Action Réfugiés Montréal

Tendre la main aux nouveaux arrivants

Pause vous présente pendant cinq semaines différents organismes communautaires qui, à leur façon, contribuent à créer un monde plus ouvert, plus juste et plus inclusif.

Fouler le sol de sa nouvelle terre d’accueil sans argent, sans parler la langue et dans le but d’y refaire sa vie, il s’agit d’une épreuve où la meilleure aide que l’on puisse espérer est la compassion et la générosité des gens qui se retrouveront sur sa route. Action Réfugiés Montréal est un de ces organismes qui accompagnent les nouveaux arrivants.

L’organisme sans but lucratif a été fondé en 1994. La mission que s’est donnée Action Réfugiés Montréal est d’offrir une aide aux demandeurs d’asile et aux réfugiés. Ses actions s’inspirent de l’article 14 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays. »

Depuis sa création, au début des années 90, la petite équipe a contribué au parrainage de plus de 2000 réfugiés provenant de l’Afghanistan, du Rwanda, du Burundi, du Pakistan, de la République démocratique du Congo, de l’Irak, de l’Érythrée et, depuis 2013, de la Syrie.

Compassion et justice

L’organisme gère un programme de parrainage, un programme de jumelage et un programme d’aide en détention. Pour ce dernier, Action Réfugiés Montréal offre une aide précieuse aux demandeurs qui sont détenus au Centre de surveillance de l’immigration à Laval, qui accueille, entre autres, des migrants qui traversent à pied la frontière américaine. L’organisme leur fournit des informations juridiques, du soutien affectif et d’autres formes d’assistance directe. « Parmi les gens qui demandent l’asile, un certain nombre sont détenus pour des raisons d’immigration, souvent pour une question d’identité », explique Paul Clarke, directeur général de l’organisme. Chaque semaine, des membres de l’équipe d’Action Réfugiés rencontrent les détenus et contribuent à faciliter le processus de demande d’asile.

En matière de développement de l’organisation, l’énoncé de vision est « compassion et justice pour les réfugiés ». Pour M. Clarke, en poste depuis 2013, il ne fait aucun doute que la population est sensible à la réalité des réfugiés accueillis au Canada. 

« Depuis quelques années, les gens sont plus conscients de ce que vivent les réfugiés, et les gens à Montréal sont définitivement prêts à les accueillir. »

— Paul Clarke, directeur général d’Action Réfugiés Montréal

« Par exemple, en décembre dernier, on recevait des appels pour nous demander si nous connaissions des gens seuls, dans le but de les inviter pendant la période des Fêtes. La population fait preuve de compassion envers les réfugiés », assure-t-il.

Avec ou sans parrainage

Au Canada, il y a les réfugiés parrainés par l’État et ceux parrainés par le privé. Dans les deux cas, ils entrent au pays avec leur famille et sont accompagnés par le gouvernement pour faciliter leur arrivée. Puis il y a aussi les demandeurs d’asile. « Avec de plus en plus de passages par la frontière, on en parle davantage. Ce sont souvent des gens qui ont laissé les membres de la famille derrière, ils arrivent seuls. Ils ont peu de soutien. C’est un groupe très vulnérable face aux défis de s’établir au pays », précise Paul Clarke. Pour eux, le processus est plus complexe que lorsqu’il y a parrainage. Ils sont souvent détenus, ils doivent trouver un avocat, préparer leur audience qui déterminera leur statut de réfugié, faire une demande de permis de travail, faire une demande pour être résidents permanents, etc.

L’aide offerte par l’organisme montréalais est vaste ; néanmoins, ce sont parfois de petits gestes qui ont le plus d’impact. « Au centre de détention, il y a des téléphones. Les gens peuvent appeler n’importe où… au Canada. Mais pour la plupart des détenus, la famille est outre-mer. Alors ça prend une carte d’appel », explique M. Clarke. 

« Je me souviens d’un homme qui est venu nous remercier au bureau en nous disant que les deux cartes d’appel que nous lui avions données lui avaient permis de gagner sa cause et de sortir du centre de détention. » — Paul Clarke

« Avec deux cartes à 2,50 $, il a pu appeler dans son pays, faire venir les documents dont il avait besoin et bien préparer son audience », poursuit-il.

nouveau pays, nouvelle réalité

Soulignons que bien des gens qui entrent au Canada ne connaissent pas leurs droits, pas plus qu’ils ne comprennent les rouages de la structure administrative et politique. Et dans bien des cas, il faut changer la perception que ces immigrants ont par rapport à l’État, parfois même pour des choses toutes simples. « Il y a des endroits dans le monde où on doit éviter les policiers. Alors qu’ici, il faut passer le message que ça se fait, demander assistance à un policier », illustre Paul Clarke.

Action Réfugiés Montréal ne fait pas cavalier seul. Plusieurs organismes travaillent en collaboration dans le long processus d’immigration au Canada. D’une étape à l’autre, à partir du moment où un réfugié foule le sol canadien pour la première fois, les organismes se relayent pour faciliter le parcours vers une nouvelle vie.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.