplémentaire obligatoire.

Une bouffée d'espoir

La Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ) a communiqué clairement sa priorité ; des solutions ont été proposées et seront expérimentées prochainement afin d’implanter des ratios plus sécuritaires visant à assurer une meilleure qualité de soins. Il s’agit d’une première étape essentielle qui insuffle une bouffée d’espoir. Toutefois, ces correctifs pourront donner les résultats escomptés seulement si l’ajout de ressources s’accompagne de changements réels sur le plan de la culture organisationnelle et du modèle de gouvernance en place.

L’expérience le démontre clairement : l’ajout de ressources n’est pas garant de succès.

Il faut plus ; ce plus exige le soutien à la mobilisation, un leadership plus affirmé de l’OIIQ sur la place publique, des actions concrètes, novatrices pour susciter la collaboration des divers partenaires concernés par un renouvellement des conditions de pratique des infirmières. Les infirmières ne sont pas dupes ; il y a trop longtemps qu’elles se sentent tenues pour acquises et négligées par le système de santé. Elles seront prudentes et attendront avant de faire confiance aux solutions proposées.

Cette confiance pourra se rétablir seulement si elles réalisent que le système de santé les respecte, tient compte de leurs valeurs, de leurs compétences, ainsi que de leurs besoins et aspirations comme professionnelles à part entière. L’OIIQ a certainement un rôle important à assumer étant donné que la protection du public est tributaire de la qualité de la pratique infirmière et de l’environnement organisationnel où cette dernière se déploie.

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