Services personnalisés

À la recherche du temps perdu

Un bon calcul pour les professionnels avec un revenu élevé. Une fête d’enfant, un anniversaire de mariage, l’épicerie, nettoyer une tache sur un tapis : la liste des tâches que les entreprises de services personnalisés peuvent faire est longue. Pour les personnes ayant une certaine aisance financière, le jeu peut en valoir la chandelle. Au Québec, l’offre, encore embryonnaire, commence à s’étoffer. 

Les services personnalisés sont là pour répondre aux besoins de toute une frange de la société qui souhaite gagner du temps en s’évitant des tâches peu attrayantes comme changer ses pneus d’hiver ou trouver un plombier.

La clientèle a bien sûr des revenus conséquents, mais « ça s’adresse à tout le monde », affirme Marie-Claude Pelletier, présidente de l’agence de stylisme Les Effrontés, qui offre de magasiner pour remplir la garde-robe de ses clients. Même si aucun chiffre n’existe pour l’attester, il semble que le fort désir de concilier le travail et la famille incite de plus en plus de personnes à sacrifier une partie de leurs revenus pour le luxe d’avoir plus de temps.

Il y a trois ans, Caroline Malo a lancé son entreprise de conciergerie. Et elle est persuadée que la demande va croître. Sa clientèle fait principalement partie de la classe moyenne.

« Ce sont des professionnels, de jeunes familles qui ont peu de temps qui me demandent de l’aide pour organiser des fêtes d’enfants, leurs voyages, des anniversaires de mariage. Ce sont souvent des demandes ponctuelles. »

— Caroline Malo, présidente de Caroline Malo Conciergerie 

BIEN CALCULER 

Certes, le prix des prestations n’est pas accessible à tous. « Pour évaluer la pertinence de la charge financière que cela représente, il faut comparer le coût au revenu, recommande Caroline Malo. Par exemple, une personne a préféré payer pour que quelqu’un aille attendre une livraison toute une après-midi chez lui plutôt que s’absenter du travail. Ça lui aurait coûté plus cher de perdre ce revenu. » C’est notamment le cas des professionnels qui sont des travailleurs autonomes.

Cependant, ce n’est pas toujours le prix de la prestation en elle-même qui est cher, mais bien les fournitures que ces prestataires font acheter. Faire venir un atelier d’animation original pour une fête d’enfants et décorer la maison de fond en comble ont un prix bien supérieur à ce qu’aurait organisé la famille sans l’aide d’un spécialiste.

On n’aurait pas non plus acheté tant de beaux vêtements choisis par une styliste au bon goût. Même si Les Effrontés et autres entreprises de services personnalisés assurent respecter le budget de leur client, l’éventail des propositions présentées est parfois trop tentant pour ne pas céder et… dépasser le budget en question.

EN CROISSANCE 

Toutefois, pour certaines contraintes de la vie quotidienne, l’aide d’une entreprise de services personnalisés, ça n’a pas de prix.

« On fait tout ce que nos clients n’ont pas le temps de faire : l’épicerie, apporter les vêtements au nettoyeur, entretenir le terrain, nettoyer la piscine, la fermer pour l’hiver, s’occuper des rénovations ou des diverses pannes dans la maison, etc. »

— Jean-Hugues Coudry, président du Butler’s Club

Sa clientèle : « Des professionnels avec de bons revenus mais juste en dessous de la limite qui leur permettrait de prendre des gens à leur service à temps plein et qui veulent gagner du temps pour voir leur famille ou pour plus travailler », explique M. Coudry. 

Ici, le service est toujours coordonné par le même conseiller qui a les doubles des clés de la maison et de la voiture, qui connaît le code de l’alarme des clients pour pouvoir agir en leur absence pour un service offert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. 

Face à ces propositions alléchantes quand on a l’impression de courir après le temps en permanence, « le calcul pour quelqu’un qui gagne 200 ou 300 $ de l’heure est vite fait », souligne Jean-Hugues Coudry.

Le marché des services personnalisés émerge à peine au Québec, contrairement aux États-Unis par exemple. Il est aujourd’hui principalement exploité dans le Grand Montréal, mais « il reste à développer », croit M. Coudry. 

Les gestions privées des institutions financières offrent de tels services très sollicités par leurs clients nantis.

Même certaines entreprises, conscientes que leurs employés sont obligés de gérer certaines obligations personnelles sur leur temps de travail, leur propose un service de conciergerie interne. Ainsi, changer ses pneus quand l’hiver arrive devient tout d’un coup bien moins compliqué à organiser. Quand il faut payer soi-même ce service, il faut faire ses comptes et rester vigilant.

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