Agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain

Trudeau reste évasif sur le début des travaux

Ottawa — Même si le gouvernement fédéral est propriétaire de l’oléoduc Trans Mountain depuis août, le premier ministre Justin Trudeau est incapable de préciser quand les travaux d’agrandissement de ce pipeline qui relie les villes d’Edmonton, en Alberta, et Burnaby, en Colombie-Britannique, vont commencer.

Alors que la colère monte en Alberta parce que la province ne peut obtenir un juste prix pour son pétrole, notamment parce qu’elle ne peut l’acheminer vers d’autres marchés que celui des États-Unis, le premier ministre a affirmé que son gouvernement devait se plier à la décision de la Cour d’appel fédérale avant d’entreprendre les travaux de construction.

Et cela pourrait prendre un certain temps, a indiqué M. Trudeau au cours d’une conférence de presse visant à faire le bilan des réalisations de son gouvernement durant l’année 2018 qui tire à sa fin.

Le gouvernement Trudeau a décidé au printemps d’acheter ce pipeline de la société américaine Kinder Morgan pour la somme de 4,5 milliards de dollars afin de mener à bien ces travaux d’agrandissement qui doivent permettre de tripler la capacité de l’oléoduc – un projet hautement souhaité par l’Alberta, mais fortement contesté par le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique, les groupes environnementalistes et certaines communautés autochtones.

En conférence de presse, hier, M. Trudeau a indiqué que son gouvernement allait se plier au jugement de la Cour d’appel fédérale rendu en août, lequel a annulé le décret du cabinet fédéral autorisant les travaux d’agrandissement au motif qu’Ottawa avait manqué à ses obligations de consulter adéquatement les communautés autochtones et que l’évaluation environnementale qui avait été menée était incomplète.

« La Cour d’appel fédérale a rendu une décision qui nous indiquait la façon de procéder pour cet oléoduc. Cela comprend plus de conversations avec les communautés autochtones, cela comprend une meilleure rigueur scientifique par rapport à la protection des mammifères marins », a affirmé le premier ministre.

« Nous sommes en train de suivre les recommandations de la Cour d’appel et nous allons prendre le temps nécessaire pour le faire de la bonne façon. » — Justin Trudeau

Les travaux de construction, qui sont évalués à près de 10 milliards de dollars et qui seront payés par les contribuables canadiens, pourraient-ils commencer en 2019, en 2020 ou en 2021 ? « Ça dépendra du travail que nous sommes en train de faire présentement pour suivre les directions données par la Cour d’appel », a-t-il répondu.

Solution temporaire de 3 milliards

Devant l’incertitude qui plane sur les travaux d’agrandissement de Trans Mountain, la première ministre de l’Alberta Rachel Notley a indiqué avoir l’intention d’acheter jusqu’à 7000 wagons afin de faciliter les exportations de pétrole vers les marchés étrangers. Le coût de cette solution temporaire pourrait friser les 3 milliards de dollars, selon certaines estimations.

L’écart important qui existe entre le prix du baril de brut albertain et celui du brut américain fait perdre 80 millions de dollars par jour à l’économie canadienne. Mme Notley tient le gouvernement fédéral directement responsable de cette différence de prix à cause de son « incapacité à construire des pipelines » au fil des ans.

Dans une entrevue accordée au réseau CBC il y a deux semaines, Justin Trudeau a ouvert toute grande la porte à l’idée que le gouvernement fédéral donne un coup de pouce financier à l’Alberta pour acheter ces wagons, et augmenter ainsi le transport du pétrole sur rail dans le but d’accroître de 120 000 barils par jour les exportations quotidiennes de l’or noir.

« C’est quelque chose que nous sommes heureux d’examiner. Si [Mme Notley] croit que cette proposition va faire une différence marquée, alors nous serons heureux de la regarder pour voir comment cela peut fonctionner. Je veux dire, nous sommes ici pour être des partenaires, pour aider. »

— Justin Trudeau, en entrevue au réseau CBC

Devant les journalistes, hier, M. Trudeau a dit être conscient de l’impatience et de la frustration des Albertains qui se butent à de nombreux obstacles alors qu’ils tentent d’obtenir un juste prix pour leur ressource naturelle.

« Nous comprenons l’impatience des gens en Alberta qui ont réellement besoin d’accéder à d’autres marchés pour les produits pétroliers. Cela fait plus d’une décennie que les gens savent que ce n’est pas bon pour notre économie, pour nos producteurs qu’on soit prisonnier d’un seul marché, le marché américain. Il y a certainement ces jours-ci un peu plus d’imprévisibilité par rapport à nos amis américains. Alors nous sommes dans un moment très important pour accéder à d’autres marchés. Mais ça doit être fait de la bonne façon », a-t-il dit hier.

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