Santé mentale

Un psychopathe peut éprouver de l’empathie, mais s’en moque

La croyance populaire veut qu’un psychopathe soit incapable de percevoir le point de vue d’une autre personne. Ce qui implique, entre autres choses, d’être incapable d’empathie. Or, ce n’est pas tout à fait exact. Il peut penser aux autres, mais ça ne se fait pas automatiquement chez lui. Si les psychologues en sont venus progressivement à cette conclusion, c’est parce qu’ils ont constaté qu’un psychopathe n’a aucune difficulté à comprendre ce que pensent les autres, ou ce qu’ils veulent. Pour Arielle Baskin-Sommers et ses collègues de l’Université Yale, qui ont passé des années à interroger 106 psychopathes dans des prisons américaines, ces gens (tous des hommes) peuvent se mettre dans la tête d’une autre personne, mais ils ne font pas cet « effort ». Ce changement de perspective pourrait-il conduire à de nouveaux traitements pour les psychopathes ? On n’en est pas là. En fait, expliquent les chercheurs, ces constats n’expliquent pas pourquoi quelqu’un devient psychopathe.

— Agence Science-Presse

Adolescence

Le sucre, ennemi numéro un de la peau

De 80 à 95 % des adolescents ont des boutons d’acné. Si l’on sait que les hormones en sont les grandes responsables, on cherche depuis toujours à jeter une partie du blâme sur l’alimentation. Les ados accusent le chocolat, la restauration rapide et les boissons gazeuses. Mais qu’en est-il vraiment ?

« On a de plus en plus de preuves scientifiques solides que l’alimentation influence l’apparition et la gravité des lésions d’acné, confirme Catherine McCuaig, dermatologue et professeure de clinique au service de dermatologie de la faculté de médecine de l’Université de Montréal. Mais ce ne sont pas tous les aliments qui affectent l’acné, et pas chez tout le monde. »

Selon la plupart des études scientifiques, le sucre est l’ennemi numéro un de la peau. Mauvaise nouvelle, car le sucre, connu sous le nom de glucides en langage alimentaire, se cache partout – ou presque – dans la nourriture occidentale.

Gare aux aliments trop riches en glucides

C’est une étude du professeur Loren Cordain, en 2002, souvent citée depuis, qui a relancé l’intérêt de la communauté scientifique pour les conséquences possibles de l’alimentation sur l’acné. Le chercheur américain, qui avait observé l’absence d’acné chez des populations non occidentalisées de Papouasie–Nouvelle-Guinée et du Paraguay, a comparé leurs habitudes alimentaires avec celles des Occidentaux. La différence majeure ? L’apport très élevé en glucides de l’alimentation occidentale, que l’on retrouve dans les produits transformés : céréales sucrées, pâtisseries, pain blanc, biscuits, boissons sucrées, pâtes alimentaires… Le sucre s’est alors retrouvé dans la ligne de mire des chercheurs, partout dans le monde.

Certains ont par exemple comparé des habitants de régions rurales non industrialisées avec des citadins. Résultats : les premiers seraient effectivement préservés de l’acné grâce à leur alimentation faible en glucides.

Selon un article paru en 2010 sur le site Skin Therapy Letter, tenu par des dermatologues à l’intention de leurs collègues, les populations qui changent leur alimentation locale pour de la nourriture dite occidentale voient apparaître des problèmes d’acné.

Ce fut le cas notamment chez les Inuits du Canada lorsqu’ils ont augmenté leur consommation de boissons gazeuses, de bœuf, de produits laitiers et de nourriture industrialisée.

L’explication ? Des chercheurs américains ont démontré dans une revue de littérature en 2009 qu’une alimentation riche en glucides exige du pancréas qu’il fournisse plus d’insuline pour maintenir un taux de sucre idéal dans le sang, ce qui fait aussi augmenter la production de l’hormone IGF-1. Un haut niveau de cette hormone dérègle les glandes sébacées (à la base de chaque poil) qui deviennent enflammées et sécrètent du sébum en excès. Les pores de la peau se bouchent et les boutons d’acné apparaissent.

Les chercheurs ont alors voulu savoir ce qui se passait chez les gens qui diminuaient leur consommation de glucides. Une enquête américaine de 2014 cite notamment une expérience qui a montré une amélioration nette de l’acné chez des Australiens ayant consommé des aliments faibles en glucides pendant 12 semaines.

Pour le moment, les données scientifiques ne précisent pas combien de temps met la peau à réagir à un aliment ou à un changement d’alimentation. Manger de temps en temps des denrées riches en glucides ne causerait pas de l’acné ; le problème proviendrait d’une surconsommation, estime la professeure McCuaig. « Chez certaines personnes, l’effet se fera sentir après quelques jours, chez d’autres, après quelques semaines, on ne sait pas encore vraiment. »

Qu’en est-il du lait ?

Quoique faible en sucre, le lait consommé en grande quantité serait associé à l’acné, suggèrent de nombreuses études. Une enquête américaine de 2016 et une thèse de doctorat réalisée en France la même année présentent quelques travaux qui incriminent le lait. Certaines molécules retrouvées dans le lait, principalement l’IGF-1 et l’insuline, influenceraient la production de sébum et l’apparition de boutons.

Cependant, selon des chercheurs polonais, il n’y a pas de données claires et précises qui démontrent un lien significatif entre la consommation de produits laitiers et l’acné. La plupart des travaux menés sur le sujet sont des études d’observation qui établissent un lien sans nécessairement prouver un rapport de causalité.

« Le lien entre le lait et l’acné n’est pas aussi fort qu’avec les glucides. Mais on ne peut pas l’écarter. »

— Catherine McCuaig, professeure

« D’un autre côté, il ne faut surtout pas bannir les produits laitiers, qui sont essentiels, notamment pour la croissance des os. Si on pense que le lait influence notre acné, il faut plutôt revoir la quantité de lait qu’on ingère. »

« Les gens souffrant d’acné, surtout de modérée à sévère, ne guériront pas en modifiant seulement leur alimentation. Ils devront suivre des traitements médicaux », prévient la dermatologue. Elle insiste :  il ne faut surtout pas bannir des aliments comme les produits laitiers et les bons sucres (fruits, céréales entières), qui sont essentiels au fonctionnement de l’organisme humain. Elle suggère plutôt de privilégier une alimentation équilibrée faible en glucides – ce qui, par ailleurs, est recommandé pour tous.

Rectificatif

Cuisiner yoga

Dans l’article « Cuisiner yoga » publié le 15 mars, on faisait mention dans une citation de « poulet shooté aux hormones ». Toutefois, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a interdit l’utilisation d’hormones dans la production de poulet en 1963. Nos excuses.

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