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Moment de grâce au stade Saputo

Impact 3

Revolution 2

Quel capharnaüm sportif a marqué la semaine qui vient de s’écouler. Ceux qui pensaient en avoir fini avec le hockey jusqu’en septembre s’étaient mis le doigt dans l’œil. Subban, Weber et Radulov sont venus nous rappeler qu’on n’est jamais bien loin de la glace dans cette ville, même à 30 degrés au-dessus de zéro. 

Mais hier, il y a eu un court moment de grâce. Un court instant de repos durant lequel Montréal a vibré pour un autre sport. Il était environ 17 h 45 quand toute la Petite Italie s’est retrouvée scotchée à un écran pour voir la Squadra Azzura affronter la Mannschaft allemande.

Au même moment, plus de 20 279 spectateurs étaient au stade Saputo pour le match entre l’Impact et le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. C’est vers 17 h 45, donc, que l’Allemand Jonas Hector a enfoncé le penalty donnant la victoire aux siens. L’Italie était éliminée de l’Euro. Sur la Main, dans les cafés du Mile End, le deuil a commencé pour de nombreux amateurs.

Dans Maisonneuve, l’ambiance était tout autre. En l’absence de Laurent Ciman et de Didier Drogba, la foule a assisté au couronnement d’un héros du jour. Le jeune attaquant Michael Salazar, à son premier match de titulaire pour l’Impact, a planté deux buts dans une victoire de 3-2 des Montréalais.

C’était un court moment de grâce loin du boucan du hockey. Un match captivant au possible au cours duquel l’Impact a marqué trois buts en 14 minutes pour combler un déficit de deux buts.

« C’est de loin le plus grand match de ma vie », a dit après la victoire Salazar, 23 ans, humble et généreux, encore un peu sous le choc de l’ovation que la foule venait de lui offrir. 

« On grandit, on est enfants, et on rêve de moments comme ceux-là. »

— Michael Salazar

Le Belizien, sélectionné par l’Impact au dernier SuperDraft, ne savait pas jusqu’à quelques minutes avant le match qu’il serait titularisé. C’est la blessure de Drogba qui lui a ouvert la porte. Drogba, un de ses héros d’enfance, qu’il suit à la semelle lors des entraînements pour grappiller quelque enseignement.

« Sur ses deux buts, j’ai revu un peu de Didier Drogba. Ses deux buts avaient quelque chose du renard des surfaces, a dit Hassoun Camara. C’est un jeune qui vient pour apprendre et travailler. Il ne vient pas ici en demandant un statut. Ça fait du bien. C’est beau à voir. »

Au moment où Camara prononçait ces mots, Salazar s’apprêtait à quitter le vestiaire, un sac à dos rouge sur les épaules digne d’un écolier. Il est venu pour apprendre et, au passage, il a donné la victoire à l’Impact. En voilà un qu’on devrait revoir avant longtemps.

SALAZAR REPREND LE FLAMBEAU

Cette victoire est un baume pour l’Impact, qui n’avait, avant hier, qu’un gain à ses cinq derniers matchs. Le Bleu-blanc-noir occupe ce matin le deuxième rang dans l’Est.

Les choses avaient pourtant mal commencé. À la 18minute, le Revolution a ouvert la marque. Kei Kamara, qui a tant hanté l’Impact sous les couleurs du Crew de Columbus, a débordé Wandrille Lefèvre pour tirer du point de penalty. Un franc-tireur de sa trempe ne manque pas ce genre d’occasion.

Kamara a fait 2-0 pour les siens à la 33minute, avec une tête sur un coup de pied de coin. Pourquoi n’était-il pas marqué à la culotte ? Evan Bush n’y pouvait rien.

En l’absence de Ciman – fraîchement éliminé, avec ses compatriotes belges, à l’Euro – et de Drogba – blessé à une cuisse –, c’est Salazar qui a repris le flambeau.

L’attaquant de seulement 23 ans a répliqué à la 40minute. Un centre montréalais mal redirigé par un défenseur du Revolution s’est retrouvé dans les airs. Salazar, saisissant l’occasion, a fait mouche de la tête.

Huit minutes plus tard, il remettait ça. Sur une passe savante d’Hassoun Camara, Salazar a adroitement amorti le ballon des cuisses, puis a marqué sur le pivot. Une première titularisation, deux buts et 2-2 au tableau.

À la 54minute, le gardien du Revolution, Brad Knighton, a fauché Ignacio Piatti dans la surface. L’arbitre a accordé un penalty, que l’Argentin n’a pas manqué, faisant 3-2 pour l’Impact.

Dans les dix dernières minutes, la défense brinquebalante de l’Impact a eu chaud. Mais les attaquants adverses ont rivalisé de maladresse et les Montréalais ont pu tenir la marque.

« On ne se décourage jamais. On se bat jusqu’à la fin. On l’a démontré plusieurs fois cette saison. Je suis fier de mes joueurs », a dit Mauro Biello, qui paraissait fin tacticien hier avec sa titularisation de Salazar.

« Michael Salazar a été exceptionnel. C’est son travail qui a fait la différence, a affirmé l’entraîneur. Dans cette Ligue, il faut courir. C’est quelqu’un qui travaille très fort. Il est capable de bien lire les situations, surtout devant le filet. »

Blessé, Didier Drogba n’était évidemment pas dans le vestiaire après cette victoire. C’était une absence décevante, bien entendu. Mais un seul point positif, peut-être, c’est qu’aucun journaliste n’a pu lui demander ce qu’il pensait de l’échange de P.K. Subban.

Un collègue aurait-il osé ? Dur de savoir. On a déjà vu pire dans cette drôle de ville monomaniaque. Son absence a réglé la question. Et c’est ainsi que, l’espace de 90 minutes, les Montréalais ont pu vivre leur amour du soccer.

Ils ont dit

« On connaissait Salazar. On a vu ses matchs comme remplaçant et on savait qu’il était fort. On pensait même qu’en cas de blessure de Drogba, il serait du match. On l’a donc marqué convenablement. Mais il a saisi ses chances et tout le mérite lui revient. »

— Jay Heaps, entraîneur du Revolution de la Nouvelle-Angleterre

« Laurent Ciman m’a texté pour me dire qu’il avait atterri à Montréal. Il m’a dit qu’il avait très hâte de revenir et espérait que je ne l’avais pas oublié ! »

— Mauro Biello, entraîneur de l’Impact

« C’est certain que j’étais déçu qu’on me retire du match à la fin, surtout que c’est ma force, les fins de match. Mais c’est l’équipe avant tout. » 

— Le capitaine Patrice Bernier, retiré à la 61minute au profit de Calum Mallace

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