Portfolio Financement d’entreprise

Grosse commande pour les petites entreprises

Vous cherchez du financement, car vous avez un projet d’expansion ou vous songez à miser sur l’innovation pour assurer la croissance de votre entreprise. Sachez qu’il y a beaucoup d’argent disponible au Québec. Mais pour avoir droit à une part du gâteau, vous devrez investir temps et argent. Surtout si vous êtes une très petite entreprise.

Au Québec, ceux et celles qui accordent des prêts aux PME sont, grosso modo : les institutions financières, les fonds de capital de risque et autres fonds de travailleurs, les gouvernements, la Caisse de dépôt et placement, l’appel à l’épargne et, depuis peu, le sociofinancement.

Toutes ces entités injectent des milliards dans l’économie de la Belle Province. Mais ce n’est pas tout le monde qui en profite. Surtout pas les entreprises de moins de cinq employés, lesquelles représentent plus de 50 % des PME au Québec.

Selon une étude de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), le taux de refus d’un prêt n’est que de 3,7 % lorsqu’une PME compte entre 50 et 499 employés. Dans les entreprises de 5 à 49 employés, il grimpe à 12,6 %. Quant aux PME de moins de cinq employés, le taux de prêt refusé culmine à 22 %.

« On note également que les petites entreprises qui obtiennent un prêt vont toujours payer plus d’intérêt. À tout le moins, la marge à payer par rapport au taux préférentiel sera plus importante. »

— Martine Hébert, vice-présidente principale à la FCEI

Les annonces d’aide financière récemment faites par le gouvernement, notamment en matière d’exportation, n’aident en rien les petites entreprises, constate Mme Hébert.

« Ce sont pour les gros projets, déplore-t-elle. Plus de 80 % de nos membres qui sont à la tête d’une petite entreprise ont indiqué, dans un récent sondage, ne jamais demander d’aide au gouvernement. Pour eux, c’est une perte de temps et d’argent. Ce qu’ils veulent : moins d’aide financière aux entreprises, mais davantage d’allégements fiscaux. »

Depuis toujours, les demandes de financement en restauration et en hébergement de même que dans le secteur des entreprises de services personnels n’ont pas la cote auprès des prêteurs. A contrario, l’agriculture, les technologies (propres, de l’information, etc.) ainsi que le secteur de la fabrication sont les domaines où les prêts aux entreprises sont monnaie courante.

La relation que vous aurez avec votre partenaire financier fera foi de tout. « Il doit absolument y avoir le bon “fit” », recommande Jack Chadirdjian, président de Réseau Capital, une association regroupant les plus importants fonds de capital de risque du Québec.

Le capital de risque (CR) permet à des investisseurs de devenir actionnaires de jeunes entreprises technologiques privées (petites ou non) à fort potentiel de croissance et axées sur l’innovation. L’investissement est cependant très élevé, car bien souvent les PME qui reçoivent de l’aide n’ont pas de produits commercialisables sur-le-champ.

Selon Jean-Nicholas Dupéré, consultant en financement et associé à Avenue Finance, le secteur de l’innovation est certes l’un des plus difficiles pour trouver du financement. Sa recommandation : le Programme d’innovation construire au Canada (PICC).

« C’est le plus beau programme en innovation au Canada, dit-il. Ça permet de faire ses premières ventes auprès d’un client comme les ministères fédéraux. Ça amène beaucoup de crédibilité à une jeune PME. Pourtant, peu d’entreprises connaissent ce programme. »

Peu importe la taille de votre entreprise, attendez-vous à déployer beaucoup d’énergie avant de recevoir du financement. En cette ère des technologies de l’information, les documents, rapports et autres avis professionnels exigés ont explosé. « Il faut avoir un doctorat en paperasserie », lance Martine Hébert, de la FCEI.

« Nous sommes en effet à une époque où il faut produire beaucoup de documents. Les exigences pour monter un dossier ont augmenté », explique Brian King, professeur agrégé à HEC Montréal.

Cela dit, M. King ne s’en cache pas : pour trouver du financement, « tout est une question de timing, de chance et de contacts », dit-il. « Il y a toute une industrie de consultants et de professionnels autour du financement des entreprises. Il y a plein de gens prêts à vous aider, mais cela coûte de l’argent. »

Le Québec 2e au Canada

Ontario 1 milliard

Québec 629 millions

Colombie-Britannique 312 millions

Manitoba 82 millions

Nouvelle-Écosse 48 millions

Nouveau-Brunswick 28 millions

Saskatchewan 18 millions

Alberta 16 millions

Terre-Neuve-et-Labrador 5 millions

Île du Prince-Édouard N/D

Capital de risque investi dans des entreprises au Canada durant les trois premiers trimestres de 2016.

Source : Réseau Capital

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