Tabagisme

Les mégots dans les pots à fleurs : danger

Non, les pots à fleurs ne font pas de bons cendriers. Une douzaine d’incendies ayant pris naissance sur des balcons et terrasses ces dernières semaines dans la métropole inquiète le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) qui lance un appel à la vigilance. Le risque peut sembler peu élevé, mais certains de ces brasiers ont causé d’importants dégâts.

DOUZE INCENDIES EN QUELQUES SEMAINES

Depuis le retour du beau temps, le SIM a recensé pas moins de 12 incendies provoqués par des cigarettes que des fumeurs ont tenté d’éteindre dans des pots à fleurs. Ce nombre d’événements est suffisamment important pour inquiéter le corps de pompiers, qui prépare une campagne pour sensibiliser les Montréalais à ce risque. « Oui, il y a une flambée de ces événements, pourrait-on dire. Plusieurs incendies ont débuté dernièrement sur des balcons ou des terrasses et l’origine était chaque fois des articles de fumeur déposés dans des pots ou bacs à fleurs », explique Louise Desrosiers, chef de section à la division de la prévention du SIM.

TERRE QUI BRÛLE

En théorie, la terre ne brûle pas. Voilà, celle des pots ou bacs à fleurs est souvent remplie d’engrais et de matière organique afin de favoriser la croissance des végétaux. « Les citoyens s’imaginent que la terre est inerte, donc que ça va s’éteindre. Mais malheureusement, ce type de terre est composé de beaucoup d’engrais et de matières organiques hautement inflammables », souligne Louise Desrosiers.

DES HEURES AVANT DE SE DÉCLARER

Ce type d’incendie est particulièrement traître puisque le feu peut couver quelques heures avant de se déclarer. « Les gens ont l’impression d’avoir éteint leur cigarette, mais ça peut prendre un peu plus de trois heures avant qu’on voie l’apparition de la première flamme », explique Mme Desrosiers. Ces feux ressemblent en quelque sorte à ceux déclenchés lorsqu’une personne échappe sa cigarette sur un canapé en s’endormant. « Même si le feu débute à l’extérieur, ça peut avoir des conséquences à l’intérieur parce qu’il peut se propager dans le logis, plus encore l'été alors que les fenêtres sont ouvertes », dit Louise Desrosiers.

CONSÉQUENCES FÂCHEUSES

Les feux qui prennent naissance dans des pots à fleurs peuvent avoir des conséquences majeures. En mars, un triplex de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a été lourdement endommagé quand un incendie s’est déclenché au beau milieu de la nuit sur le balcon arrière de l’immeuble. L’enquête sur l’origine du brasier a démontré qu’il avait pris naissance dans un pot à fleurs où une cigarette avait été éteinte. Les dégâts à l’édifice de la rue de Normanville ont été évalués à 150 000 $ et 12 personnes ont été jetées à la rue. « Ça peut avoir un gros impact sur la vie des citoyens », souligne Mme Desrosiers.

RISQUE LIÉ AU BEAU TEMPS

Cette vague d’incendies semble être liée au retour du beau temps et à la tendance des gens à fumer de plus en plus à l’extérieur. « Les gens vont fumer de plus en plus à l’extérieur à cause de la fumée secondaire. Et plus il fait beau, plus les gens fument à l’extérieur. Mais parfois ils n’ont pas de cendrier à portée de la main et se disent que c’est correct d’éteindre dans de la terre », expose Mme Desrosiers.

IMPORTANCE DU DÉTECTEUR DE FUMÉE

Louise Desrosiers insiste, ce type d’incendie vient souligner l’importance de disposer d’avertisseurs de fumée fonctionnels. Comme les flammes peuvent prendre des heures avant d’apparaître, elles peuvent naître en pleine nuit, alors que les gens dorment. Et loin de se confiner à l’extérieur, le brasier peut rapidement pénétrer à l’intérieur du logis. « Peu importe où débute l’incendie, à partir du moment où c’est à l’intérieur, il devient problématique pour l’évacuation », dit Mme Desrosiers. En plus d’un avertisseur par étage, les gens ayant l’habitude de dormir la porte fermée devraient aussi avoir un détecteur dans leur chambre.

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