Chronique

Le double deuil des Pays d’en haut

Vous n’avez pas visionné la finale des Pays d’en haut d’hier soir ? OK, un sérieux rappel à l’ordre s’impose, car vous risquez à tout moment d’apprendre le plus gros punch de la saison par inadvertance. Et vous ne voulez pas ça.

Évidemment, l’alerte au divulgâcheur résonne ici de façon aussi puissante que le rossignol du Nord ou un cri du curé Antoine Labelle, choisissez.

Pauvre curé Labelle (Antoine Bertrand). Il n’aura pas survécu à l’opération pour soigner son hernie, qui a débouché sur une septicémie fatale.

La scène de sa mort restera gravée longtemps dans les annales de la télé québécoise. 

Les silences, les murmures et l’intensité dosée des acteurs, tout fonctionnait dans cette séquence touchante, filmée de façon brillante par le réalisateur Yan Lanouette Turgeon.

La lettre écrite par Arthur Buies (Paul Doucet) en hommage à son grand ami, un quasi-frère, a probablement tiré des larmes à plusieurs fans des Pays d’en haut. Et ces séquences émouvantes ont été jouées avec beaucoup de finesse par la distribution. De la grande télévision.

En écrivant les dernières répliques du curé Labelle, l’auteur Gilles Desjardins a aussi vécu un deuil qu’il qualifie d’authentique. « C’est un personnage qui a un capital de sympathie extraordinaire. Le comédien Antoine Bertrand aussi », explique l’auteur.

La décision de le faire mourir a été très difficile à prendre. Mais pour se coller le plus possible à la vraie vie de cette figure historique, Gilles Desjardins a décidé de boucler la courbe dramatique du curé le plus sympathique – et le plus acharné – du clergé.

Rien n’aurait pu sauver la vie du fils à sa Mouman (Josée Beaulieu). Pas même les fioles de morphine que Séraphin (Vincent Leclerc) a volontairement écrabouillées, ni les chapelets débités à toute vitesse par la très intense Caroline Malterre (Anne-Élisabeth Bossé). L’empoisonnement du sang ne pardonne pas.

Avant de pousser son dernier râle, le curé Labelle a accueilli avec une bienveillance étonnante les confessions de Donatienne (Kim Despatis), qui lui a révélé son amour pour Pâquerette (Romane Denis). 

« C’est le bon Dieu qui t’a faite comme ça. C’est lui qui décide. Pis lui, ce qu’il veut, c’est que tu sois heureuse », a soufflé notre bon curé à la fille du Dr Cyprien Marignon (Roger Léger).

Un prêtre de la fin du XIXe siècle aurait-il vraiment réagi de cette façon ? « Le curé Labelle avait une réelle ouverture d’esprit, il était facile d’accès et il n’était pas dans le jugement », rappelle Gilles Desjardins.

La cinquième et ultime saison des Pays d’en haut repartira sur des bases neuves. Séraphin Poudrier conservera son poste de sous-ministre, et Sainte-Adèle vivra une catastrophe. « Séraphin a pris des engagements envers le curé. Les respectera-t-il ? », demande Gilles Desjardins.

Nous le découvrirons l’hiver prochain dans les six derniers épisodes de cette riche saga historique, une des meilleures productions en ondes actuellement.

Rions avec Pénélope !

Pénélope McQuade ne se tournera pas les pouces l’automne prochain. En plus de piloter l’émission radiophonique qui remplacera Médium large à la radio de Radio-Canada, elle animera une nouvelle émission de variétés intitulée Faites-moi rire !, destinée à la télévision publique.

J’ai vu un extrait de l’émission pilote hier et je me suis beaucoup amusé. Le concept ? Toutes les semaines, Pénélope McQuade décortiquera l’ADN humoristique de ses deux invités. Qu’est-ce qui les fait rigoler ? Quels comptes Instagram leur décrochent des sourires ? Qui sont leurs idoles en stand-up ? Vous voyez le genre.

Dans l’épisode test, Patrice Bélanger et Isabelle Racicot ont servi de cobayes à Pénélope McQuade. Pour placoter et les dérider, trois « associés », pigés dans une banque de six à dix collaborateurs, s’amènent ensuite en studio et offrent aux convives des numéros comiques taillés sur mesure. Arnaud Soly, Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques et Josiane Aubuchon ont brisé la glace pour ce premier essai.

Les associés peuvent revisiter des monologues classiques de l’humour québécois, parodier une chanson connue ou recréer une scène de film marquante, rien n’est exclu.

Des invités-surprises se grefferont également aux 12 épisodes d’une heure commandés par Radio-Canada.

« Plus on est en gang, plus c’est drôle », note Pénélope McQuade. Les enregistrements démarreront à l’été. Le titre de travail de Faites-moi rire ! a longtemps été Ça, c’est drôle.

Faites-moi rire ! est un concept québécois développé par la boîte Zone 3. La date de diffusion n’a pas été précisée, même si cette nouveauté semble conçue pour s’installer dans la case laissée vacante par le débranchement des Dieux de la danse.

Radio-Canada bouclerait alors son cycle de remplacements à l’interne. À partir du 1er avril, Jean-Philippe Wauthier prendra la place des Échangistes de Pénélope McQuade avec son talk-show Bonsoir, Bonsoir, tandis que Pénélope McQuade tiendra les rênes de Faites-moi rire !, qui s’installera dans l’ancienne plage horaire de Jean-Philippe Wauthier.

C’est le cercle de la vie, comme dirait le Roi lion.

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