En bref

La croissance américaine au ralenti

La croissance économique aux États-Unis a ralenti plus sévèrement que prévu au premier trimestre, marquée par une décélération des dépenses des consommateurs et une chute des investissements des entreprises, selon la première estimation du département du Commerce. Le produit intérieur brut (PIB) américain n’a progressé que de 0,5 % de janvier à mars en rythme annualisé, la plus faible expansion depuis l’hiver 2014. Le ralentissement est frappant sur les achats de biens qui ont stagné (+ 0,1 %), la plus mauvaise performance en presque cinq ans. L’autre mauvaise nouvelle est la chute des investissements des entreprises (- 5,9 %), le rythme le plus bas depuis le deuxième trimestre 2009 en pleine récession. — Agence France-Presse

JOANNIE CHARRON

Une notaire pas comme les autres

Talentueux, engagés, audacieux. La Presse Affaires présente le portrait de jeunes entrepreneurs, gestionnaires et professionnels qui forment la relève de demain.

Élevée dans la précarité en Abitibi par une mère seule, Joannie Charron s’était toujours juré de redonner à la société si, un jour, elle devenait notaire. Or, depuis sa sortie de l’université il y a cinq ans, la jeune juriste n’a cessé de multiplier les visites auprès des malades, des handicapés, voire des personnes en phase terminale.

La jeune femme de 30 ans a choisi d’exercer le notariat autrement. Elle consacre le tiers de son temps à desservir une clientèle qu’elle qualifie de « vulnérable ». Pour elle, il n’y a rien de plus grisant.

Cet altruisme cache néanmoins des qualités d’entrepreneure. Après avoir été reçue associée dans un cabinet peu après son arrivée sur le marché du travail, MCharron a racheté ses deux partenaires d’affaires au bout de quelques années. Résultat, elle est depuis peu la patronne d’un bureau de trois notaires à Saint-Étienne-de-Lauzon, en banlieue de Québec.

Joannie Charron aurait tout pour s’afficher comme une jeune professionnelle branchée qui court les 5 à 7. Elle cultive plutôt l’humilité. Elle préfère « Joannie » à « maître Charron » quand elle visite ses protégés. Et elle ne lésine pas sur sa disponibilité. Elle monte tous ses dossiers elle-même et passe parfois plusieurs heures avec un client qui, au bout du compte, ne lui rapportera que très peu, sinon aucun profit.

« Je veux rendre le notariat le plus accessible possible, explique-t-elle. Je ne facture pas pour un échange de courriels ni pour un appel téléphonique. Je fais moins d’argent, mais c’est mon choix. Mon cabinet m’aide à compenser, à payer les salaires et les frais fixes, et me permet de desservir une clientèle dont je me nourris. »

Quatre questions à une jeune juriste hors du commun.

Quel sont vos défis en tant que notaire ?

M’assurer que mes clients reçoivent toute l’information pertinente afin d’être bien renseignés sur toutes les facettes du notariat qui peuvent toucher leur vie. Je dois m’assurer que ces gens sont bien accompagnés dans chacune des étapes de leur vie et qu’ils reçoivent les conseils adéquats. Mon grand défi est également d’être à la fois notaire et propriétaire de mon entreprise. Le défi est de m’assurer que mes clients ont le meilleur de moi-même et que mes employés ont toujours leur patronne accessible, drôle et dynamique.

Quel a été votre pire échec duquel vous avez appris ?

Je n’ai pas à ce jour vécu de véritable échec professionnel. Par contre, je me souviens d’un dossier qui m’a longtemps marquée. J’avais rencontré longuement une cliente qui devait faire d’énièmes changements dans son testament. J’ai tenté de l’aider du mieux que je pouvais. Elle vivait de graves problèmes personnels qui dépassaient le cadre notarial et m’en faisait part régulièrement. J’ai su seulement quelques mois plus tard qu’elle avait des troubles de personnalité. Elle m’avait « choisie » pour régler ses problèmes, qui ne se réglaient finalement jamais. J’ai appris que je dois garder une certaine distance avec mes clients.

Où vous voyez-vous dans 10 ans ?

Je souhaite que ma pratique ait évolué tout en demeurant disponible auprès des personnes vulnérables. Je veux demeurer propriétaire de mon entreprise à Saint-Étienne-de-Lauzon, mais sûrement ouvrir une autre succursale à Québec. Je m’en souhaite tout autant personnellement, c’est-à-dire fonder une famille. Je souhaite également m’impliquer davantage à titre de femme d’affaires et impliquer de plus grands acteurs dans les causes qui me tiennent à cœur, dont la guignolée et le sapin de Noël des Chevaliers de Colomb, deux organismes dont j’ai profité dans ma jeunesse.

Nommez-moi une personne qui vous inspire.

En nommer une seule me serait impossible. Tous mes clients qui semblent vulnérables, et qui sont pourtant si forts à la fois, m’aident à continuer en tant que notaire. J’ai rencontré Pauline, une cliente à moi lourdement handicapée physiquement. Même si un accident survenu à l’âge de 18 ans lui a enlevé l’usage de ses jambes, Pauline a toujours gardé le sourire à ce jour. Elle est à l’aube de la soixantaine. Elle est une grande dame à mes yeux.

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