Montréal

La rue Sainte-Catherine pourrait être dotée de trottoirs chauffants

Enjamber des bancs de neige ou mettre le pied dans la gadoue sera peut-être bientôt chose du passé rue Sainte-Catherine Ouest. Montréal étudie sérieusement la possibilité de doter sa principale artère commerciale de trottoirs chauffants, a appris La Presse.

Depuis le début de la consultation sur l’avenir de la « Sainte-Cath », l’idée de chauffer les trottoirs a été fréquemment soulevée. Encore hier, plusieurs participants à un forum rêvaient ouvertement de mettre fin aux désagréments de l’hiver sur la principale artère commerciale de la métropole.

Devant la forte demande, la Ville de Montréal a donc demandé à ses ingénieurs de mener une étude de faisabilité sur les trottoirs chauffants. L’objectif est de répondre aux nombreux points d’interrogation que soulève une telle « innovation », comme se plaît à la décrire Claude Carette, directeur des infrastructures, de la voirie et des transports de la métropole.

« Est-ce qu’on peut le faire techniquement ? Et comment l’intègre-t-on dans un projet ? On va évaluer l’opportunité de l’idée en fonction du coût, évidemment », a-t-il confié en entrevue à La Presse.

Selon nos informations, les résultats de cette étude sont attendus d’ici la fin du mois. Claude Carette précise qu’une décision devra être prise au début de l’hiver, la Ville souhaitant lancer la préparation des plans et devis rapidement l’an prochain afin de procéder à une première phase des travaux dès 2016.

L’étude cherche surtout à bien comprendre les « contraintes de réalisation » des trottoirs chauffants. Quelle énergie utiliser : la géothermie ou l’électricité ? « Quand cette eau va fondre, où va-t-elle aller ? Dans un caniveau, le long du trottoir ? Il ne faut pas que cette eau gèle à nouveau », illustre Claude Carette.

Montréal doit aussi évaluer les limites d’un tel système. L’expérience d’autres villes démontre que les trottoirs chauffants fonctionnent moins bien lorsque le mercure descend trop. M. Carette précise que Montréal souhaite chauffer seulement les trottoirs et non la rue sur toute la largeur, ce qui ferait augmenter la facture.

VOIE DU FUTUR

L’association représentant les entreprises du secteur voit d’un très bon œil l’installation de trottoirs chauffants. « Ce serait une idée géniale. C’est la voie du futur », affirme André Poulin, directeur général de Destination centre-ville. Rencontré en marge d’un forum tenu hier sur l’avenir de la « Sainte-Cath », celui-ci a estimé que l’élimination automatique de la neige accentuerait l’attrait commercial de la rue en hiver. Un tel dispositif serait particulièrement le bienvenu durant les Fêtes, la plus importante période de l’année pour les commerçants.

« S’il n’y a plus de neige, on peut se permettre un mobilier urbain de meilleure qualité parce qu’il n’est pas abîmé par la machinerie qui procède à l’enlèvement de la neige. Il n’y a plus non plus de gadoue pour les citoyens qui se promènent. »

— André Poulin, directeur général de Destination centre-ville

Souvent, en hiver, les piétons qui arpentent la rue Sainte-Catherine doivent marcher dans l’étroit sillage des chenillettes déblayant la rue. Ils doivent également enjamber des amoncellements de neige aux coins de rue.

André Poulin prévient toutefois que Montréal devra résister à la tentation de refiler la facture aux commerçants. « Les entreprises du centre-ville payent déjà beaucoup, plus de 15 % des taxes récoltées par la Ville », dit-il. Il ajoute que les trottoirs chauffants pourraient « se payer d’eux-mêmes » puisque la Ville économisera chaque année en frais de déneigement.

Claude Carette précise que l’étude en cours ne se penche pas sur le partage des coûts, mais simplement sur la faisabilité du projet.

Ce type d’infrastructure existe depuis de nombreuses années en Europe et au Japon. En Norvège, plusieurs trottoirs au centre-ville d’Oslo sont chauffés. Ce n’est pas la Ville qui a payé pour ces travaux, mais les commerçants.

Aux États-Unis, la ville de Holland, au Michigan, dispose aussi de telles installations depuis 25 ans déjà. La municipalité a installé un long réseau de tuyaux dans lequel circule de l’eau chaude. Pour réduire les coûts, la municipalité utilise les surplus d’énergie de sa centrale électrique pour chauffer l’eau.

