L’équipe masculine vue par le sélectionneur Kevin Field

Kevin Field, sélectionneur de l’équipe masculine, présente les trois coureurs qui représenteront le Canada à la course sur route des Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Jacques Landry sera le directeur sportif pour la course.

Le capitaine

« On lui a donné le rôle de capitaine en raison de son expérience. Il a seulement 25 ans, mais il en est à sa sixième année professionnelle. J’ai confiance en sa capacité à prendre les bonnes décisions pour les gars durant la course. Au Canada anglais, on suit beaucoup les équipes comme Sky ou celles du nord de l’Europe. La course olympique de Rio tournera plutôt autour des grimpeurs et des pays latins comme l’Italie, l’Espagne, la France ou la Colombie. Hugo évolue dans la même équipe que Romain Bardet, Alexis Vuillermoz, Domenico Pozzovivo. Il est plus proche des coureurs du World Tour qui seront les favoris pour la course. Il est le mieux placé dans notre équipe pour comprendre ce à quoi peuvent penser les autres pays et les autres coureurs. Il est très réfléchi et méthodique. Le rôle de capitaine lui va à la perfection. »

La salle des machines

« Antoine est notre athlète le plus fort et le plus complet à l’heure actuelle. Il n’a que 24 ans et il est encore en transition. C’est donc facile d’oublier toute la maturité qu’il a gagnée au cours des deux dernières années sur le World Tour. Je l’ai constaté l’an dernier quand il est sorti de la Vuelta pour participer aux Championnats du monde. J’étais nerveux : c’était son premier grand tour et il pouvait être très fatigué. Finalement, il était dans une forme splendide. J’ai eu plusieurs discussions avec son entraîneur Pierre Hutsebaut dans les derniers mois et je savais qu’il bénéficierait beaucoup de sa première expérience au Tour de France. Pour Rio, Antoine aura le rôle clé de surveiller les échappées potentiellement dangereuses et de s’assurer que les gars restent ensemble. Si lui et Mike [Woods] se retrouvent en tête, il a les capacités pour faire durer le coup toute la journée. »

Le leader

« Mike est un négligé au même titre que le Canada. Mais il est un grimpeur très spécial. Même s’il n’est qu’un débutant sur le World Tour, il a démontré qu’il pouvait grimper avec les meilleurs du monde. Il l’a prouvé dès sa première course en Australie (5e au Tour Down Under) et ensuite à la Flèche wallonne (12e). À la Clásica San Sebastián, la semaine dernière en Espagne, il a fait une course plus contrôlée. Il voulait seulement tester ses jambes sur le Jaizkibel, une grosse montée dont le profil est très similaire à celui du Chinesa à Rio. Personne ne peut prédire le résultat d’une course comme ça. Mais sur papier, le scénario le plus probable est que les meilleurs coureurs des grandes nations vont tout écraser dans la dernière montée et ramener ce qui pourrait rester d’une échappée. Tu dois donc être en mesure de grimper avec les meilleurs. Pour nous, c’est Mike. Il peut le faire. »

Des Champs-Élysées à Copacabana

L’un est membre de l’équipe professionnelle Direct Energie et vient de terminer son premier Tour de France. L’autre fait partie d’AG2R La Mondiale et a disputé son deuxième Tour d’Italie au printemps. En ce premier jour de compétition aux Jeux olympiques de Rio, les grands amis Antoine Duchesne et Hugo Houle défendront avec Mike Woods les couleurs de l’équipe canadienne. 

RIO DE JANEIRO — Moins de deux semaines après son arrivée sur les Champs-Élysées à la fin de son premier Tour de France, Antoine Duchesne réalisera un autre fait d’armes, ce matin, en s’élançant pour la course sur route des Jeux olympiques de Rio tout près de la plage de Copacabana.

Encore mieux, l’athlète de 24 ans vivra ce moment grandiose avec son ami Hugo Houle. Les deux cyclistes professionnels ont troqué leur maison dans le sud de la France contre un appartement dans le village olympique de Barra da Tijuca, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest du centre-ville. Ils le partagent avec leur coéquipier Michael Woods et le cycliste sur piste Hugo Barrette.

Jusqu’ici, ils en ont plein la vue. « Tantôt, je me demandais pourquoi il y avait un rassemblement de 350 personnes autour d’un terrain de tennis, a raconté Duchesne. C’était Novak Djokovic qui s’entraînait. Au village, il y a de tout : des piscines, une piste cyclable de 3 km pour faire le tour. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais c’est vraiment pété. C’est comme une miniville qui réunit tous les pays. C’est cool de se mélanger aux autres sports, aux autres couleurs, aux autres langues. »

À la cafétéria, ils découvrent des athlètes aux morphologies étonnantes, comme ce Chinois de « sept pieds six » dont Houle se demande comment il fait pour dormir dans un si petit lit.

L’entrevue avec les deux cyclistes canadiens devait se dérouler devant un espresso sur la place centrale du village olympique. Mais en cette journée de haute tension autour de la cérémonie d’ouverture, les journalistes étaient interdits d’entrée. Même à 3 km de distance, il a donc fallu se rabattre sur le téléphone.

Couché sur la table de massage, Houle manquait de superlatifs pour décrire le parcours auquel ils se mesureront aujourd’hui, le plus sélectif à des JO de récente mémoire. 

« C’est vraiment un parcours complet, difficile, qui se prête aux grimpeurs. Avec 5000 m de dénivelé, la journée va être assez longue. Il faudra être vraiment costaud pour exceller. »

— Hugo Houle

En Woods, le Canada croit détenir une carte cachée en vue de cette épreuve de 237,5 km qu’on prévoit très ouverte et compliquée à contrôler pour les grandes nations, limitées à cinq partants (contre neuf aux Championnats du monde). Ancien coureur de 1500 m de fort niveau, l’Ontarien de 29 ans s’est converti au cyclisme sur le tard après une blessure récurrente à un pied. Ses capacités physiologiques sont phénoménales.

À sa première saison sur le circuit World Tour, il a déjà enregistré des résultats probants (5e au Tour Down Under, 12e à la Flèche wallonne). Le problème, outre son inexpérience : il tombe souvent. À Liège-Bastogne-Liège, il s’est fracturé trois os d’une main. Deux mois plus tard, il se préparait à disputer le Tour de France quand une autre chute, cette fois-ci lors d’une simple navette entre deux endroits, lui a fait perdre quelques dents.

Pleinement remis, Woods bénéficiera du soutien complet et total de ses deux coéquipiers québécois à Rio. « On a vraiment confiance en Mike, a indiqué Duchesne. Il dit qu’il a de super sensations et pense pouvoir suivre les meilleurs. Hugo et moi, on fera ce qu’on est habitués de faire : tout pour le garder en confiance, bien le positionner et l’aider à économiser le plus d’énergie pour le final. »

Houle, qui s’alignera aussi au contre-la-montre de mercredi, espère être à ses côtés jusqu’à l’avant-dernière ascension de la Vista Chinesa. « L’équipe a un bel esprit, c’est ce qui fera notre force », a-t-il prédit.

Course sur route, 8 h 30

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.