À bien y penser

Bazar photographique

Nous vivons dans un monde d’images. Le web et nos médias d’information électroniques publient chaque jour des milliers de photos provenant du monde entier. Submergés de la sorte, il est temps de s’interroger sur l’intérêt accordé aujourd’hui à tout ce bazar photographique.

— Pierre Desjardins

Réplique

Les marottes de la crémière

En réponse à la chronique de Marie-Claude Lortie, « Les festivals, le beurre et l’argent du beurre », publiée samedi dernier.

La publication, samedi, d’une chronique de Marie-Claude Lortie au sujet de l’aide gouvernementale aux festivals et événements, de leur modèle d’affaires et de bien d’autres aspects appelle quelques rectifications et précisions. Car au titre provocateur – «  Les festivals, le beurre et l’argent du beurre  » – il faudrait sans doute ajouter «  et les marottes de la crémière  », tant on y fait valoir des redites et, malheureusement, des faussetés.

Au cours des dernières années, la ministre du Tourisme, Julie Boulet, a procédé à une révision en profondeur du Programme d’aide financière aux festivals et événements touristiques. À travers ce programme, le gouvernement du Québec vient soutenir une industrie importante, mais fragile, qui est, démonstration à l’appui, très payante pour notre destination.

Comme par le passé, depuis cette révision, le gouvernement du Québec vient reconnaître par la voie de cet outil la «  performance touristique  » des événements et festivals. Il souscrit au principe voulant que ces rendez-vous génèrent de l’activité touristique et économique, qu’ils remplissent des hôtels, des restaurants, des avions et des autocars, ont un impact dans d’autres secteurs et que, par conséquent, il se doit d’agir comme «  redistributeur  » d’une partie de la richesse créée, pour faire en sorte que la roue puisse continuer à tourner, pour ainsi dire. Par des critères, le gouvernement du Québec incite même les événements à se dépasser, à faire plus, à faire mieux, pour rayonner encore plus à l’international et attirer davantage de touristes.

Si les festivals et les événements perçoivent exceptionnellement, dans certaines régions, une portion de la taxe sur l’hébergement à travers des subventions de leur association touristique régionale, ils ne captent qu’une infime partie de l’argent qui est dépensé par les festivaliers, et ce, alors que bon nombre de festivals et événements offrent des activités gratuites au sein de leur programmation.

Ces spectacles, sur la place des Festivals, au cœur de notre métropole, par exemple, définissent aux yeux des touristes internationaux la personnalité de notre destination, que nous souhaitons justement festive, conviviale ou mettant en lumière notre créativité et notre talent.

C’est entre autres pourquoi le ministère du Tourisme les appuie.

Par ailleurs, depuis cette révision du Programme, le gouvernement du Québec a fait le choix d’accompagner la croissance de nos plus grands festivals et événements. En fait, l’industrie et la ministre elle-même croient que certains d’entre eux peuvent continuer à croître, à se développer et, ce faisant, à générer encore plus de retombées fiscales et parafiscales. 

Pourquoi limiter la croissance  ? Pourquoi se contenter de petits pains  ? Pourquoi freiner l’élan  ? Par seul principe  ? Un coup de pouce supplémentaire du gouvernement s’avérera payant pour la collectivité sous forme de taxes et d’impôts. Il leur permettra non pas de «  survivre  », mais de se développer, de rapporter. À cet égard, des études ont mis en lumière le fait que le gouvernement du Québec récupère dans la même année fiscale deux fois et demie ce qu’il investit chez les membres du Regroupement des événements majeurs internationaux (REMI), qui s’autofinancent à 84 %.

Parlant d’études, il faut souligner que le ministère du Tourisme a publié au printemps 2016 un Guide méthodologique pour la réalisation des études sur l’impact économique des grands festivals et événements. Ce document, fruit d’un travail de fond réalisé sur plus de trois ans par un comité rassemblant notamment des représentants de différents ministères, dicte différents principes.

L’un de ceux-ci est, justement, l’exclusion de tous les visiteurs locaux qui ont fait moins de 40 km pour participer à un événement.

J’invite les économistes et professeurs, toutes sommités qu’ils soient, à prendre connaissance de ce document, validé par certains de leurs pairs, avant de lui faire dire exactement le contraire de ce qu’il dit.

Le Guide reconnaît, comme le faisait d’ailleurs le REMI depuis longtemps, que les dépenses de touristes locaux ne sont que des «  déplacements  » dans leur budget discrétionnaire et c’est pourquoi il se concentre sur le calcul des retombées économiques liées à toutes les personnes qui se sont déplacées, sur plus de 40 km, en bonne partie ou exclusivement à cause de l’événement, mais tant François Colbert que Claude Montmarquette avant lui font jouer à répétition un vieux disque qui n’est plus au goût du jour.

Enfin, on peut prendre acte des réserves exprimées en ce qui a trait au modèle d’affaires des festivals et des événements, au fait que certains festivals sont des organisations à but non lucratif qui travaillent de concert avec une compagnie de gestion, le tout d’un point de vue philosophique.

Or, il s’avère que sur le terrain, depuis des décennies et d’un point de vue pratico-pratique, ce modèle a fait ses preuves et a contribué à l’émergence d’une industrie événementielle qui n’a pas beaucoup d’équivalents ailleurs. Le gouvernement du Québec et les responsables d’événements eux-mêmes en sont venus à baliser la pratique de façon scrupuleuse, le premier en requérant des états financiers vérifiés, par exemple  ; les deuxièmes en s’astreignant à des codes d’éthique et des principes rigoureux. Le Programme d’aide financière aux festivals et événements touristiques prévoit notamment que les surplus dégagés par une organisation, s’il y en a, doivent être injectés dans l’édition suivante.

Alors que se déroule actuellement Igloofest à Montréal, que le Carnaval de Québec s’apprête à commencer dans la capitale  ; alors que partout au Québec s’active une industrie qui nous procure collectivement une très grande fierté, les Québécois, plutôt que de ressasser des marottes, iront une fois de plus vivre une expérience hors du commun dans nos festivals et événements.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.