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Des camions électriques pour Brault et Martineau

La livraison commerciale est un secteur en pleine expansion pour diverses raisons, mais c’est aussi un des créneaux les plus polluants de l’industrie du transport. Après IKEA, UPS et d’autres encore, c’est au tour de la chaîne de meubles Brault et Martineau de tester les véhicules électriques pour réduire les émissions liées à son service de livraison à domicile.

À partir de juillet, trois camions de livraison électriques fournis par le constructeur lavallois Nordresa seront mis à l’essai par les livreurs de Brault et Martineau dans le Grand Montréal, afin de prouver que non seulement l’électrification de la livraison commerciale est un moyen efficace de réduire les émissions de gaz carbonique, mais que c’est aussi un moyen pour ces livreurs de hausser leurs propres revenus.

« On voulait être les premiers à le faire, alors nous sommes heureux que ce projet se réalise », affirme Pierre Pecquet, vice-président exécutif chez Brault et Martineau, qui a hâte de voir comment ces camions se comporteront dans un contexte où les délais sont serrés et où les livreurs n’ont pas la vie facile. « On y croit beaucoup, mais il faut que ce soit à l’avantage des livreurs également », ajoute-t-il.

Un intérêt financier en prime

En réalité, ce n’est pas Brault et Martineau elle-même qui effectue les livraisons. Elle sous-traite l’opération à la société Ovation Logistique de Sherbrooke, qui fait à son tour confiance à des tiers. Comme ce sont ces derniers qui assument les coûts liés à l’achat et à l’opération des véhicules, les livreurs doivent donc y trouver leur propre intérêt.

Pour s’assurer que ces derniers en tirent un bénéfice financier, en plus de tout le reste, Ovation Logistique et Nordresa ont ébauché des modèles et ont fait des calculs qui indiquent qu’ils en auront pour leur argent. « Selon nos prévisions, le modèle économique est viable », assure Stéphane Gagné, PDG d’Ovation.

« On prévoit que nos livreurs feront des économies significatives qui vaudront l’effort de changer de camion. »

— Stéphane Gagné, PDG d’Ovation

Pour des travailleurs indépendants, l’achat d’un véhicule commercial électrique n’est pas une mince affaire, étant donné que le coût d’acquisition est substantiellement plus élevé que celui d’un véhicule à moteur diesel. En plus, l’aide du gouvernement à l’électrification ne couvre pas ce secteur comme elle le fait du côté des véhicules pour particuliers.

« C’est en combinant le coût d’achat et les coûts d’opération et d’entretien que ça devient avantageux », promet M. Gagné, qui ajoute que son entreprise s’assure aussi d’optimiser les déplacements des livreurs afin de réduire les distances à parcourir. « On s’assure d’optimiser le nombre de kilomètres par livraison. »

Vers un transport commercial plus propre

Ironiquement, la popularité croissante du magasinage en ligne provoque un boom dans la livraison à domicile qui se traduit par une hausse des émissions polluantes liées au transport, en ville, surtout. Le transport de marchandises compte pour 23 % du transport mondial, selon l’Agence environnementale américaine.

C’est pourquoi des géants de la livraison comme les sociétés spécialisées DHL et UPS se sont fixé des objectifs de réduction de leurs émissions qu’ils comptent réaliser en électrifiant une partie de leur parc de véhicules. L’automne dernier, IKEA a également annoncé son intention de mettre en place un service de livraison zéro émission dans cinq grandes villes, dont New York et Paris, d’ici l’an prochain. UPS a elle aussi un objectif de réduire de 20 % ses émissions de CO2 d’ici 2020, par rapport à 2016.

Ovation Logistique ne gère pas l’équivalent des 105 000 camions que possède UPS de par le monde, mais les quelque 250 véhicules qu’elle supervise parcourent tout de même un peu plus de 1 million de kilomètres par an, au total, pour divers clients, dont Brault et Martineau, ainsi que HBC (La Baie). Ça en fait le plus important opérateur de camions de livraison au Canada. Son influence sur l’avenir de ce secteur est majeure.

« Évidemment, on ne peut pas empêcher les gens de consommer, mais on peut réduire notre propre empreinte environnementale », poursuit Stéphane Gagné. « Déjà, on recycle tout le matériel d’emballage et toutes les marchandises retournées qu’on peut recycler. Si on peut prouver qu’électrifier notre parc de véhicules est économiquement viable pour nos livreurs, ce sera l’étape suivante. »

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