Montréal

La Ville éliminera la vente des boissons sucrées de ses bâtiments

Il ne sera bientôt plus possible d’acheter une boisson sucrée dans un aréna de Montréal ou dans tout bâtiment appartenant à la Ville. Les élus montréalais ont adopté hier soir une motion visant à éliminer graduellement la vente de ces produits dans les édifices municipaux de la métropole.

« On souhaiterait proposer autre chose que des boissons très calorifiques et sucrées », a résumé la mairesse Valérie Plante, à l’issue de la séance du conseil municipal.

La décision d’interdire la vente de boissons sucrées dans les installations de Montréal a été prise à la surprise générale, hier, alors que les élus débattaient d’une proposition pour demander à Ottawa d’imposer une taxe sur ces produits. Non seulement la suggestion du conseiller Marvin Rotrand a- t-elle reçu l’appui de tous ses collègues, mais encore l’opposition a proposé d’aller plus loin en interdisant la vente de ces produits dans tous les bâtiments municipaux de la métropole, question de donner l’exemple.

Après débat, il a été décidé d’ajouter à la motion un point pour prévoir l’élimination graduelle – et non dans les 12 prochains mois comme il avait d’abord été évoqué – de la vente de boissons sucrées dans les bâtiments municipaux de Montréal. La motion a été adoptée avec 54 votes pour et 5 contre. Ces produits disparaîtront ainsi des machines distributrices et comptoirs alimentaires au fur et à mesure que les contrats avec les fournisseurs de la Ville arriveront à échéance.

Collaboration

Même si l’initiative provenait des bancs de l’opposition, la mairesse a dit appuyer entièrement la proposition. « Comme ville, on soutient la pratique d’exercices physiques, à travers nos arénas, nos stades et nos parcs. Mais pour l’alimentation aussi, c’est important », a fait savoir Mme Plante.

Si la décision peut sembler avoir été prise précipitamment, Valérie Plante souligne que « c’est un sujet dont on parle depuis un bon bout de temps ». Elle dit avoir refusé de renvoyer la question en commission pour étude, estimant qu’il n’était pas judicieux de « gagner du temps » sur un tel enjeu. 

« C’est un message important à envoyer que, la santé, on prend ça au sérieux. »

— La mairesse Valérie Plante

Cette façon de faire a grandement plu au conseiller Marvin Rotrand, saluant l’ouverture de l’administration aux suggestions de l’opposition. « J’aime le nouveau conseil municipal où tout le monde est ouvert aux bonnes idées. Un conseil collégial peut amener des idées intéressantes. » Celui-ci n’a pas caché qu’il souhaitait voir ses collègues bannir aussi la malbouffe des installations municipales.

Plusieurs détails restent encore à voir avant que la vente de ces produits devienne chose du passé, notamment déterminer avec précision quels produits seront interdits et s’il sera permis d’apporter sa propre boisson sucrée dans les installations de Montréal. D’où l’idée d’y aller graduellement avec leur élimination, a indiqué Rosannie Filato, élue responsable du développement social. « Ça ne peut pas être fait du jour au lendemain. On va étudier tout cela. »

Accueil favorable et réserves

La proposition d’éliminer complètement les boissons sucrées a tout de même soulevé un malaise chez certains élus. « Allons-nous instaurer une police du sucre ? », a demandé le maire d’Anjou, Luis Miranda.

Le chef de l’opposition par intérim, Lionel Perez, a tenu à se faire rassurant. 

« C’est déjà en place à Côte-des-Neiges– Notre-Dame-de-Grâce et il n’y a pas de police du sucre », a-t-il dit.

Le conseiller Richard Deschamps a lui aussi manifesté son malaise, disant que son arrondissement, LaSalle, avait mis en place une telle pratique, sans grand succès. « Ça n’a pas été concluant. Beaucoup de concessionnaires ont dû revoir leur offre ou fermer leurs portes. »

La décision de Montréal d’éliminer la vente de boissons sucrées a été bien accueillie par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, qui appuyait la démarche du conseiller Rotrand sur l’imposition d’une taxe. 

