Sages-femmes

Un homme chez les sages-femmes

Preuve de sa transformation en continu, la profession accueillera sous peu un homme dans ses rangs. Au printemps 2018, Louis Maltais deviendra le premier Québécois de l’histoire à obtenir un diplôme du baccalauréat en pratique sage-femme de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Entrevue avec un passionné.

Qu’est-ce qui t’allume dans ce métier ?

Ayant été athlète par le passé, j’aime beaucoup me dépasser et explorer les limites du corps et de l’esprit. Et je trouve que l’expérience de la maternité et de l’accouchement est certainement l’une des plus intenses de la vie. Le travail d’une sage-femme est de protéger cette expérience. J’aime l’idée de travailler pour l’autre et j’ai une grande fascination pour la femme.

Comment t’es-tu intéressé à cette profession entièrement féminine ?

Durant une formation en massage pour femmes enceintes, j’ai lu un livre d’Isabelle Brabant, une sage-femme pionnière vraiment inspirante. Elle m’a ébranlé positivement. J’ai alors appris qu’une formation se donnait à l’UQTR et je me suis dit qu’il ne devait pas y avoir de discrimination parce que je suis un homme. Mais sur le site web du programme, par contre, tout était écrit au féminin. Mais en m’informant, on m’a confirmé que les hommes pouvaient être admis. Quand je l’ai été, j’ai su que je serais le premier au Québec, mais il y en a plusieurs en Europe.

Étais-tu conscient que ça provoquerait des réactions ?

J’appréhendais certains préjugés, que j’ai d’ailleurs observés sur les médias sociaux, mais de façon négligeable. On disait que je devais assurément être gai ou que je voulais être le premier juste pour avoir de l’attention. Et dans le monde réel, j’ai surtout été confronté à des questions sur le métier et des confidences sur la grossesse et l’accouchement. Certaines personnes ont une haine profonde envers notre métier et croient qu’on ne devrait pas exister. Souvent en raison de croyances non fondées.

Comment se sont passés tes premiers stages à Montréal et dans le Bas-Saint-Laurent ?

J’ai senti tellement d’ouverture de la part des femmes ! À trois reprises, un conjoint a refusé que je m’occupe de sa conjointe, sans m’avoir rencontré. Ce qui est totalement leur droit. Ils n’étaient pas à l’aise. Et comme les gynécologues sont majoritairement des femmes de nos jours, la clientèle préfère souvent être suivie par une femme. Mais concrètement, les gens font abstraction du fait que je suis un gars. Une relation s’installe entre nous et on évolue ensemble. J’essaie peut-être de faire bonne impression et d’être particulièrement dévoué pour leur faire comprendre que je peux faire le travail, mais ça me fait plaisir. Ce n’est pas un effort. Je me sens dans mon élément.

Pourquoi te feras-tu appeler « sage-femme » et non « sage-homme » ?

Le mot « femme » fait référence à la femme enceinte et nous travaillons pour elle. Je serai donc un homme sage-femme ou simplement une sage-femme. C’est une façon pour moi de dire que je suis comme les autres.

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