Loi antitabac

DISPOSITIONS EFFECTIVES À COMPTER D’AUJOURD’HUI

Il est désormais interdit de fumer :

– dans les automobiles (avec des personnes de moins de 16 ans) ;

– dans les aires communes d’immeubles de 2 à 5 logements ;

– sur les terrasses ;

– dans les aires de jeux extérieurs et sur les terrains sportifs;

– sur les terrains de camps de vacances ;

– sur les terrains des CPE, des garderies, des établissements d’enseignement préscolaire, primaire et secondaire.

Il est interdit aux fabricants et distributeurs de vendre ou distribuer des produits du tabac avec saveur ou arôme.

Loi antitabac

Dispositions effectives en novembre 2016

Il sera interdit à tout adulte : 

– d’acheter du tabac pour un mineur ;

– de fumer dans un rayon de 9 mètres de toute porte ou fenêtre d’un lieu fermé où il est interdit de fumer.

Il sera interdit aux distributeurs d’offrir aux détaillants des ristournes ou autres avantages liés à la vente des produits du tabac. 

La mise en garde de santé sur les emballages de cigarettes et petits cigares devra avoir une superficie minimale de 4648 mm2

Il sera interdit que le volume intérieur des paquets soit rempli par autre chose que les produits eux-mêmes.

ENTRÉE EN VIGUEUR DE LA LOI ANTITABAC

Exit la fumée sur les terrasses

« Je savoure tristement mes dernières cigarettes sur une terrasse, je suis ici spécialement pour cette raison », confie Naïma Fahmi, rencontrée hier après-midi au Pub Le Sainte-Élisabeth, à Montréal. « On nous vend des cigarettes en toute impunité et, après, on punit les gens devenus accros. Même dehors, je n’aurai plus d’endroits où socialiser. Clairement, ça va changer mes habitudes. »

Depuis minuit, il est désormais défendu de fumer sur les terrasses commerciales, incluant celles des bars et des restaurants. Selon les nouvelles mesures de la Loi concernant la lutte contre le tabagisme, adoptées à l’unanimité en novembre 2015, la cigarette devient également interdite dans les automobiles en présence d’enfants, dans les aires de jeux extérieurs et sur les terrains sportifs.

Propriétaire de la taverne La Chic Régal, dans le sud-ouest de Montréal, Jean-Jacques Beauchamp s’affairait hier matin à installer des pancartes d’interdiction de fumer sur la terrasse de son commerce. « Entre 30 et 35 % de ma clientèle est composée de fumeurs, dont plusieurs jeunes. Il y a de la grogne, je m’attends à une baisse de clientèle temporaire », prévoit M. Beauchamp, président de la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec. Les contrecoups devraient être moins importants qu’en mai 2006, alors qu’on a interdit de fumer dans les endroits publics fermés, y compris les restaurants et les bars.

DES RÉACTIONS PARTAGÉES

« J’aime fumer en prenant un verre, mais je vais continuer à fréquenter les terrasses. Comme en 2006, les fumeurs feront un tollé, mais on va s’habituer », dit Karine Carbonneau, rencontrée à la brasserie artisanale Saint-Houblon. Peu de clients y étaient au courant des nouvelles dispositions de la loi. « Pour les travailleurs qui ne fument pas, comme moi, c’est bien. Mais plusieurs collègues, en manque de nicotine, vont être sur les nerfs », dit Joana, barmaid au café-bar Le Saint-Sulpice. Au bar Foufounes électriques, des affiches sont apposées ici et là pour informer les clients de la nouvelle interdiction. « Nous sommes un bar à haute capacité, très sécuritaire. Va-t-on devoir gérer les fumeurs, au détriment de la sécurité de nos clients ? », se demande Louis Lachapelle, barman et ex-fumeur.

« Je suis pour la santé publique, mais je crois qu’on s’y prend de la mauvaise façon. »

— Louis Lachapelle

Cinq provinces interdisent déjà de fumer sur les terrasses : l’Ontario, l’Alberta, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador. À l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ), on n’est pas contre la loi, mais on reproche au gouvernement de ne pas avoir publicisé ces nouvelles mesures. « On s’attend à une journée un peu mouvementée demain [aujourd’hui]. On devra aviser la clientèle et jouer à la police. On fait reposer ce fardeau sur nos épaules », déplore Martin Vézina, conseiller aux communications et aux affaires publiques de l’ARQ.

Les fumeurs repoussés à l’extérieur des terrasses boucaneront à proximité. M. Vézina craint les débordements. Plusieurs terrasses donnent directement sur le trottoir. « Les gens se dirigeront sur le trottoir pour fumer, ils auront tendance à apporter leur verre, alors que c’est interdit de boire de l’alcool sur la voie publique. Il faudra gérer ça et, en bout de ligne, il y aura autant de fumée sur les terrasses. » Dès novembre 2016, il sera interdit de fumer dans un rayon de 9 mètres de toute ouverture donnant sur un lieu fermé où il est interdit de fumer.

Comme la cigarette électronique est soumise aux mêmes règles que le tabac depuis novembre, il est également interdit de vapoter sur les terrasses. « Je vapotais dans les restos, je fumais sur les terrasses ; on n’en faisait pas assez ? Bientôt, il va falloir fumer au milieu de la rue, sur la ligne jaune », regrette Marie-Claude Béliveau, attablée au Saint-Houblon.

L’Association québécoise des vapoteries conteste en Cour supérieure les restrictions imposées à la cigarette électronique. « Nous trouvons ridicule qu’elle soit considérée comme un produit du tabac et que les ex-fumeurs qui vapotent soient pénalisés », indique Valérie Gallant, présidente de l’association.

« On envoie le message que la cigarette électronique est nocive, alors que l’objectif est d’aider les gens à cesser de fumer. »

— Valérie Gallant

PAS DE FUMÉE EN VOITURE

Plusieurs organisations de santé publique se réjouissent de cette loi renforcée. « Ces mesures étaient attendues depuis longtemps. Les plus récentes données montrent que de nombreux Québécois étaient encore exposés à la fumée secondaire et les différents degrés de permissivité des lois existantes lançaient des messages contradictoires aux jeunes à l’égard de la dangerosité du tabagisme », a indiqué par communiqué Flory Doucas, porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.

Les nouvelles mesures, qui visent plus large que les terrasses, protègent davantage les enfants de la fumée secondaire, notamment en interdisant le tabac en voiture. Selon la campagne Famille sans fumée, la concentration de particules de fumée secondaire peut être 27 fois plus élevée en voiture que dans une maison de fumeurs.

« Les parents et les jeunes pensent à tort que la fumée de tabac se dissipe rapidement lorsqu’on roule les fenêtres baissées, a déclaré Dominique Massie, directrice générale de l’Association pulmonaire du Québec. Avec quelque 90 000 jeunes de 12 à 19 ans exposés presque quotidiennement à la fumée de tabac en voiture, il était grand temps que le législateur intervienne. Le Québec était la seule province n’ayant pas encore adopté une telle mesure. »

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