Personnalité de la semaine

Le Dr Guy Sauvageau et son équipe

L’équipe du Dr Guy Sauvageau a découvert une molécule capable de multiplier les cellules souches contenues dans le sang de cordon ombilical. C’est une percée sans précédent dans le traitement des maladies du sang comme la leucémie.

Dirigée par le Dr Guy Sauvageau, l’équipe de l’Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal a annoncé la découverte d’une nouvelle molécule qui pourrait améliorer grandement le traitement offert à partir des cellules souches que l’on retrouve dans les cordons ombilicaux.

Baptisée UM 171, en l’honneur de l’Université de Montréal, cette molécule serait en mesure de multiplier le nombre de cellules souches contenues dans les unités de sang de cordons. Ces cellules sont utilisées afin de traiter plusieurs maladies du sang comme la leucémie, les lymphomes et les myélomes.

Pour l’instant, à peine 5 % des cordons ombilicaux peuvent être utilisés à des fins de traitement. « Il ne faut pas oublier que les cordons proviennent de nouveau-nés, souligne le Dr Sauvageau. Quand on essaie d’utiliser ces cellules sur un patient, souvent, leur nombre n’est pas assez élevé. »

La nouvelle molécule pourrait augmenter la proportion de cordons utilisables jusqu’à 85 %.

« On multiplie donc par 17 l’accessibilité au traitement. On améliore de beaucoup les chances de guérison, et ce, pour de nombreux patients. »

— Le Dr Guy Sauvageau

Des essais sur des souris et des primates se sont avérés concluants. « Chez l’humain, on amorcera les tests en décembre. C’est 25 patients qui seront recrutés sur une période de 18 mois », affirme le Dr Sauvageau, reconnu internationalement dans le domaine de la recherche sur les cellules souches et les cancers hématologiques.

Le chercheur a la certitude que les résultats de l’étude clinique seront positifs. Depuis la publication de l’article dans la prestigieuse revue Science, la communauté scientifique internationale se montre très emballée. « J’ai une dizaine d’appels par jour de chercheurs qui s’intéressent à nos travaux. Et trois grandes sociétés pharmaceutiques ont déjà manifesté leur intérêt pour une éventuelle commercialisation. »

TRAVAIL D’ÉQUIPE

Guy Sauvageau souligne que cette découverte est le fruit d’un travail d’équipe. « Il y a les gens du laboratoire de chimie médicinale de l’IRIC, dont Anne Marinier, Réjean Ruel, Yves Gareau, Stéphane Gingras et l’équipe de Jean Duchaine à la plateforme de criblage. Puis Iman Farès et Jalila Chagraoui, qui ont rédigé l’étude. »

L’hôpital Maisonneuve-Rosemont et Héma-Québec ont aussi participé aux travaux du Dr Sauvageau. « Héma-Québec a fourni 700 cordons pour nos recherches. Des cordons trop petits pour être utilisés pour une greffe », s’empresse-t-il de préciser.

Aussi cofondateur de l’IRIC, le Dr Guy Sauvageau l’avoue sans hésiter : après plus de 20 ans de recherche, c’est la découverte de sa vie. « Et que l’IRIC, un institut de recherche unique au pays, y soit associé, ça me rend encore plus heureux. »

Plus jeune, le chercheur s’était juré d’abandonner la science après une grande découverte. Rassurons-nous, le Dr Sauvageau semble maintenant plutôt enclin à ne pas respecter sa promesse. Pour le scientifique et son équipe, le meilleur est à venir.

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