Démission d’un président de C.A. d’établissement de santé

Le « modèle de gouvernance » du ministre Barrette montré du doigt

Estimant que le nouveau « modèle de gouvernance » imposé aux conseils d’administration d’établissements de santé par Québec ne leur permet plus de jouer leur rôle, le président du conseil d’administration du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Jean Landry, a annoncé hier sa démission.

Un extrait de sa lettre de démission a été lu lors de la séance du conseil d’administration de l’établissement, tenue hier après-midi à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, par la vice-présidente du conseil d’administration du CIUSSS, Francine Décary.

« Je considère que le modèle de gouvernance retenu par le Ministère pour les CIUSSS ne permet pas au conseil d’administration d’exercer son rôle et d’avoir une valeur ajoutée signifiante. Dans les circonstances, je ne vois pas l’intérêt tant pour moi que pour mon CIUSSS de maintenir mon implication », a écrit Jean Landry dans sa lettre.

Membre de l’Ordre professionnel des comptables agréés, M. Landry a notamment été président et chef de l’exploitation de Fiducie Desjardins et directeur général de Desjardins Groupe d’assurances générales. Il est membre de différents conseils d’administration, dont celui de l’Ordre des pharmaciens du Québec et d’Investissement Québec. Il détient une certification en gouvernance de sociétés de l’Université Laval, peut-on lire sur le site du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

La porte-parole de l’établissement, Catherine Dion, a confirmé en soirée à La Presse la démission de M. Landry, sans toutefois pouvoir donner d’explications.

NOUVELLE GOUVERNANCE

Adopté sous le bâillon, le projet de loi 10 de réforme du réseau de la santé est entré en vigueur le 1er avril 2015 et a fait passer le nombre d’établissements de santé de 182 à 34 dans la province.

Lors de l’entrée en vigueur du projet de loi, des syndicats avaient dénoncé le fait que ces nouvelles « structures mammouths » concentraient les pouvoirs entre les mains du ministre de la Santé. Le ministre obtenait d’ailleurs le mandat de nommer les membres des conseils d’administration des 34 établissements de santé.

Le ministre plaidait plutôt que le projet de loi 10 créait un « allègement administratif » permettant à terme d’économiser 220 millions par année.

Questionné sur le départ de M. Landry, le cabinet du ministre Gaétan Barrette explique que le projet de loi 10 « accorde au contraire des pouvoirs importants aux conseils d’administration », notamment ceux d’« approuver les orientations de l’établissement, dont l’organisation des soins et des services à la population et [d’]approuver le budget de l’établissement ».

En entrevue avec La Presse, le ministre Barrette a affirmé que les conseils d’administration « ne sont pas des États dans l’État », mais qu’ils « jouent des rôles importants » dans la gestion des établissements de santé. « Oui, le ministère de la Santé émet des orientations. Mais c’est aux conseils d’administration de les mener à bien et de gérer les établissements. Le réseau de la santé ne peut pas fonctionner sans dénominateur commun. Et les orientations ministérielles, c’est ça […] Je ne gère pas le réseau au quotidien. Je donne les orientations globales et les conseils d’administration ont à arriver à destination avec ça. »

Un nouveau président de conseil d’administration pour le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal devra être nommé par le ministre Barrette au cours des prochaines semaines.

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