OPINION 

La droite doit contribuer au débat sur l’environnement

Les manifestations des gilets jaunes en France sont une mauvaise nouvelle pour la gauche environnementale qui aime taxer. Il y a un agacement devant sa lancinante propension à nous demander de changer de mode de vie.

Mais au-delà des critiques justifiées qu’on peut adresser aux solutions autoritaires ou déconnectées de la gauche, ainsi qu’à sa matrice théorique qui génère plus de pessimisme que de résultats, la droite doit aussi regarder dans sa cour et voir où elle en est sur cette question.

Il ne s’agit pas pour la droite de s’accommoder de quelques politiques perçues comme proenvironnementales, mais plutôt de se joindre à cette bataille avec une vision qui lui soit propre. On a l’impression, à lire les programmes de plusieurs partis occidentaux, que la droite centriste recherche une position « équilibrée », mais en fait dominée par le discours de gauche, alors que les gens qui croient vraiment à un modèle de société fondé sur la libre entreprise devraient proposer une autre vision.

La droite décomplexée a une fenêtre pour affirmer une position novatrice en écologie.

En décembre, deux sondages Léger ont confirmé que les Québécois rejettent massivement une taxe carbone et appuient l’oléoduc transcanadien. Un sondage Nanos de l’automne dernier démontrait aussi un intérêt grandissant pour l’option libérale-conservatrice du Parti populaire du Canada de Maxime Bernier.

Une vision différente

La droite, qui s’identifie au monde des entrepreneurs, doit sortir de sa posture défensive. Elle peut être fière de son bilan depuis 150 ans : c’est de l’univers de l’industrie qu’est né le monde où nous vivons, un monde plus peuplé, mais moins pollué malgré les exagérations qu’on entend trop souvent, un monde où nous vivons plus longtemps et en meilleure santé.

C’est l’économie de marché qui a permis à la science de trouver son chemin dans des applications où l’intérêt humain et l’environnement ont trouvé leur compte. C’est dans l’industrie pétrolière, par exemple, qu’ont été créés des milliers de produits dérivés, des plastiques à la pharmacologie ; ils ont été conçus parce que le gaspillage des résidus n’est jamais l’option la plus rentable pour une entreprise privée.

Au-delà de ce qui met en jeu les forces spontanées du marché, qu’est-ce que la droite peut apporter aux débats environnementaux ? 

On pourrait suggérer trois volets pour illustrer une approche différente.

Droits et devoirs

D’abord, elle peut affirmer que seule une position anthropocentrique tient compte des atouts de notre espèce et de sa capacité à faire une différence. L’être humain ne fait pas que consommer des ressources, il est lui-même un créateur de ressources qui travaille, invente, produit. L’existence du génie humain donne à l’homme une place à part dans la nature. Étant le seul être intelligent, il est aussi le seul et unique être moral, véritablement titulaire de droits et de devoirs. Il s’agit donc d’une approche qui valorise l’innovation et le sens des responsabilités pour maintenir un mode de vie adapté aux préférences diverses des sociétés humaines.

Résoudre les problèmes

Ensuite, une position conservatrice peut se marier aux préoccupations des écologistes : souci de la descendance, épargne, horizon décisionnel long. Cependant, le but n’est pas de préserver pour préserver. Le legs le plus important d’une génération n’est pas une réserve de ressources non renouvelables, mais les connaissances et les institutions qu’elle a développées pour résoudre les problèmes auxquels elle a été confrontée.

Il serait totalement contre-indiqué de ne pas tenir compte, dans nos prévisions sur la santé environnementale de la planète, de l’augmentation énorme du nombre de chercheurs et d’innovateurs mieux réseautés que jamais dans l’histoire. Il est donc certain que le rythme des applications de la science s’accélérera par rapport au siècle précédent et décuplera les capacités de réactions aux changements environnementaux. Un conservateur est aussi un optimiste.

Économie et changements climatiques

Finalement, la droite devrait défendre une position véritablement libérale, au sens que ce sont les sociétés qui créent de la richesse qui protègent leur environnement. Les pays avec une économie de marché produiront l’abondance, non l’austérité et la décroissance, en développant leurs atouts, comme l’exploitation de leurs richesses naturelles. Il est tout à fait logique de vouloir faire croître le plus possible notre économie afin de mieux faire face aux conséquences de certains changements climatiques plutôt que de nuire à notre économie maintenant et de compromettre notre capacité d’adaptation dans l’avenir.

C’est le marché et non le dirigisme étatique d’une Bourse du carbone qui amènera naturellement la transition vers d’autres sources d’énergie, à mesure que l’innovation permettra de faire baisser les prix des solutions de rechange au pétrole.

Ajoutons que le principe de précaution dans l’extraction de nos richesses naturelles devrait être remplacé par une approche équilibrée : pourquoi ne pas comparer les risques et bénéfices de l’action ou de l’inaction ?

Cette approche libérale pourrait se résumer dans une réglementation simplifiée : lorsqu’elle est nécessaire, elle devrait viser un résultat et non les moyens afin de laisser les producteurs libres d’innover pour les atteindre.

La droite aurait aussi avantage à ne pas baisser les bras devant le faux consensus du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur les changements climatiques.

Une analyse du fonctionnement de ce gotha de l’environnement qui distribue les contrats de recherche et s’en réserve les conclusions politiques montrerait sa propension à faire la promotion d’une gouvernance mondiale qui ajouterait une couche de socialisme à une planète qui n’en a vraiment pas besoin.

Il faudrait recentrer les combats environnementaux qui ont été détournés de façon abusive vers le seul dossier du CO2.

La famille politique de la droite est capable de sortir les gouvernements occidentaux de l’impasse en avançant des positions réalistes plutôt que des chimères fondées sur des diagnostics douteux et faire de l’environnement un des moteurs de notre développement économique.

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