Congrès de Québec Solidaire

Pleins gaz vers l'indépendance

Un gouvernement solidaire refuserait de se soumettre à la Constitution et s'approprierait des pouvoirs fédéraux avant même la tenue d'un référendum

Un gouvernement de Québec solidaire mettrait en place des « gestes de rupture » avec le Canada dès son arrivée au pouvoir. Il percevrait taxes et impôts destinés au fédéral avant même la tenue d'un référendum sur l’indépendance, revendiquerait la compétence sur ses ports et agirait rapidement contre les entreprises pollueuses.

Le tout dans le but d’amorcer une transition rapide vers l’indépendance, l’enjeu au cœur du congrès réunissant quelque 600 délégués ce week-end à Longueuil.

Un gouvernement solidaire « ne va pas se soumettre à la Constitution canadienne », a expliqué le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti, citant la volonté de son parti de taxer les géants du web et d’engager des actions rapides pour protéger l’environnement.

« Le Parti québécois – et ça fait 25 ans qu’il oscille là-dessus –, il dit : “On est indépendantistes”, mais quand vient l’élection, il dit : “ah non, on ne le fera pas”, a-t-il ajouté. “Ou peut-être. Ou on va le faire si les conditions sont là. Ou on ne le fera pas avant un deuxième mandat.” » M. Zanetti juge qu’« il faut s’assumer », persuadé que cela ne fera pas perdre des votes au parti – au contraire, croit-il.

Fédéralistes de gauche

Questionnés à plusieurs reprises par les médias sur la place des fédéralistes de gauche à l’intérieur du parti indépendantiste, les différents députés présents ont répondu que le parti avait toujours été clair quant à sa position. Le leader parlementaire du parti, Gabriel Nadeau-Dubois, a affirmé « ne jamais en avoir rencontré » dans la formation.

« Tout le monde est bienvenu, mais Québec solidaire est un parti indépendantiste, il faut être d’accord avec la démarche indépendantiste. »

— Sol Zanetti, député de QS

L’ancien chef d’Option nationale, parti indépendantiste qui a fusionné avec Québec solidaire il y a deux ans, s’est dit persuadé d’arriver à convaincre des fédéralistes de changer de camp. Il a noté avoir lui-même été fédéraliste à l’adolescence avant de changer d’opinion sur le sujet.

Programme

Les délégués ont voté samedi un programme détaillé pour l’indépendance, prévoyant notamment le transfert des fonctionnaires fédéraux québécois et la continuité des pensions de retraite, mais aussi la défense des frontières. Ils ont préféré, à une forte majorité, l’option d’une armée à celle d’une défense civile. Un corps militaire formé selon le programme de Québec solidaire aurait un rôle axé sur la sécurité collective et la dissuasion, tout en défendant des valeurs féministes. Une formation sur l’éthique, le féminisme et les différents enjeux sociaux serait d’ailleurs donnée aux soldats.

« Nous sommes conscients qu’une des faiblesses historiques du mouvement indépendantiste, ç’a été de ne pas avoir réponse à toutes les questions, notamment sur la question de la transition. »

— Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de QS

Le parti, qui compte actuellement 10 élus à l’Assemblée nationale, assure qu’un référendum permettrait aux Québécois de se prononcer sur l’indépendance, même si certaines mesures seraient mises en place dès une éventuelle accession au pouvoir.

L’absence de plan de transition comme celui adopté par Québec solidaire est une des raisons expliquant la crise qui a suivi le référendum sur l’indépendance de la Catalogne, a dit aux militants l’ex-présidente d’Option nationale Émilie Charbonneau.

M. Nadeau-Dubois a dit vouloir faire l’indépendance en partenariat avec les Premières Nations, sans toutefois ouvrir la porte à une option de retrait pour eux d’un Québec souverain. « Ce n’est pas de diviser le territoire, c’est de le partager et de les consulter tout au long du processus », a-t-il précisé.

La co-porte-parole du parti, Manon Massé, a souligné de son côté l’urgence climatique et les mesures nécessaires pour y faire face, jugeant primordiale une « rupture avec le Canada pétrolier ».

Il a aussi été question d’écofiscalité lors du congrès, qui se termine dimanche. Les militants ont appuyé le principe du « pollueur payeur ».

Élection partielle

La députée Catherine Dorion brillait par son absence. Le parti a indiqué qu’elle serait présente par vidéoconférence, mais qu’elle restait à Québec pour appuyer le candidat Olivier Bolduc dans la circonscription voisine de la sienne, Jean-Talon, où une élection partielle aura lieu le 2 décembre prochain, à la suite du départ du libéral Sébastien Proulx.

Manon Massé a indiqué que la décision avait été prise « il y a plusieurs semaines ». « On est super contents qu’elle soit à Québec, à un moment stratégique du vote par anticipation », a-t-elle souligné.

La députée a été la cible de critiques de ses adversaires au cours des dernières semaines en raison de sa tenue vestimentaire.

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