VIRÉE DES GALERIES JOSÉ LUIS TORRES

Signé « Québec, Québec »

Le sculpteur José Luis Torres expose ses plus récentes œuvres depuis quelques jours à la Maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce. Avec Apparences trompeuses, l’artiste de Montmagny propose, jusqu’au 8 mars, des sculptures ludiques et expressives qui reflètent un courant artistique particulièrement en vogue à Québec.

Existe-t-il une signature « Québec, Québec » en art contemporain actuel ? On retrouve depuis quelques années chez plusieurs artistes de la capitale un humour et un réalisme qui se traduisent par des sculptures aux couleurs éclatantes avec, en filigrane, des prises de position sociétales et des critiques du consumérisme. À contempler les œuvres de José Luis Torres, on décèle une filiation esthétique et thématique avec plusieurs artistes de Québec, dont Cooke-Sasseville ou BGL. Une filiation qu’il assume et reconnaît et où Marcel Duchamp n’est jamais bien loin non plus.

José Luis Torres est un artiste d’une grande liberté et pourvu du pouvoir d’émerveillement dont nous dote l’enfance. Originaire d’Argentine, il sévit chez nous depuis une dizaine d’années et son nom ne cesse de grandir.

Voilà un artiste ancré dans le présent. Il recycle pour créer, contraster, interroger et faire réfléchir. Celui qui s’est fait connaître à Québec en étant récompensé, en 2004 et en 2005, pour ses sculptures de glace façonnées sur les plaines d’Abraham, propose des créations qui ratissent large, provoquant toutes sortes d’émotions chez le visiteur.

Il a installé dans la grande salle de la Maison de la culture de NDG des œuvres nées d’une réflexion qui a débuté à Baie-Saint-Paul l’an dernier sur l’utilisation d’objets en plastique et la mise en évidence de leur vécu.

Il a ensuite créé l’œuvre Stock en transit et l’a exposée à l’événement Passages insolites, à Québec, l’été dernier. Une œuvre faite d’objets en plastique colorés : des bacs de recyclage, des chaises, des poubelles et des jouets d’enfants, le tout assemblé et greffé à l’angle d’une maison ancienne de la Vieille Capitale.

EXPROPRIATIONS

Même variété de couleurs à NDG. Ses œuvres sont intrigantes et drôles. Il joue avec les différentes lectures qu’on peut avoir d’objets du quotidien et le fait avec humour. Les apparences sont effectivement parfois trompeuses. Par exemple, son cadre comprenant une carte de l’Est canadien découpée en cercles de différentes grandeurs tenus par des épingles intrigue au premier coup d’œil. On pense d’abord que l’œuvre est purement esthétique. À y regarder de plus près, on comprend que si le fond est noir, les épingles sont sans doute des puits de forage pétrolier. Une réflexion sur un sujet essentiel et lourd de conséquences.

Même chose pour sa carte de l’Isla Margarita, où une partie de l’île vénézuélienne est tronquée. Une illustration de l’impact du tourisme et des projets des promoteurs immobiliers américains. La terre manquante est remplacée… par du gazon synthétique !

L’artiste joue aussi avec le thème de la virilité perdue en reproduisant une hache au manche recourbé. Un thème qu’on retrouve avec son panneau de circulation, Grande Faune II, où deux ballons-poires placés l’un à côté de l’autre composent avec la flèche pendante une forme… de pénis fatigué !

Il exprime aussi notre irritation à l’endroit des chantiers de travaux publics par un hérisson constitué de cônes orange. Plus loin, un panneau de signalisation jaune et noir indiquant la traversée d’une motoneige ou d’un quad est pourvu de 16 panaches de chevreuil. Vengeance de l’animal ? Folklore régional ? Rituel de la chasse ? La richesse des œuvres de Torres fait que toutes les réponses sont possibles. 

À la Maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce (3755, rue Botrel) jusqu’au 8 mars

José Luis Torres

46 ans

Né en Argentine

Ex-professeur à l’Université de Cordoba

Au Québec depuis 2003

A exposé au Canada, aux États-Unis, en Argentine, en Turquie, au Mexique, en France, en Suède, en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg et en Hollande.

Faisait partie, en 2013, de l’exposition Faire avec du centre d’artistes AdMare (Îles-de-la-Madeleine), récompensée au dernier Gala des arts visuels.

N’est pas représenté par une galerie.

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