Ça s’explique !

Des Lego plus « verts »

Pour jeunes seulement

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer aux jeunes une parcelle d’actualité. Cette semaine, on se demande : est-ce qu’un produit dit « vert » est automatiquement meilleur pour l’environnement ?

Lego vend désormais des pièces de jeux plus « vertes ». Le fabricant de jouets n’a pas modifié la teinte de ses blocs et accessoires. Il a plutôt mis en marché des pièces qui se veulent plus écologiques. Le plastique utilisé pour ces morceaux – appelé polyéthylène – n’est pas un sous-produit du pétrole, mais celui d’une plante : la canne à sucre.

Objectif : 2030

Ce n’est qu’un premier pas pour Lego. L’entreprise danoise a annoncé en 2015 vouloir produire tous ses blocs et ses emballages à l’aide de ressources renouvelables d’ici 2030 dans l’objectif de réduire ses émissions de gaz carbonique et, de manière générale, son empreinte environnementale.

CHIFFRE

19 milliards

Lego produit 19 milliards de pièces chaque année.

Plastique de canne à sucre

Les matières plastiques sont, de manière générale, issues de la transformation du pétrole. Lego a cherché du côté des ressources renouvelables et a opté pour un polyéthylène (sorte de plastique) fabriqué avec de l’éthanol lui-même dérivé de la canne à sucre. Puisqu’il vient d’une plante, on dit du matériau utilisé par Lego qu’il est « biosourcé ». Attention, prévient Jérôme Claverie, professeur de chimie à l’Université de Sherbrooke : un produit « biosourcé » n’est pas nécessairement biodégradable. « Il y a des produits d’origine pétrolière qui sont biodégradables, précise-t-il, et des produits biosourcés qui ne le sont pas. »

« Vert » = écolo ?

« Dire que c’est vert, c’est bien pratique et ça marche sur le plan marketing, mais on n’est pas vert partout. […] Il est compliqué de faire un indice absolu », explique encore Jérôme Claverie. Il ne suffit pas de connaître la nature d’un produit pour déterminer s’il est écolo ou non. Il faut regarder les choses de manière plus large.

Cycle de vie

L’une des méthodes utilisées pour étudier l’impact environnemental d’un produit est l’analyse du cycle de vie. Ce type d’analyse a pour objectif de tenir compte d’un maximum de paramètres pour évaluer si tel matériau est plus ou moins respectueux de l’environnement.

Polyéthylène issu du pétrole

On prend du pétrole (une ressource non renouvelable), on le transforme en plastique, on utilise l’objet en plastique et, à la fin de sa durée de vie utile, on le met au recyclage. « Recycler du polyéthylène, c’est, dans une bonne proportion, le brûler pour faire de l’énergie », précise le professeur de chimie. En brûlant ce plastique, on produit notamment du CO2, c’est-à-dire du dioxyde de carbone (ou gaz carbonique). 

Polyéthylène « biosourcé »

On cultive de la canne à sucre (une ressource renouvelable), on fabrique de l’éthanol, on le transforme en plastique, on utilise l’objet de plastique et, à la fin de sa vie utile, on le met au recyclage. Encore une fois, il est brûlé et émet du CO2. « Dans ce cas-là, c’est carboneutre parce que, en le brûlant, vous relâchez le CO2 que la plante avait absorbé [durant sa croissance], explique Jérôme Claverie. C’est pour ça que faire des pièces de plastique à partir de produits biosourcés est très avantageux : elles ne vont pas générer de CO2. Leur bilan global n’est pas positif, mais il est neutre. C’est quand même pas mal. »

Carboneutre : adj. Terme utilisé pour désigner les actions qui visent à réduire ou à compenser les émissions de gaz à effet de serre.

De la plante à l’usine

Un objet en plastique fait avec un dérivé de canne à sucre gagne donc des points sur le plan du « bilan CO2 ». Une analyse de son cycle de vie tiendrait toutefois compte des impacts de la culture de la plante elle-même : nécessite-t-elle beaucoup de pesticides ? Contribue-t-elle à la déforestation ? Appauvrit-elle les sols ? Ce n’est pas simple… « Il y a un débat à savoir si c’est vraiment intéressant pour la planète de faire des produits biosourcés », confirme Jérôme Claverie, sans viser l’initiative de Lego en particulier.

Un défi pour tout le monde

Lego a pris les devant, mais tôt ou tard, toutes les industries qui utilisent du plastique se poseront les mêmes questions que le fabricant de jouets. « Un jour ou l’autre, il n’y aura plus tellement de ressources pétrolières », rappelle le professeur de chimie. Le plastique, omniprésent dans notre mode de vie, devra bien venir de quelque part… Une journaliste du magazine Wired suggère que, pour contribuer à sauver la planète, les amateurs de Lego peuvent aussi jouer un rôle. Comment ? En donnant ceux qu’ils possèdent à un autre enfant. Réutiliser est un geste « vert ». Ça, c’est clair !

Sources supplémentaires : BBC.com, LEGO.com, Wired, Office québécois de la langue française

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