Stratégies

Mobi724, la fintech montréalaise qui veut aider les banques

L’entreprise de nouvelles technologies financières (fintech) montréalaise Mobi724 se positionne pour aider les banques à améliorer leur efficacité, à se rapprocher de leur clientèle et même à générer des revenus additionnels. Son PDG pense avoir niché l’entreprise du Plateau Mont-Royal dans un créneau qui fera exploser ses revenus au cours des trois prochaines années.

La technologie financière de paiement intelligent (c’est-à-dire un paiement à valeur ajoutée qui va au-delà de l’autorisation du paiement) lie des offres de récompenses à des cartes de paiement (débit ou crédit), ce qui permet l’utilisation de coupons directement en magasin.

« J’ai voulu développer ce que je considère être la prochaine génération de solutions dans notre domaine, dit le PDG de la société, Marcel Vienneau. Ça fait 25 ans que le modèle d’affaires n’a pas évolué de façon importante. Et ça coûte aux banques des millions par année pour opérer des catalogues de récompenses. »

Il cite en exemple une personne qui a 25 000 points accumulés sur une carte et qui souhaite les dépenser chez Best Buy, par exemple. « Cette personne consulte un catalogue de récompenses, fait son choix, les points sont débités, et elle reçoit ensuite une carte cadeau chez elle. »

Pour faire cette transaction, il en coûte entre 7 $ et 14 $ par transaction aux banques en frais de logistique, soutient Marcel Vienneau.

« Une fois que le client aura effectué son achat chez Best Buy, la banque ne saura jamais de quelle manière le client a payé la balance de sa transaction après avoir utilisé sa carte cadeau. »

— Marcel Vienneau

Avec la solution proposée par Mobi724, la récompense est directement attachée à la carte de crédit de l’institution financière. « Le client peut sélectionner sa récompense en temps réel dans le magasin. Une fois à la caisse, il paye avec la carte de sa banque, et étant donné qu’on peut savoir où le client se trouve, il est possible de lui faire une offre croisée. Ça peut par exemple être un rabais pour l’inciter à utiliser sa carte de crédit chez un autre marchand à proximité », dit Marcel Vienneau.

« On transforme un modèle qui repose sur une grosse structure de coûts en une structure de revenus additionnels pour la banque. Et la carte qui permet d’accumuler des points est la carte utilisée lorsque les points sont dépensés. »

50 millions en 2020

Mobi724, dont le marché est mondial, a publié la semaine dernière ses états financiers de 2016. Le chiffre d’affaires a bondi de 610 %, à un peu moins de 3 millions, au cours de la dernière année. Il s’était élevé à 437 000 $ en 2015.

« On vise d’au moins doubler notre chiffre d’affaires en 2017. Et on s’attend à une croissance de plus de 100 % pour les prochaines années », dit le PDG.

Marcel Vienneau affirme que la barre des 50 millions de revenus est réaliste pour la fin de l’exercice 2020.

L’entreprise n’est cependant toujours pas rentable et a creusé ses pertes de 233 % à 4,9 millions en 2016.

« On a pour objectif de dégager un bénéfice brut en 2018. »

— Marcel Vienneau

Pour l’aider à stabiliser sa situation financière, Mobi724 – dont les chiffres 7-2-4 sont un clin d’œil à un fonctionnement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 – a terminé à la fin d’avril un financement d’un peu plus de 10 millions auquel ont participé des actionnaires comme Fidelity et la Société financière Walter, une firme privée d’investissement de Westmount. L’argent récolté servira pour l’essentiel à bonifier la force de vente.

Deux des dix millions de l’entente de financement serviront à une acquisition réalisée il y a un an, explique Marcel Vienneau en faisant référence à l’achat de la montréalaise IQ724 à l’hiver 2015.

D’autres acquisitions sont à prévoir et elles auront un rôle à jouer pour aider Mobi724 à atteindre son ambitieux objectif de croissance des prochaines années. « On a commencé à identifier des cibles dans différents pays », dit Marcel Vienneau.

Migration boursière à l’étude

Les actions de Mobi724 sont inscrites en Bourse depuis cinq ans. Le titre s’échange à la Bourse des valeurs canadiennes (CSE) et, depuis la semaine dernière, sur la plateforme américaine de négociations OTCQB.

La Bourse de Toronto est toutefois dans la ligne de mire des dirigeants.

« On évalue une migration vers le TSX ou la Bourse de croissance du TSX. Une décision sera prise dans les prochaines semaines », soutient Marcel Vienneau.

Une visibilité accrue pourrait attirer un plus grand nombre d’investisseurs, bonifier la liquidité du titre et possiblement permettre à l’action d’obtenir une meilleure valeur pour être utilisée, entre autres, comme monnaie d’échange pour d’éventuelles acquisitions.

« L’an passé, on avait une capitalisation boursière de 3 millions à un certain moment et cette valeur a monté à plus de 25 millions cette année. Le marché commence à répondre plus favorablement. »

Mobi724 en bref

Activités : fintech spécialisée dans le paiement intelligent

PDG : Marcel Vienneau

Siège social : Montréal

Principaux actionnaires : Marcel Vienneau (15 %) et Fidelity (13 %)

Ventes de 2016 : 3 millions

Perte nette en 2016 : 5 millions

Employés : 40, dont 25 à Montréal

Forces

– L’expérience et la connaissance du marché. Le PDG de la société compte plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie de la fidélisation et plus de 10 ans d’expérience dans les modèles de paiement basés sur les transactions.

– Le fait que l’entreprise soit inscrite en Bourse. Les clients, comme les banques étrangères, peuvent plus facilement accéder à des informations et vérifier la crédibilité de l’entreprise.

Faiblesses

– Fragilité financière (bien que la situation s’améliore, le chiffre d’affaires demeure modeste et les activités sont déficitaires).

– Force de vente insuffisante pour faire connaître et populariser les solutions de l’entreprise.

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