étude

Plus il neige, plus vous risquez de mourir d’un infarctus, messieurs

Le tabac, l’alcool, les problèmes de surpoids et l’âge ne sont pas les seuls facteurs de risque d’infarctus. Une nouvelle étude réalisée par une équipe du CHUM conclut que le nombre d’infarctus du myocarde (IDM) augmente les jours de tempête de neige. L’activité mise en cause : le pelletage.

Plus il neige, plus le risque d’avoir un infarctus augmente. Les lendemains de tempête ne sont pas de bon augure pour les hommes. Le risque de mourir d’un infarctus augmente pour eux de 34 % les jours de grandes précipitations de neige, selon une étude publiée hier dans le Journal de l’Association médicale canadienne.

« L’action de pelleter la neige est en cause », selon l’auteure principale de l’étude, la Dre Nathalie Auger, spécialisée dans les questions de santé environnementale. Ce risque accru a été constaté uniquement chez les hommes. « Soit les hommes pellettent plus ou les femmes le font d’une façon plus sécuritaire, en forçant moins, on ne le sait pas exactement », a indiqué la chercheuse du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

L’équipe de la Dre Auger a croisé deux bases de données sur une période de 33 ans : les accumulations de neige et la durée d’une tempête d’une part, et le nombre d’admissions dans les hôpitaux du Québec à la suite d’un infarctus de l’autre. Résultat : le jour suivant une tempête de 20 cm de neige, le risque d’avoir un infarctus augmente de 16 à 34 %.

Les chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, de l’École de santé publique de l’UdeM et du British Columbia Centre for Disease Control ont recoupé les données météorologiques avec les quelque 200 000 personnes qui ont été admises dans un hôpital québécois à la suite d’un infarctus entre 1981 et 2014.

« On a toujours soupçonné qu’il y avait un lien entre l’action de pelleter la neige et le risque d’infarctus, mais il n’y avait aucune étude sur le sujet, a indiqué Nathalie Auger. C’est la première fois qu’on quantifie ce risque. »

« On savait déjà que les jours de canicule, le risque était élevé. Maintenant, on sait que lorsqu’il neige, le risque est plus élevé. »

— La Dre Nathalie Auger

Le cardiologue Martin Juneau, qui est aussi le directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal, n’est pas étonné par les conclusions de cette étude.

« Les jours de tempête, on voit les patients arriver à l’hôpital avec leur pelle dans les mains ! », lance-t-il à la blague. « Ce qu’on sait, nous dit-il plus sérieusement, c’est que 10 % des infarctus sont précédés d’un effort intense. Et que dans la majorité des cas, ils touchent des personnes qui sont sédentaires. »

La clé : prendre son temps

Selon le Dr Juneau, la fréquence cardiaque maximale d’un homme de 40 ans est d’environ 180 battements par minute. Pour un homme de 60 ans, sa fréquence maximale est de 160 battements.

« En général, c’est en se levant pour aller travailler que les gens vont pelleter. Ils voient qu’il y a un pied de neige dans l’entrée, ils s’énervent, ils font vite. En une minute, ça fait monter la fréquence cardiaque au maximum. Un homme de 40 ans va monter sa fréquence à 180. En même pas une minute, il est rendu là et il garde son cœur à ce niveau-là pendant 10, 15 minutes. S’il a les artères un peu bloquées au niveau du cœur, paf ! C’est là que ça arrive. »

Morale de l’histoire : les hommes doivent apprendre à être moins pressés les jours de tempête, nous dit le Dr Juneau. « Il n’y a pas que le pelletage de la neige qui est dangereux, précise-t-il. N’importe quel effort très intense chez quelqu’un qui n’est pas entraîné sera dangereux. On voit beaucoup de cas semblables dans les ligues de garage de hockey sur glace. »

Maintenant que ce facteur de risque a été clairement établi, la Dre Nathalie Auger aimerait mesurer l’effet des stress météorologiques sur les accidents vasculaires cérébraux (AVC).

— Avec la collaboration de Catherine Handfield, La Presse

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