Mine Arnaud

Un promoteur déterminé

Dans les bureaux de Mine Arnaud, situés dans un centre commercial du centre-ville, la porte-parole Kateri Jourdain vient de passer une journée frénétique à commenter le sondage publié la veille et expliquer de nouveau le projet minier de 850 millions.

Elle offre des réponses aux principales inquiétudes soulevées par le projet : la poussière, l’eau potable, le bruit, la stabilité des sols.

« Il y a des craintes qui persistent, mais notre effluent ne menace pas la baie de Sept-Îles », affirme-t-elle.

Elle rappelle que Mine Arnaud a voulu jouer la carte de la transparence en rendant publique son étude d’impacts 15 mois avant le début des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Son obligation était de le faire 45 jours avant.

Mais elle ne nie pas que cela a fait en sorte que l’étude était incomplète quand les audiences du BAPE ont commencé. « Mine Arnaud n’a pas décidé d’aller au BAPE, dit-elle. La décision d’y aller a été prise par le ministère [de l’Environnement]. »

Cela rejoint le point de vue de l’opposante Louise Gagnon. « On a 400 questions pour le promoteur, dit-elle. Si on avait eu des réponses au départ, on n’en serait pas là. »

DES FONDS PUBLICS DANS UN PROJET CONTESTÉ

Investissement Québec, société d’État, détient 62 % de Mine Arnaud.

Le reste, 38 %, appartient à la société norvégienne Yara, un fabricant d’engrais.

Cela peut paraître incongru, compte tenu des déclarations récentes du ministre de l’Économie, Jacques Daoust.

« Est-ce que le gouvernement du Québec va mettre 500 millions ou 1 milliard dans une mine ? Je ne pense pas qu’on veuille commencer à nationaliser le secteur minier », a-t-il dit, au sujet de l’idée d’intervenir pour sauver la mine de fer du lac Bloom, au nord de Sept-Îles.

Investissement Québec (IQ) a hérité du projet Arnaud par l'entremise de l’ex-SGF, qui a lancé l’idée il y a une vingtaine d’années.

À terme, la société d’État devrait être minoritaire dans le projet, affirme Chantal Corbeil, porte-parole d’IQ.

« Le gouvernement n’investira jamais 500 millions ou 1 milliard dans cette mine », dit-elle.

Un prêt bancaire de 400 millions est prévu. IQ investira 120 millions et d’autres investisseurs sont recherchés. « Notre intention est de détenir moins de 30 % du projet », dit Mme Corbeil.

Jusqu’à maintenant, le projet a entraîné des dépenses et investissements de 40 millions, répartis entre IQ (62 %) et Yara (38 %).

Dans son rapport sur le projet, le BAPE a remis en doute les perspectives commerciales du projet, affirmant que la demande est « quasi stagnante » et « qu’il n’y a pas d’évidence que le prix du marché demeurera supérieur au prix plancher établi par Mine Arnaud pour assurer la rentabilité de l’exploitation de la mine ».

À cela, Mine Arnaud affirme que son gisement est exempt de contaminants qu’on retrouve ailleurs, ce qui lui assure une plus-value. L’entreprise affirme aussi que son partenaire norvégien, Yara, s’est engagé à acheter toute sa production.

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