LECTURE/Et si la beauté rendait heureux

Éloge de la beauté

La beauté accompagne l’architecte Pierre Thibault tous les jours, et ce, depuis sa tendre enfance. Avec le journaliste féru d’architecture François Cardinal, maintenant éditorialiste en chef à La Presse, il vient de publier un ouvrage complet sur le sujet sous forme de dialogue. Éloge de la beauté en cinq lieux.

Contemplation à la Grande Galerie

Pour entamer le premier dialogue, c’est à sa résidence secondaire que l’architecte de Québec a convié François Cardinal. Baptisée « Grande Galerie » – car elle possède plus d’espaces extérieurs qu’intérieurs ! – , elle est située en pleine nature, près du cap Tourmente. « C’est comme si on avait créé un cocon où le temps s’arrête, où on entre en contemplation, illustre Pierre Thibault. Dans nos vies en accéléré, c’est un lieu où on sait que le temps va se dilater, où on va retrouver un rythme qui permet de garder un équilibre. » D’ailleurs, il n’est pas rare que, même en présence de visiteurs, tout le monde demeure silencieux pendant plusieurs minutes. « C’est comme si une partie de la discussion, on l’avait avec le paysage. »

Du bonbon en ville

Puisqu’il passe beaucoup de temps à Montréal pour le travail, Pierre Thibault y possède un appartement, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, situé au dernier étage d’une ancienne confiserie – une usine à réglisse construite par Hershey en 1908. La lumière naturelle y est généreuse. « Je suis en ville, mais pourtant, je ne vois pas la rue, je vois plutôt le ciel et les arbres. Quand l’espace à habiter est bien créé, la ville peut aussi être une oasis », résume l’architecte. François Cardinal et lui ont également déambulé dans les ruelles du quartier, où ils ont été surpris par la tranquillité des lieux. « On n’entend vraiment rien ! Tu peux avoir la campagne en ville, c’est une des richesses de Montréal. »

Une maison pour l’art

Le troisième dialogue prend place dans un des projets phares de Pierre Thibault : la maison Les Abouts, construite pour un couple de collectionneurs d’art contemporain. La nature y entre à profusion et devient même un cadre pour accrocher les œuvres. « On se rend compte que la nature est un bel écrin pour présenter l’art. Ce n’est pas nécessairement juste des murs blancs dans un musée », observe Pierre Thibault. D’ailleurs, les propriétaires affirment que cette résidence a changé leur vie, rien de moins. L’environnement joue effectivement un rôle-clé dans notre bien-être. François Cardinal fait même un parallèle, dans le livre, avec les nouveaux locaux plus clairs et plus aérés de La Presse, où les collègues empruntent davantage les escaliers depuis qu’ils sont plus visibles !

Dépouillement et silence à l’abbaye

Un autre projet important dans la vie de Pierre Thibault, l’abbaye Val Notre-Dame, a été le théâtre du quatrième dialogue, qui tourne autour du dépouillement et du silence. L’architecte a réussi un tour de force : construire un monastère contemporain pour les moines, tout en les rapprochant de leurs rituels anciens. « J’ai lu la règle monastique de saint Benoît et il y avait cette idée du dépouillement, de faire place à la lumière, souligne Pierre Thibault. Donc, j’ai transposé ça dans l’architecture contemporaine, avec le bois et les matériaux du Québec. » Le silence et le vide sont également nécessaires pour induire la clarté de l’esprit et sortir de l’agitation, poursuit l’architecte. « Quand on goûte au silence, on en a besoin périodiquement. »

L’échelle humaine à Copenhague

Pour clore ces entretiens, la ville du bonheur par excellence, Copenhague, s’est imposée d’elle-même. Avec ses places publiques, ses écoles, ses canaux où les gens se baignent et, bien sûr, son réseau cyclable, la ville nordique a complètement conquis les auteurs pendant leur séjour. « François et moi nous sommes déplacés à vélo toute la semaine. C’était tellement fluide, tellement bien fait, tellement bien pensé », s’enthousiasme Pierre Thibault. Et pourtant, contrairement à ce qu’on pourrait croire, la métamorphose de Copenhague est assez récente et a été réalisée avec des moyens limités. Rien n’indique alors que nous sommes incapables de répéter l’exploit chez nous. « Ce qu’on souhaite avec ce livre, c’est que les gens se disent que c’est possible », conclut Pierre Thibault.

Et si la beauté rendait heureux

Pierre Thibault, architecte, et François Cardinal, journaliste

Les Éditions La Presse

26,95 $

208 pages

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