PME Innovation 

Un médecin « hyperprésent »

Entre ses rondes comme médecin aux soins intensifs, Yanick Beaulieu a déjà eu le temps de fonder deux entreprises. La seconde a connu son envol hier soir, avec le lancement public de son produit, Reacts, un ambitieux logiciel axé sur la communication et le travail collaboratif.

Son débit ne trompe pas : le Dr Beaulieu est un hyperactif, tant dans la parole que dans les actes. Une spécialité en cardiologie n’était pas suffisante, il fallait en ajouter une deuxième comme intensiviste. Créer et revendre une première entreprise à CAE n’était pas suffisant, il fallait recommencer l’aventure une deuxième fois.

Sa première entreprise, qui faisait de la formation médicale pour une technique particulière, l’avait mené à sillonner l’Amérique du Nord pour tenir la main, parfois littéralement, de médecins qui souhaitaient apprendre cette technique.

« Les docteurs veulent pratiquer, ils veulent qu’on leur tienne la main », a-t-il alors constaté.

L’horaire de fou qui en découlait a fini par lui faire ouvrir les yeux sur l’absence d’une technologie qui pourrait éviter tous ces déplacements. Certes, des logiciels comme Skype ou WebEx couvraient certains besoins, mais pas l’ensemble.

« J’ai cherché partout un logiciel qui ferait tout ce que je voulais, ça n’existait pas. Alors, je me suis dit que j’allais le faire. Je me suis assis et j’ai fait un plan de 150 pages avec ma liste de souhaits… »

— Yanick Beaulieu, fondateur de Technologies innovatrices d’imagerie, l’entreprise derrière Reacts

Un projet ambitieux, donc, mais au résultat étonnant, comme a pu le constater La Presse lors d’une démonstration.

Reacts ne se limite pas à la vidéoconférence traditionnelle. Il permet d’abord à chacun des participants de partager plusieurs caméras. Dans un contexte de formation médicale, une caméra peut filmer le visage du formateur pendant qu’une autre filme ses mains en action, par exemple. Le nombre de caméras que l’on peut ainsi partager est restreint par les capacités techniques des ordinateurs et de la connexion internet impliqués, pas par le logiciel.

Le système permet aussi le partage d’écrans et l’échange de fichiers. Un médecin formateur peut même utiliser l’incrustation couleur pour superposer ses mains sur le signal vidéo d’un autre médecin en train de pratiquer une opération en temps réel, question de lui indiquer précisément comment il doit procéder, par exemple.

C’est ce que son créateur a baptisé « l’hyperprésence », en référence à la téléprésence.

Le tout s’effectue par le biais de communications cryptées et de serveurs situés au Canada, ce qui devrait répondre aux exigences de confidentialité du domaine de la santé, estime M. Beaulieu.

D’ABORD LA SANTÉ

Le système de santé n’est pas le seul domaine où la technologie de Reacts peut être utile, mais naturellement, c’est celui vers lequel le Dr Beaulieu s’est tourné.

« Il y a un besoin criant de ce côté-là, note-t-il. Présentement, les médecins s’échangent de l’information par le biais de leur téléphone cellulaire. Tu verrais mon téléphone, il est plein de photos de pieds pourris, etc. Techniquement, ça ne devrait pas se faire, pour des questions de confidentialité, mais ça se fait partout parce qu’il n’y a pas d’autre solution. »

Reacts peut être utilisé sur n’importe quel ordinateur Windows sur lequel le logiciel est installé. Une version Android existe déjà, et une autre pour iOS devrait être prête bientôt. On peut aussi s’en servir sur une multitude d’autres appareils par le biais d’une interface Web.

L’un des objectifs de Technologies innovatrices d’imagerie (TII), l’entreprise derrière Reacts, est de convaincre le ministère de la Santé de permettre aux médecins de « prescrire » Reacts à certains de leurs patients, qu’ils pourraient ensuite consulter à distance. Le coût d’une licence du logiciel a été fixé à 84 $ par an.

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