VERS UN TUNNEL SOUS LA RUE

Au-delà des trottoirs chauffants, Montréal mène plusieurs autres études pour l’aménagement de la rue Sainte-Catherine. L’une d’elles s’intéresse à l’aménagement d’une galerie souterraine sous l’artère. Contrairement au « Montréal souterrain », ce tunnel ne serait pas ouvert au public, mais servirait au passage de conduites ou de câbles. Un tel aménagement permettrait d’éviter d’avoir à ouvrir la rue chaque fois qu’il y a des réparations à effectuer. « Ça nous permettrait de réduire les impacts des travaux », résume Claude Carette.

D’autres études sont également en cours, notamment sur l’impact de la piétonnisation que plusieurs réclament – et que d’autres appréhendent. Une autre s’intéresse à l’impact sur la circulation et le stationnement des différents scénarios proposés dans le cadre de la consultation.

Rue Sainte-Catherine

LES MONTRÉALAIS FONT VIVRE LA RUE SAINTE-CATHERINE

52 %

Un sondage mené en mai auprès de 50 commerçants de la rue Sainte-Catherine démontre que l’artère survit principalement grâce aux Montréalais. Les entreprises sondées ont indiqué qu’un peu plus de la moitié de leur chiffre d’affaires provient de résidants de l’île. Les travailleurs provenant de l’extérieur représenteraient un peu plus du quart, tandis que la portion restante serait attribuable aux touristes.

Rue Sainte-Catherine

LES COMMERÇANTS S’OPPOSENT À LA PIÉTONNISATION

Une cinquantaine de commerçants sondés en mai s’opposent majoritairement à l’idée d’interdire les voitures dans la rue Sainte-Catherine.

52 % estiment que l’artère ne devrait jamais être piétonnisée.

32 % souhaitent que la rue soit destinée aux piétons les fins de semaine en été.

12 % estiment que l’artère devrait être piétonnisée toute la semaine en été.

12 % croient que la rue pourrait être interdite aux voitures la fin de semaine à Noël.

6  % jugent que l’artère doit être piétonnisée toutes les fins de semaine, à longueur d’année.

4 % croient que la rue devrait être piétonnisée toute la semaine à Noël.

Rue Sainte-Catherine

PLUS DE STATIONNEMENTS RÉCLAMÉS

Pour rendre la rue Sainte-Catherine plus attrayante, Montréal doit offrir davantage de stationnements dans le secteur. C’est du moins la principale conclusion d’un sondage Léger Marketing mené après de 1003 résidants de la région métropolitaine. Quand on leur demande ce qui améliorerait l’attrait de la rue, 18 % répondent la facilité du stationnement et 14 %, la gratuité ou la baisse des coûts pour garer sa voiture.

Rue Sainte-Catherine

LA PRINCIPALE ATTRACTION TOURISTIQUE

La principale attraction visitée par les touristes à Montréal se trouve rue Sainte-Catherine : le Centre Eaton. Selon un coup de sonde de Tourisme Montréal mené en 2013, 27 % des visiteurs se sont rendus dans ce centre commercial durant leur séjour. Un peu plus à l’est, toujours rue Sainte-Catherine, le Village gai serait devenu le deuxième pôle d’attraction touristique de la métropole, 26 % des touristes affirmant y être allés en 2013. Les touristes qui viennent à Montréal disent avoir été attirés par le magasinage, la restauration de fine cuisine, la diversité culturelle. À noter, 5 % des touristes disent aussi vouloir visiter des bars de danseuses…

Rue Sainte-Catherine

SAINTE-CATHERINE PEU POPULAIRE DANS LE 450

Un sondage Léger démontre que 17 % des résidants de la région de Montréal ne fréquentent pas du tout la rue Sainte-Catherine. La proportion de « non-visiteurs » est particulièrement élevée chez les personnes âgées de plus de 65 ans et chez les résidants de la couronne nord et de la Rive-Sud. Sur les 1003 répondants, 69 % se sont décrits comme des visiteurs occasionnels, c’est-à-dire qu’ils y vont moins d’une fois par mois. Enfin, 14 % sont des visiteurs fréquents. Ceux-ci sont âgés de 18 à 44 ans, sont anglophones ou allophones et habitent l’île de Montréal.

Rue Sainte-Catherine

UNE JOURNÉE DANS LA VIE DE LA « SAINTE-CATH »

Les journées sont occupées, rue Sainte-Catherine, alors que près de 22 000 piétons s’y déplacent chaque jour dans le tronçon entre les rues Crescent et Aylmer. Voici un extrait d’une vidéo condensant 24 heures de la vie sur la « Sainte-Cath » en deux minutes, tiré de Saintecath.ca

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