Baromètre PME

D’autres facettes de l’innovation

Pour bien des gens, innovation est synonyme de produit ou service nouveau ou, à tout le moins, nettement amélioré.

L’innovation est pourtant un champ beaucoup plus vaste : elle touche les procédés et peut être non technologique ou centrée sur l’organisation, voire le marketing.

La semaine dernière, nous avons traité de l’innovation des produits en nous basant sur l’analyse de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) portant sur l’innovation au sein des entreprises de 20 employés et plus du secteur de la fabrication.

Cette semaine, nous examinons d’autres formes d’innovation.

Celle des procédés, par l’intégration de nouveaux logiciels de contrôle par exemple, touche aussi bien la production, la logistique de livraison ou de distribution que les activités de soutien. Elle a pour objectif premier de diminuer les coûts unitaires de production ou de distribution, ou d’augmenter la qualité de la production ou de la distribution telle que définie dans ce qu’il est convenu d’appeler le Manuel d’Oslo. Il s’agit d’un document produit par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et synthétisant les principes directeurs de l’innovation.

L’analyse de l’ISQ fait ressortir que plus de la moitié des fabricants québécois ont introduit au moins une innovation de procédé entre 2010 et 2012. Il s’agit d’une proportion passablement plus élevée que celle du Canada tout entier.

C’est avant tout dans le champ opérationnel que l’innovation des procédés s’est concentrée, bien qu’elle soit non négligeable dans les activités organisationnelles ou liées au marketing.

À la différence des innovations de produits développées généralement au sein des entreprises, celles qui touchent les procédés surviennent majoritairement avec l’aide de consultants ou de sous-traitants.

L’innovation organisationnelle touche les procédures, le processus de prise de décisions ou les relations avec d’autres entreprises ou des institutions. Elle requiert souvent peu d’investissements. Selon les données de l’enquête analysée par l’ISQ, près d’un travailleur sur deux a été touché par une innovation de type organisationnel entre 2010 et 2012.

Dans seulement un cas sur trois environ, l’innovation portait sur le marketing ou plus généralement sur la commercialisation de produits. Il s’agit du type d’innovation le moins courant pour une entreprise manufacturière, mais néanmoins susceptible de faire augmenter le chiffre d’affaires.

L’étude fait ressortir que le lancement d’un produit nouveau ou nettement amélioré sert plus d’une fois sur deux d’amorce à une innovation en marketing, bien que la moitié des entreprises y a consacré moins de 20 000 $, en 2012.

Les entreprises recourent abondamment à l’aide gouvernementale pour financer leurs innovations, quel qu’en soit le type. Fait remarquable, plus de trois entreprises québécoises sur cinq (62,7 %) ont bénéficié de crédits d’impôt provinciaux alors que la proportion est de seulement 43,9 %, à l’échelle canadienne.

Il n’existe pas de tel écart pour l’aide fédérale à laquelle plus d’une entreprise sur deux a eu recours.

Quel que soit le type d’aide gouvernementale proposé, on constate que les entreprises québécoises s’y abreuvent davantage.

L’étude fait aussi ressortir que 63,2 % des entreprises innovantes estiment que les crédits d’impôt représentent le programme le plus essentiel pour l’innovation, loin devant les subventions (18,5 %) ou l’aide à la formation (10,5 %).

Au moment où Québec étudie le rapport de la Commission d’examen sur la fiscalité présidée par Luc Godbout, lequel lui a été présenté en toute fin d’année et n’a toujours pas été rendu public, voilà une information qui va à l’encontre des préceptes de plusieurs économistes, davantage partisans d’une baisse générale des impôts.

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