Le Canadien

En attendant les pépins

Pour la deuxième année de suite, le Canadien a tout détruit sur son passage en octobre. Mais s’il a tiré des leçons de l’an dernier, Marc Bergevin ne devrait pas attendre une catastrophe comme une blessure à Carey Price pour apporter les correctifs qui s’imposent à son équipe. Aussi bon Al Montoya soit-il en ce début de saison.

Interrogé hier sur l’évaluation des besoins de son équipe, Bergevin a fait preuve de réalisme.

« On ne gardera pas ce rythme pendant 82 matchs, a-t-il reconnu, en référence à la fiche de 8-0-1 du Tricolore. C’est impossible. Il y aura des périodes difficiles. Ce sont des points en banque. Les deux points en octobre sont les mêmes qu’en avril. Il reste 73 matchs. Il y a plusieurs aspects à travailler. »

Il semblerait que le groupe de défenseurs fasse partie de ces aspects. En fait, à regarder l’équipe aller, le flanc gauche de la défense en est le talon d’Achille. Le collègue Nick Kypreos, de Sportsnet, a d’ailleurs affirmé samedi que Bergevin serait à la recherche d’un défenseur apte à jouer au sein des deux premiers duos. Quand on analyse la situation, on comprend d’où vient ce besoin.

Qui jouera avec Weber ?

Avec Shea Weber, Jeff Petry et, dans un rôle plus effacé, Greg Pateryn, le CH est en voiture du côté droit. Le principal problème semble être de trouver un arrière gaucher pour jouer avec Weber.

L’an dernier, Andrei Markov occupait ce rôle de premier défenseur gaucher, aux côtés du prédécesseur de Weber, P.K. Subban. Or, l’équipe voudrait réduire le temps d’utilisation de Markov, un souhait de nouveau formulé par Bergevin hier.

« C’est une bonne chose pour Markov d’obtenir un peu moins de temps de glace, a fait valoir le DG. Idéalement, quand je regarde la feuille de pointage, je voudrais voir un temps de jeu pratiquement identique pour tout le monde, mais c’est impossible. Si on peut retirer 1-2 minutes à Andrei de temps en temps, ça peut seulement l’aider. »

Michel Therrien tient parole jusqu’ici, en employant le Russe en moyenne 21 min 15 s. On poursuit ainsi la tendance à la baisse observée depuis trois ans. Et ce n’est pas en le jumelant avec Weber, qui passe en moyenne 26 minutes par rencontre sur la patinoire, que Markov jouera moins.

TEMPS D’UTILISATION MOYEN D’ANDREI MARKOV

Saison Temps

2013-2014 25 : 14

2014-2015 24 : 55

2015-2016 23 : 50

2016-2017 21 : 15

De plus, Markov montre jusqu’ici des signes de ralentissement. Il vient au 20e et dernier rang de tous les patineurs du Canadien pour le ratio buts marqués/buts accordés quand il est sur la patinoire à 5 contre 5.

Nathan Beaulieu a eu droit à la première chance aux côtés de Weber, mais l’expérience a pris fin après cinq matchs. Depuis, Beaulieu fait équipe avec Pateryn au sein du troisième tandem. Le jeune homme de 23 ans pourrait bien ravoir sa chance plus tard, mais les doutes subsistent.

C’est maintenant au tour d’Alexei Emelin d’être jumelé à Weber. Mais Emelin n’a jamais joué plus que 20 min 30 s en moyenne dans une saison. On voit mal comment, à 30 ans, il pourrait soudainement ajouter quatre minutes à ce chiffre, sans que l’équipe en ressente les conséquences.

C’est pourquoi, à moins que Beaulieu devienne du jour au lendemain capable d’excéder régulièrement les 20 minutes par match, le marché des transactions semble la voie à suivre pour Bergevin s’il veut solidifier son équipe.

« On se calme le pompon »

En attendant, tout le monde semble comprendre que ces succès de début de saison ne garantissent absolument rien à long terme.

« On est plus calmes, on a une attitude plus professionnelle. On pense seulement au match suivant. Je suis sûr que ça a beaucoup à voir avec Shea [Weber]. Il a cette attitude. C’est un match à la fois, on doit passer au suivant. »

— Marc Bergevin

Et quelle est-elle, cette attitude ?

« Nos succès ne veulent rien dire en ce moment, martèle Weber. Évidemment, c’est bon, on joue bien. Mais on doit encore s’améliorer. Vous avez vu ce qui s’est produit ici l’an dernier. On voit aussi ce qui se passe avec d’autres équipes. Les Ducks avaient connu un début de saison atroce l’an dernier [1-7-2 en octobre 2015] et ils ont fini parmi les meilleures équipes de la ligue. »

« Mais comprenez-moi bien, on ne crachera pas sur nos points, a enchaîné le vétéran défenseur. Ça ne sera pas plus facile par la suite, mais c’est mieux que de commencer avec cinq défaites de suite. Sauf que si tu t’assois sur tes succès, tu vas vite revenir à la case départ. »

« En avantage numérique, on marque au moment-clé, a rappelé Bergevin, lorsqu’un collègue lui a demandé d’énumérer ce qu’il aime de son équipe. Mais la saison est encore jeune, on va se calmer le pompon. L’attitude à adopter, c’est un match à la fois. Mercredi, ce sera les Canucks. L’an passé, notre 10e match, c’était contre Vancouver. J’espère qu’on va s’en souvenir. »

Les Canucks avaient en effet mis fin au début de saison parfait du CH, avec une victoire sans appel de 5-1, à Vancouver. On avait alors commencé à apercevoir des failles dans l’armure. Failles qui sont devenues encore plus visibles pendant les deux blessures à Price qui allaient suivre.

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