« C’est une excellente nouvelle. La santé, ce n’est pas juste l’affaire du gouvernement fédéral ou provincial. La Ville de Montréal prend un geste significatif et j’espère que ça va inspirer d’autres villes à emboîter le pas. »

— Kevin Bilodeau, de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC

Bien que l’interdiction ne touche que les installations municipales, M. Bilodeau estime que Montréal envoie un message plus large. « C’est un signal que les boissons n’ont pas leur place dans l’alimentation quotidienne. »

La Fédération canadienne des contribuables (FCC) a quant à elle déploré de voir Montréal demander à Ottawa l’ajout d’une taxe sur les boissons sucrées. « Malgré des objectifs qui – à première vue – peuvent sembler nobles, cette taxe n’est rien de moins qu’une nouvelle façon d’engraisser les revenus des gouvernements en pigeant dans les poches des contribuables qui peinent déjà à joindre les deux bouts », a dénoncé Carl Vallée, directeur québécois de la FCC.

Pitbulls : « une décision irresponsable » 

La suspension de l’interdiction des pitbulls mettra la sécurité des Montréalais en danger, a dénoncé hier l’opposition à l’hôtel de ville. Vendredi, l’administration Plante a annoncé qu’elle comptait suspendre une partie du règlement sur les chiens dangereux adopté sous Denis Coderre, soit toutes les portions touchant directement les pitbulls. « C’est une décision irresponsable de la part de l‘administration. Ça va mettre la sécurité publique des Montréalais à risque », a dénoncé hier Lionel Perez, chef de l’opposition par intérim. La mairesse Valérie Plante a vivement réagi à cette sortie. « M. Perez essaie de faire peur aux gens. Ce que [le règlement] a créé, c’est un faux sentiment de sécurité en ciblant les pitbulls. »

Vers la fin des cravates obligatoires

L’obligation de porter une cravate pour les élus masculins pourrait bientôt être chose du passé à l’hôtel de ville de Montréal. Les élus montréalais ont adopté hier soir à l’unanimité une motion du maire d’Anjou, Luis Miranda, afin de demander à la présidente du conseil, Cathy Wong, d’étudier la fin de cette règle vestimentaire. Vétéran de l’hôtel de ville, le conseiller Marvin Rotrand a rappelé que les règles ont déjà été révisées. En 1974, le maire Jean Drapeau s’était opposé à ce qu’une élue porte un pantalon dans l’enceinte du conseil municipal, estimant qu’elle devait porter une jupe. La séance suivante, toutes les élues avaient revêtu un pantalon en soutien à leur collègue, poussant Montréal à réviser son règlement.

Le nom de Coderre disparaît

Un mois après sa défaite électorale, le nom de Denis Coderre a définitivement disparu du paysage de l’hôtel de ville de Montréal. Les membres du parti que l’ex-maire a dirigé pendant quatre ans ont décidé de se regrouper sous une nouvelle bannière, soit celle de Mouvement Montréal. « Avec ce changement de nom, nous amorçons un nouveau départ. Nous avons l’ambition de faire avancer Montréal », a déclaré Lionel Perez, qui agit comme chef intérimaire de la formation. Mouvement Montréal rassemble 38 élus, soit 24 conseillers de ville et 14 conseillers d’arrondissement. « Nous sommes confiants que notre parti est là pour rester. Au cours des dernières semaines, nous avons pu démontrer notre pertinence. On sera là pour les prochaines élections [de novembre 2021] », a dit Lionel Perez.

Coalition Montréal s’accroche

Le seul tiers parti présent à l’hôtel de ville, Coalition Montréal, a annoncé quant à lui qu’il entendait demeurer actif sur la scène municipale, malgré « un résultat électoral décevant ». Le 5 novembre dernier, un seul des 17 candidats de la formation a réussi à se faire élire, soit son chef, Marvin Rotrand. Malgré tout, « les membres du parti Coalition Montréal [...] ont pris position en faveur de la poursuite des activités au-delà de 2017 », indique la formation dans un communiqué diffusé hier. Afin de demeurer pertinent, le parti qui clame compter 800 membres lancera en janvier une campagne de recrutement.

En guerre contre les évictions abusives

Afin de freiner l’embourgeoisement, l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie entend s’attaquer aux évictions abusives de locataires. Ce quartier de Montréal dit vivre un nouveau phénomène alors que plusieurs promoteurs évincent des locataires d’une façon détournée afin de convertir des immeubles locatifs en condos. Certains présentent en effet des demandes de permis de rénovations majeures et se tournent ensuite vers la Régie du logement pour demander l’éviction du locataire. Mais voilà, ces travaux n’ont jamais lieu. Disant vouloir mettre fin à ces « évictions abusives », le maire de Rosemont, François Croteau, a indiqué être à travailler sur une façon d’exiger des demandeurs la preuve que les travaux ont été effectués. S’ils n’ont pas lieu, l’arrondissement compte fournir aux locataires évincés tous les documents nécessaires pour s’adresser à la Régie du logement.

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