Rémunération des médecins

Revoir les augmentations promises ?

QUÉBEC — Des membres du gouvernement Couillard militent pour réduire les augmentations salariales qui doivent être versées aux médecins d’ici 2021. Un débat fait rage chez les libéraux à ce sujet.

Le secrétaire général du gouvernement et patron de l’ensemble des fonctionnaires, Roberto Iglesias, qui est lui-même médecin, appuie l’idée de récupérer des sommes qui ont été promises en vertu de l’accord sur l’étalement de l’automne 2014, a confirmé une source gouvernementale. En plus du mandarin numéro un de l’État, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, souhaite lui aussi abaisser la croissance de la rémunération des médecins pour les prochaines années.

De « grosses discussions » ont lieu autour de cet enjeu, a-t-on indiqué à La Presse. Le sujet est délicat, puisqu’il est ici question de revoir les conditions d’un accord signé par le gouvernement il y a un peu plus d’un an.

Le gouvernement Couillard prépare sa position en vue des négociations avec les fédérations médicales. Malgré l’accord étalant jusqu’en 2021 des hausses consenties par le gouvernement Charest, Québec doit en effet négocier de nouvelles ententes de rémunération avec les médecins. Les précédentes sont échues depuis le 31 mars.

Les manchettes sur la croissance de la rémunération des médecins ont miné le discours officiel du gouvernement sur la « rigueur budgétaire ». Le rapport de la vérificatrice générale de la fin novembre a également ébranlé les libéraux. Guylaine Leclerc a démontré que plus de 400 millions de dollars avaient été versés en trop aux médecins de 2010 à 2015 et que les économies de 400 millions qui devaient découler de l’accord sur l’étalement ne seraient pas au rendez-vous. Certains éléments avaient été sous-estimés dans les calculs. Des membres du gouvernement considèrent qu’il faudrait trouver une façon de récupérer des sommes dans le cadre des prochaines ententes de rémunération.

Le 4 décembre, au moment de dresser le bilan de la session parlementaire, le premier ministre Philippe Couillard a indiqué que le gouvernement avait fait beaucoup pour les médecins et qu’il n’ouvrirait pas davantage ses goussets. « Je pense que là, ça suffit, là. Je pense que s’il y avait un rattrapage à faire, il a été fait. La correction est largement faite. Alors le signal que j’envoie à la profession médicale, c’est que, maintenant qu’on a fait ça, la prochaine négociation, elle va se faire au bénéfice entier des patients. Et ça, c’est quelque chose qui va être très, très clair. Les médecins gagnent très bien leur vie au Québec maintenant, et maintenant on va penser, comme toujours, d’abord et avant tout au patient », a déclaré M. Couillard, lui-même médecin.

— Avec la collaboration de Denis Lessard

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