En Vrac

L’épicerie universitaire

Ce qui avait commencé comme un simple groupe d’achat étudiant est maintenant devenu une petite épicerie zéro déchet, à même le campus de l’Université de Montréal. Orge mondé, farine de sarrasin, canneberges séchées… Depuis un an, étudiants, professeurs et employés peuvent acheter une quarantaine de produits de base chez En Vrac – économie et écologie. Le tout, biologique, équitable, local, en vrac… et à petit prix.

« J’avais vu les prix très bas des distributeurs alimentaires, et je me disais qu’on pourrait faire un groupe d’achat avec des étudiants », raconte Samuel Frappier, instigateur du projet, qui amorçait alors son baccalauréat en nutrition, à l’automne 2016. Mais le fort engouement des étudiants l’a amené à revoir son idée, pour finalement donner naissance à En Vrac – économie et écologie.

Le démarrage de l’organisme à but non lucratif n’aura pas été de tout repos, surtout pour faire accepter le projet par l’Université. Après avoir monté un plan d’affaires et s’être assuré d’être en règle auprès du registraire des entreprises et du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), il a fallu attendre un an, soit à l’automne 2017, pour obtenir le feu vert de l’Université et avoir accès à un local dans le pavillon Marguerite-d’Youville, situé sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine.

Certains professeurs n’ont toutefois pas hésité à appuyer l’initiative des jeunes entrepreneurs. « Je trouvais ça beau qu’un tel projet soit mis sur pied par les étudiants, et d’une tristesse inouïe que l’Université leur mette des bâtons dans les roues », explique Jean-Claude Moubarac, professeur adjoint en nutrition internationale au département de nutrition de l’Université de Montréal.

Grâce à leur soutien, à celui du département de nutrition et de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), l’Université a finalement mis à la disposition des étudiants un local gratuit et de l’équipement.

Mieux s’alimenter, pour moins cher

En Vrac se donne comme mission d’offrir des aliments biologiques et en vrac le moins cher possible.

« Ce qui est intéressant, c’est qu’ils prennent en compte tous les facteurs environnementaux et écologiques. Ils ont une vision globale, holistique de l’alimentation, ce qui est inéluctable en 2018. »

— Malek Batal, professeur en nutrition et défenseur du projet depuis la première heure

L’initiative souhaite également sensibiliser les étudiants à une saine alimentation. « On est majoritairement des étudiants en nutrition, et ceux qui se joignent à nous tripent sur la bouffe », explique Alexandra Morin-Richard, présidente de l’organisme.

Une quinzaine de bénévoles sont impliqués pour assurer le bon fonctionnement du projet. Lors des heures d’ouverture de l’épicerie, chaque mardi midi et chaque mercredi soir, les clients apportent leurs contenants qu’un bénévole remplit et pèse. « Il n’y a pas de manipulation des aliments directement par les clients, pour respecter les normes d’hygiène du MAPAQ », précise Alexandra Morin-Richard.

L’épicerie propose sur son site web des recettes et organise des dégustations lors des heures d’ouverture. « Ça fait partie de notre mission comme futurs nutritionnistes, explique Samuel Frappier. On fait découvrir des céréales, des produits d’exception, nutritifs, qui sont aussi extrêmement abordables. »

2375, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, local 1103 du pavillon Marguerite-d'Youville de l'Université de Montréal. Ouvert à tous, les mardis de 11 h 45 à 12 h 45 et les mercredis de 16 h 15 à 17 h 45.

Une initiative inspirante

Le projet a depuis ses débuts suscité l’enthousiasme. Gagnant du prix Découverte de l’année au gala des bénévoles de l’Action humanitaire et communautaire de l’Université de Montréal, En Vrac a aussi été finaliste dans la catégorie environnement au gala Forces Avenir 2018. Il a également reçu le soutien de l’ONG Mobilisation Action Partage, grâce auquel les étudiants ont développé un « kit de mobilisation ». « J’ai reçu beaucoup de questions de la part d’étudiants de partout, et je ne pouvais pas leur donner quelque chose de satisfaisant », explique Samuel Frappier. Le guide, offert en ligne, présente les différentes étapes pour démarrer une telle initiative.

Deux autres projets étudiants nutritifs

Frigo Vert

Le Frigo vert de l’Université Concordia est un organisme sans but lucratif géré collectivement, qui se veut « une solution de rechange au capitalisme », explique Hunter Cubitt-Cooke, membre du collectif des travailleurs du Frigo vert. D’abord magasin d’alimentation, l’endroit a, au fil de sa vingtaine d’années d’existence, élargi son mandat et propose plusieurs activités éducatives ainsi qu’un espace café. « Nous voulons montrer aux gens comment prendre en main leur propre production alimentaire », souligne Hunter Cubitt-Cooke.

1440, rue Mackay. Ouvert à tous, du lundi au jeudi, de midi à 17 h.

Marché fermier de l’UQAM

Le Marché fermier est un projet d’Aliments d’ici, un comité de recherche membre du Groupe de recherches d’intérêt public (GRIP) de l’UQAM. « On voulait créer un lien entre les producteurs locaux québécois et les étudiants de l’UQAM, de même que les résidants du Centre-Sud », explique Karine Verrette, coordonnatrice du Marché. On y vend des légumes frais, locaux et biologiques à bas prix, des aliments difficiles à trouver dans le quartier.

225, avenue du Président-Kennedy et sur le parvis de la Grande Bibliothèque. Ouvert en septembre et octobre (selon le temps et les récoltes).

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