Des microplastiques dans des selles humaines
Extrême variabilité
L’hépatologiste viennois qui a dévoilé la présence de microplastiques dans les excréments humains prévient d’emblée : comme il n’a étudié que huit volontaires, il est trop tôt pour quantifier le problème. « Il y avait une grande hétérogénéité », explique en entrevue téléphonique Philipp Schwabl, de l’Université de Vienne, qui a présenté ses résultats au congrès annuel de l’association United European Gastroenterology (UEG), mardi dans la capitale autrichienne. « La médiane était de 20 particules par échantillon d’un gramme, mais ça allait de 17 à 170 particules. » Vu le faible nombre de cobayes, il était impossible de savoir si mâcher de la gomme, manger du poisson ou alors des mets préparés était plus susceptible de mener à l’ingestion de microplastiques. C’est la première fois qu’une étude porte sur les microplastiques dans le corps humain.
De 50 à 500 micromètres
Taille des particules de microplastiques retrouvées dans des excréments humains
100 micromètres
Largeur d’un cheveu humain
Source : Université de Vienne
Attention aux intestins fragiles
Impossible aussi de lier le plastique à des maladies. « Il n’y a pas non plus de données de toxicité chez les poissons et les autres animaux marins chez lesquels ont été faites les autres études animales », dit le Dr Schwabl, qui est un spécialiste des maladies graves du foie et qui a notamment découvert un récepteur de l’acide biliaire responsable d’une forme d’hypertension liée aux cirrhoses. « Je dirais que si on trouve quelque chose, ce sera tout d’abord chez les patients qui ont déjà des maladies inflammatoires de l’intestin. » Les microplastiques sont-ils assez fins pour traverser la barrière hématoencéphalique qui protège le cerveau des contaminants présents dans le sang ? « Impossible à savoir », répond le Dr Schwabl.
La source des microplastiques
Les microplastiques peuvent être créés à dessein, par exemple pour améliorer la texture et l’efficacité de certains produits cosmétiques ou d’hygiène corporelle, ou alors résulter de la friction sur des tapis, des tissus, des emballages, des pneus, ainsi qu’une foule d’autres objets et produits. Les experts interviewés par plusieurs grands médias à propos de l’étude de Philipp Schwabl sur les excréments humains ont avancé que la plus grande source de microplastiques est la création « secondaire » par friction sur des objets et produits qui contiennent du plastique.
L’invasion du plastique en chiffres
348 millions de tonnes
Production annuelle mondiale de plastique
20 millions de tonnes
Quantité de plastique qui se retrouve dans les océans chaque année
6 particules par litre
Quantité de microplastiques dans les océans
De 10 à 15 particules
Quantité de microplastiques dans chaque poisson d’eau douce aux États-Unis
60 %
Proportion des bouteilles d’eau embouteillée qui contiennent des microplastiques au Canada
10 particules par litre
Quantité de microplastiques de taille supérieure à 0,1 millimètre dans l’eau embouteillée au Canada
1550 particules par litre
Quantité de microplastiques de taille inférieure à 0,1 millimètre dans l’eau embouteillée au Canada
Sources : Agence France-Presse, The Economist, National Geographic, Nature, Environmental Science & Technology, Science of the Total Environment, Université McGill, EUobserver
Les cinq pays qui rejettent le plus de plastique dans les océans
Chine
de 1,3 à 3,5 millions de tonnes par an
Indonésie
de 500 000 à 1,3 million de tonnes par an
Philippines
de 300 000 à 750 000 tonnes par an
Viêtnam
de 300 000 à 700 000 tonnes par an
Sri Lanka
de 250 000 à 600 000 tonnes par an
Source : Science 2015
Quantité de plastique dans les océans qui proviennent des pays riches
Europe
de 60 000 à 130 000 tonnes par an
États-Unis
de 40 000 à 110 000 tonnes par an
Japon
de 20 000 à 50 000 tonnes par an
Canada
de 1000 à 4000 tonnes par an
Source : Science 2015