Fumoir Grizzly

Après avoir conquis Listeria, cap sur les États-Unis

Après avoir marqué un grand coup dans le monde de la transformation agroalimentaire par l’entremise d’une innovation scientifique empêchant la prolifération de la bactérie Listeria, Fumoir Grizzly est fin prêt à prendre d’assaut le marché américain.

La PME de Saint-Augustin-de-Desmaures a, rappelons-le, créé ce qu’il est convenu d’appeler un « bio-ingrédient », en partenariat avec l’Université Laval et le centre de recherche gaspésien Merinov. Baptisé « Bac M35 », ce bio-ingrédient protège de façon naturelle le poisson contre la très redoutée bactérie Listeria pendant environ 21 jours.

Cultivé en laboratoire, le Bac M35 est pour l’heure utilisé uniquement sur les produits de Fumoir Grizzly. « Ça n’a aucune incidence sur la santé humaine, car c’est une bactérie naturelle qu’on retrouve déjà dans certains aliments », explique Laura Boivin, présidente et coactionnaire de l’entreprise avec son conjoint.

Marché américain

Au-delà de cette innovation, Fumoir Grizzly doit se concentrer sur sa mission première : acheter du saumon et du thon en vrac, le transformer, l’emballer et le mettre en marché. Depuis cinq ans, les ventes de l’entreprise connaissent une croissance annuelle de 19 %.

Le transformateur met donc les bouchées doubles ces temps-ci pour percer le gigantesque marché américain. Posséder une arme unique comme le Bac M35 lui confère évidemment un avantage concurrentiel.

En février et en mars, Laura Boivin et sa bande n’ont pas manqué de vanter les mérites du Bac M35 en prenant part à trois importantes foires commerciales : à Toronto, à New York et, plus récemment, au Seafood Show de Boston.

« Nous souhaitons augmenter nos ventes aux États-Unis avant tout pour être payés en dollars américains. Ça nous aiderait énormément, car tout ce que nous achetons en matières premières [dont 650 000 kg de saumon par an], nous le payons en argent américain. »

— Laura Boivin, présidente et coactionnaire de l’entreprise

« On veut atteindre un certain équilibre. Ça nous ferait une couverture naturelle et ça nous éviterait d’être victime de fluctuations. On ne peut pas se permettre de refiler la facture aux consommateurs. »

Le marché américain, qui ne représente actuellement que 3 % des ventes de Fumoir Grizzly, pourrait offrir de très beaux lendemains, fait valoir Mme Boivin. « Pour l’instant, explique-t-elle, on y vend nos produits surtout au secteur des HRI [hôtels, restaurants, institutions], mais on discute avec des supermarchés. Un seul hit de notre part parmi les nombreuses chaînes pourrait représenter des milliers de points de vente. »

La PME possède la licence d’utilisation et de commercialisation mondiale du Bac M35 qui, lui, demeure la propriété de l’Université Laval. Elle est en pourparlers avec la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis et avec des organismes européens. « On regarde aussi du côté des entreprises spécialisées en additifs alimentaires. Le potentiel d’utilisation dans d’autres secteurs de la transformation est énorme », affirme Mme Boivin, ex-avocate.

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