Retard dans l’inscription de nouveaux patients

La Fédération des médecins omnipraticiens évoque des sanctions financières

QUÉBEC — Les médecins de famille qui accusent un retard dans l’inscription de patients risquent d’être privés d’une part de la hausse prochaine de la rémunération de la profession.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) envisage en effet d’imposer cette « mesure tarifaire » pour inciter ses membres à respecter les cibles prévues dans son entente avec le gouvernement Couillard. Elle n’a pas encore pris de décision à ce sujet, mais l’idée a été évoquée ouvertement par son président, le Dr Louis Godin, lors d’une entrevue avec La Presse.

Hier, le ministre Gaétan Barrette a signalé que les deux tiers des médecins de famille ratent la cible fixée à ce stade-ci dans l’inscription de nouveaux patients. Ces « Gaulois de la pratique médicale » devront se soumettre dans les plus brefs délais, à défaut de quoi ils seront sanctionnés, a-t-il prévenu.

En vertu de l’entente conclue en juin 2015 entre M. Barrette et la FMOQ, les médecins de famille se sont engagés à inscrire 85 % de la population d’ici le 31 décembre 2017. Si cette cible n’est pas atteinte, la loi 20 sera mise en application : les médecins qui ne respecteraient pas l’entente verraient leur rémunération amputée jusqu’à 30 %.

En date du 23 septembre, le taux d’inscription atteint 72,7 %, selon les données révélées par le ministre hier. Or la cible prévue à ce moment s’élève à 74 %.

« Nous sommes à un moment critique » et « il faut accélérer le rythme » en vue d’atteindre l’objectif de 85 %, a affirmé le ministre. Malgré tout, « le retard est tout à fait récupérable ». Les médecins doivent inscrire des patients à un rythme d’un à deux par jour. Jusqu’ici, le tiers des médecins ont modifié leur pratique pour se conformer à la loi. 

M. Barrette a ajouté que la FMOQ a « l’autorité morale pour persuader ses membres » de respecter l’entente. « Par contre, la FMOQ s’est engagée, si c’était nécessaire, à intervenir auprès de ses membres, et même en prenant certaines mesures tarifaires », des sanctions financières.

ACTIONS LOCALES ET INDIVIDUELLES 

Pour l’heure, la Fédération a décidé de « se concentrer sur des actions locales et individuelles » auprès des membres qui accusent un retard. 

Si ces mesures ne portent pas leurs fruits, la FMOQ envisage d’apporter des changements aux tarifs payés aux médecins. Son président a rappelé que l’enveloppe de rémunération de la profession, qui dépasse les 7 milliards par année si l’on inclut les spécialistes, connaîtra prochainement une nouvelle augmentation – elle s’est élevée à 7 % environ l’an dernier pour les omnipraticiens.

« On a des sommes disponibles, et je peux les réaffecter à autre chose », a-t-il dit. « J’ai compris que le ministre a laissé la porte ouverte à ça. » Donc, avec cette bonification, « plutôt que d’augmenter l’ensemble des tarifs, je pourrais augmenter juste tel type de tarif à telle hauteur pour tel type de médecin », a-t-il suggéré. Autre exemple : « On donne actuellement une bonification à partir de 500 patients inscrits. Je pourrais très bien dire : je vais donner des bonifications à partir de 750 patients inscrits, 600 ou 800. » Il a ajouté qu’« à ce stade-ci, il n’est aucunement question qu’on aille vers des pénalités » au sens propre.

Le président a également fait valoir que le nouveau guichet unique d’accès à un médecin de famille a connu des ratés. Et selon lui, le gouvernement tarde à respecter ses engagements pour offrir un soutien professionnel supplémentaire aux médecins de famille.

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