Transactions bancaires

Le virement Interac se fait gratuit

Même s’il existe depuis 2002, le virement Interac connaît une explosion de popularité impressionnante depuis deux ans. Et ce n’est qu’un début. Le transfert interbancaire entre particuliers est depuis peu offert gratuitement par plusieurs institutions financières, dont Desjardins, qui en a avisé ses membres par courriel cette semaine. Explications.

158 millions

Nombre de virements Interac effectués par les Canadiens en 2016, une hausse de 50 % par rapport à l’année précédente.

De PayPal au bitcoin

Le virement Interac n’est qu’une des formes de ce qu’on appelle les virements électroniques, qui permettent essentiellement à un particulier de transférer de l’argent à un vendeur, un professionnel ou un autre particulier généralement sans l’intermédiaire des émetteurs de cartes de crédit. PayPal, certains services mis sur pied par chaque banque, Messenger aux États-Unis, bientôt Apple Pay et même des cryptomonnaies comme le bitcoin peuvent remplir cette fonction.

28 %

Selon le CEFRIO, pourcentage des Québécois, en 2015, qui ont effectué des « virements ou transferts d’argent entre personnes à partir du site sécurisé » de leur institution financière.

Trop coûteux, trop complexe

Implanté en 2002, mais boudé par les consommateurs et les institutions financières, le virement Interac a dû attendre plus d’une décennie avant de réellement s’implanter. Les coûts d’environ 5 $ par transaction, la complexité de l’opération et le faible nombre de banques participantes ont manifestement ralenti son adoption. Trois handicaps qui se sont graduellement estompés, de sorte qu’aujourd’hui, il s’agit du moyen de transfert de fonds le plus populaire entre particuliers au Canada.

63 milliards

La valeur totale transférée par les utilisateurs canadiens du virement Interac en 2016, pour des transferts moyens de 408 $.

« La société a évolué : nous sommes devenus plus à l’aise avec les transactions électroniques. Demander l’adresse courriel de quelqu’un pour lui envoyer de l’argent, ça ne se faisait pas vraiment en 2002. C’était avant l’iPhone… »

— Jan Pilbauer, vice-président, paiements et technologies, chez Paiements Canada, organisme responsable de la régulation des transactions bancaires

Comment ça marche ?

Celui qui veut envoyer des fonds par virement Interac doit d’abord détenir un compte dans une des 250 institutions financières participantes – dont toutes les grandes banques canadiennes.

Il faut également être inscrit à la plateforme électronique de cette institution, par exemple AccèsD ou Mobile RBC. À partir de cette plateforme, sur mobile ou sur ordinateur, on peut accéder à un menu pour le virement Interac. On précise le montant, l’adresse courriel ou le numéro de mobile du destinataire ainsi qu’une question de sécurité.

Le destinataire reçoit un courriel ou un texto qui contient un lien qui lui permettra, une fois entré dans sa propre plateforme bancaire, d’encaisser l’argent. Après avoir répondu à la question de sécurité, évidemment. L’association Interac estime que 65 % des virements sont reçus instantanément.

La Banque Scotia et RBC offrent également un mode simplifié de virement Interac par iMessage, pour les utilisateurs Apple. RBC va plus loin et permet même à Siri, l’assistant vocal sur iPhone et iPad, de transférer des fonds.

1000 $

Limite quotidienne la plus courante. Certaines banques, notamment la Banque Laurentienne et RBC, offrent des forfaits pouvant aller jusqu’à 10 000 $ par jour.

1,50 $

Coût moyen du virement Interac, pour l’envoyeur. Depuis le 1er mai, date à laquelle RBC a annoncé la gratuité de ce service, plusieurs institutions lui ont emboîté le pas, notamment BMO, TD et Desjardins.

Pourquoi la gratuité ?

Essentiellement, les institutions financières jointes expliquent avoir pris bonne note de l’utilisation croissante de ce mode de transfert. Elles ne souhaitent pas, manifestement, rater le train. « Depuis qu’il est disponible chez Desjardins, en juillet 2013, le virement Interac est décidément une des solutions les plus populaires auprès de nos membres, a indiqué par courriel Valérie Lamarre, porte-parole. Selon nos plus récentes estimations, on prévoit atteindre de 7 à 8 millions de ce type de transaction en 2017. Nous avons donc ajusté nos frais de service le 1er juillet dernier pour nous adapter à cette réalité. »

À la RBC, on estimait en 2015 que les clients avaient envoyé plus de 22 milliards de dollars grâce aux services de paiement entre particuliers, soit plus que les clients de toutes les autres institutions réunies. « Nous avons constaté une croissance explosive des paiements entre personnes et nous croyons que cette méthode de transfert va croître de façon exponentielle dans le futur », a précisé Heather Colquhoun, directrice des communications.

0,6 %

Pourcentage d’utilisation des virements électroniques comme mode de paiement par les Canadiens en 2015. En 2011, cette proportion était de 0,1 %. En nombre de transactions, l’argent comptant reste le mode de paiement le plus populaire, à 32 %, suivi du débit, à 25 %.

Populaire… mais marginal

Malgré une croissance qui fait saliver les institutions, le virement électronique ne fait pas encore le poids devant les modes de paiement les plus prisés. Pour un virement électronique en 2015, on comptait 54 transactions en argent comptant et 36 par carte de crédit, selon les données de Paiements Canada. « On réfléchit maintenant à rendre l’expérience de l’usager encore meilleure en ce qui concerne le virement électronique, a indiqué son vice-président, Jan Pilbauer. Ce ne sera pas seulement entre particuliers, mais entre les commerçants et leurs clients. Pensez à Amazon, chez qui on peut commander simplement en appuyant sur un bouton, ou Apple Pay : quand on voit ces nouvelles idées, les institutions n’ont pas le choix de suivre. »

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