LECTURE

Combattre la timidité avec Super Moi

Super Moi surmonte sa timidité 

Geneviève Marcotte et Nathalie Couture

Éditions Midi Trente

Près de 30 % des enfants de 8 à 10 ans sont considérés comme timides par leurs parents, lit-on dans Super Moi surmonte sa timidité, qui vient de paraître aux Éditions Midi trente. Mais même le plus gêné des enfants a un superhéros à l’intérieur de lui, capable de surmonter sa timidité. La Presse a joint la psychologue Geneviève Marcotte, coauteure de ce guide pratique qui s’adresse aux enfants de 6 ans et plus.

Est-ce un problème, la timidité chez les enfants ? On peut penser que c’est très répandu et que ça va passer ?

C’est vrai, pour certains enfants, ça passe. Chez d’autres, ça ne passe pas. Si on n’outille pas l’enfant, le risque à long terme, c’est que ça se transforme en anxiété. Les enfants timides sont souvent capables de bien interagir, mais la timidité fait en sorte qu’ils se retiennent et ne croient pas beaucoup en eux. Le but du livre, c’est de leur faire comprendre qu’ils ont tout ce qu’il faut à l’intérieur d’eux pour surmonter leur timidité.

Quand faut-il s’inquiéter ?

Quand la timidité persiste, c’est déjà un indice. Mais c’est surtout quand ça empire. Si un enfant commence à éviter certaines situations sociales, qu’il dit : « Je ne veux pas aller à l’anniversaire de mon ami. » Quand d’autres symptômes apparaissent, comme une plus grande tristesse, de la colère, de l’anxiété. Dans les livres, on dit souvent que quand ça fait plus de six mois que la timidité est présente dans différentes situations de la vie, on peut intervenir.

Vous écrivez que les enfants timides anticipent mal ce qui pourrait arriver. Pouvez-vous expliquer ?

Ils vont anticiper les situations en leur défaveur, en se disant : « Je serai inintéressant, on risque de m’exclure. » Ils vont aussi interpréter la réalité avec une distorsion : « Mon ami m’a dit qu’il ne voulait pas jouer avec moi, parce que je ne suis pas intéressant, parce que j’ai l’air bête, etc. » En réalité, peut-être que leur ami voulait simplement finir son jeu de ballon avec un autre enfant.

Dans le guide, on utilise un petit personnage, Méga Doute, pour illustrer les doutes des enfants. En psychologie, ça permet de faire ce qu’on appelle la défusion, de sortir la problématique de l’enfant. Ce n’est pas toi qui n’es pas correct, c’est un petit personnage à l’intérieur de toi qui te joue de mauvais tours. Méga Doute, on peut le coincer, le déjouer, le rendre plus faible. C’est très aidant : les enfants culpabilisent moins. Le travail est plus efficace qu’en disant à l’enfant : « C’est toi qui es timide, il va falloir que t’en reviennes. » Ça, ça ne fonctionne pas.

Proposez-vous une méthode pour calmer les « pensées de Méga Doute » ?

Oui. Ça s’appelle la restructuration cognitive. Ça permet de faire face à une pensée qui est parfois ancrée dans la réalité, mais qui est déformée. On vérifie si elle est exagérée. Parfois, les enfants sont capables de dire : « Bien oui, c’est n’importe quoi ! » Le travail peut se faire facilement. D’autres fois, on doit s’interroger un peu plus sur la pensée. On demande à l’enfant : « Est-ce qu’on peut voir les choses d’une autre façon ? Est-ce possible que tes amis voulaient simplement finir leur jeu avant de t’intégrer ? » On va amener l’enfant à avoir une vision plus réaliste de la réalité.

Vous suggérez aussi la méthode des petits sauts, pour faire son pouvoir à Méga Doute.

Oui. On dit à l’enfant : « Une fois que tu as les outils pour surmonter ta timidité, il reste une chose à faire, c’est d’y aller. » Tu vas affronter des situations qui te font peur, où tu vis habituellement de la timidité. Puis, on y va un petit saut à la fois. Ça ne sert à rien de se fixer de trop grands objectifs. Ne pas y arriver, c’est décourageant pour les enfants. On y va donc petite étape par petite étape. Souvent, les enfants vont dire : « J’étais super nerveux, mais quand j’ai vécu la situation, rien de grave n’est arrivé. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.