Le célèbre investisseur américain Warren Buffett s’est fait parler des mérites de Gildan et d’Alimentation Couche-Tard, vendredi, par une délégation québécoise qui lui rendait visite au siège social de Berkshire Hathaway à Omaha, au Nebraska.
Une quinzaine d’étudiants du programme de gestion de portefeuille de l’École de gestion John Molson de l’Université Concordia, accompagnés notamment par quatre professionnels montréalais de la finance, ont passé quelques heures avec Warren Buffett, au cours desquelles ils ont pu lui soutirer des conseils, mais aussi attirer son attention sur des entreprises d’ici.
Un document faisant l’éloge du fabricant montréalais de t-shirts, de sous-vêtements et de chaussettes Gildan a été remis à Warren Buffett par les étudiants.
« Ils ont voulu profiter de l’occasion pour lui présenter une compagnie locale qui répond à ses critères d’investissement », dit le gestionnaire de portefeuille Philippe Hynes, de la firme Tonus Capital. « Gildan est une entreprise bien gérée, qui offre un bon retour sur les capitaux et dont les activités sont faciles à comprendre pour Warren Buffett, puisque l’entreprise qu’il dirige a investi dans Fruit of the Loom, un concurrent de Gildan », ajoute celui qui a fait le voyage à Omaha avec les étudiants.
Philippe Hynes a pour sa part donné à Warren Buffett un exemplaire de la récente biographie d’Alain Bouchard Couche-Tard, ou l’audace de réussir, dans sa version en anglais Daring to Succeed. « Je savais que Warren Buffett adore les biographies, a dit Philippe Hynes. En voyant le livre, il m’a dit qu’il savait que Couche-Tard avait été fondé par quatre hommes d’affaires [Alain Bouchard, Réal Plourde, Richard Fortin et Jacques D’Amours]. Il a aussi souligné qu’il trouvait que Couche-Tard commençait à être un joueur important aux États-Unis. »
Alimentation Couche-Tard est une entreprise dans laquelle Warren Buffett pourrait investir, selon Philippe Hynes. « Je crois que ça peut être un bon mariage pour Berkshire Hathaway. Reste à savoir si Buffett pense que le prix est bon », dit celui qui donne un cours sur l’investissement à l’Université Concordia.
Warren Buffett accepte régulièrement de rencontrer des cohortes d’étudiants. En janvier, une vingtaine d’étudiants de la faculté de gestion de l’Université McGill se rendront à leur tour visiter celui qui est affectueusement surnommé le « sage d’Omaha ».
Le bon tempérament
Warren Buffett a offert plusieurs conseils aux étudiants de Concordia vendredi. Il leur a notamment dit qu’être un bon investisseur n’avait rien à voir avec le quotient intellectuel. Philippe Hynes souligne que Buffett a insisté sur le fait qu’il faut avoir un talent pour choisir de bons titres, mais que la qualité principale des excellents investisseurs est leur tempérament.
« Il a dit qu’avoir une bonne discipline émotive et ne pas paniquer quand tout le monde a peur est important, car la peur est contagieuse dans le marché », affirme Philippe Hynes.
Les bonnes personnes
Warren Buffett a également suggéré aux étudiants de s’entourer de bonnes personnes. « Il leur a demandé d’identifier deux étudiants dans la classe qu’ils trouvent motivants et intéressants et de déterminer trois qualités de ces gens pour essayer de répliquer et d’acquérir ces qualités. Il est important d’avoir de bons héros à qui nous aspirons ressembler, nous a-t-il dit », rapporte Philippe Hynes.
Chez Berkshire, les gestionnaires n’ont pas de contrats, précise le président de Tonus Capital. « Ce sont souvent des gens qui n’ont pas besoin financièrement de travailler, car ils ont déjà beaucoup d’argent. Ils travaillent car ils sont passionnés et veulent faire grandir l’entreprise. Berkshire cherche des gestionnaires et des dirigeants comme cela. Warren Buffett a fait référence à la peinture. Pour lui, chaque jour, il peut peindre le tableau de Berkshire, et ce tableau est sans fin. Il donne chaque jour des pinceaux à ses gestionnaires et ensemble, ils améliorent ce beau tableau. »
Diversification selon l’actif
La concentration des titres en portefeuille est un autre élément qui a été discuté. Les étudiants ont demandé à Warren Buffett combien de titres il aurait dans son portefeuille s’il gérait seulement 1 million. « Il nous a d’abord dit que s’il gérait seulement 1 million, quelque chose de terrible serait arrivé pour que son actif soit si petit ! Mais il a précisé qu’il n’aurait que quatre ou cinq titres dans son portefeuille », souligne Philippe Hynes.
« Un plus petit portefeuille [en matière d’actif sous gestion] permettra par ailleurs d’avoir une meilleure probabilité de surperformer, car selon Buffett, il y a peu d’opportunités exceptionnelles, donc quand elles se présentent, il faut être rapide et flexible. »
Forbes évalue à environ 70 milliards US la fortune personnelle de Warren Buffett, ce qui le place au troisième rang des individus les plus riches dans le monde, derrière Bill Gates (fondateur de Microsoft) et Amancio Ortega (fondateur de Zara). Avec l’aide de son camarade Charlie Munger, Warren Buffett a fait de Berkshire Hathaway un des plus imposants conglomérats du monde. En plus de détenir d’importantes participations dans des entreprises comme Coca-Cola, American Express, Wells Fargo, Apple et IBM, Berkshire Hathaway est notamment propriétaire de l’assureur américain Geico, de Dairy Queen et de Fruit of the Loom.
