Des raisons d’être fière

La cycliste québécoise Simone Boilard a réussi son entrée aux Championnats du monde d’Innsbruck, finissant cinquième du contre-la-montre individuel junior, hier. De quoi lui donner des ailes pour la course sur route de jeudi.

La prudence est de rigueur quand vient le temps de projeter le potentiel d’une athlète de 18 ans. Les références sont souvent peu nombreuses et les trajectoires ultérieures, parfois aléatoires.

L’an dernier, à sa première saison junior, Simone Boilard s’était annoncée en se classant huitième de la course sur route des Championnats du monde de Bergen, en Norvège.

Ce résultat prometteur mettait la table pour son deuxième essai aux Mondiaux d’Innsbruck. La cycliste de Québec n’a pas failli, terminant cinquième du contre-la-montre individuel grâce à une deuxième moitié de course remarquable, hier.

« Je pense que je peux être fière ; cinquième au monde, je trouve ça quand même vraiment bon », a commenté Boilard quelques heures après la fin de l’épreuve.

« Je suis encore en progression par rapport à une huitième place. C’est juste du positif. »

— Simone Boilard

L’air de rien, la jeune femme a obtenu le meilleur résultat canadien féminin de l’histoire au contre-la-montre junior des Mondiaux (1). Fraîchement couronné au Tour de l’Abitibi de 1994, Guillaume Belzile, de Rimouski, avait fini au pied du podium lors de la première présentation de l’épreuve chronométrée individuelle chez les juniors aux Mondiaux d’Agrigento, en Italie.

« J’avais le goût de jouer »

Boilard a franchi les 19,8 km en 27 min 27,06 s pour une moyenne horaire de 43,3 km/h. Troisième au moment de traverser le fil, elle regrettait un départ trop prudent (12e au passage intermédiaire de mi-parcours) et des erreurs de trajectoire qui lui ont probablement coûté quelques secondes.

« Je m’en rendais compte moi-même… J’étais comme : ouin, je ne vire pas super bien ! a-t-elle admis. Les gens qui me suivaient en auto ont dit qu’ils pensaient que j’avais fait un kilomètre de plus à ne pas couper les courbes… Ça fait partie de l’expérience junior, aussi, d’apprendre de ses erreurs. »

La championne canadienne a terminé à 24,11 s de la gagnante, la Néerlandaise Rozemarijn Ammerlaan, mais à moins de 7 secondes de la médaillée de bronze, la Britannique Elynor Bäckstedt, 16 ans seulement et fille de Magnus Bäckstedt, ancien vainqueur de Paris-Roubaix. Deuxième à s’élancer, Camilla Alessio a occupé la position de meneuse toute la matinée avant de se faire déloger par Ammerlaan. L’Italienne s’est contentée de l’argent.

Au premier CLM international de sa carrière, Boilard a terminé devant les cinq coureuses qui ont fini aux positions 1 à 5 aux derniers championnats européens. Elle a réalisé le troisième temps sur la deuxième moitié de parcours. Seules les médaillées d’or et d’argent ont fait mieux qu’elle dans cette portion plus accidentée.

« Aujourd’hui, j’avais le goût de jouer, le goût de me faire mal, a-t-elle relevé. Je n’étais pas dans le stress ou l’anxiété. J’étais vraiment plus dans l’excitation, j’avais hâte. Ça a paru. Je ne pense pas que j’aurais ouvert [la machine] comme ça dans la deuxième partie si j’avais été angoissée ou si je m’étais crispée sur mon vélo. Là, je laissais tout sur la route, j’avais envie d’être là. Je pense que je peux être fière. »

Simone Boilard n’a maintenant qu’une idée en tête : la course sur route de jeudi. « J’ai fini huitième, cinquième, j’espère que ça continuera d’aller en s’améliorant ! J’ai vraiment, vraiment hâte. J’aimerais que ce soit demain, mais il reste encore deux jours… »

Magdeleine Vallières-Mill, l’autre partante canadienne, a chuté dans un carrefour giratoire en début d’épreuve. La Sherbrookoise de 17 ans s’est relevée pour rallier l’arrivée au 46e et dernier rang. Une radiographie a révélé une fracture à un pouce. Un plâtre adapté à la prise de son guidon devrait lui permettre de s’aligner sur route, a indiqué le chef de l’équipe canadienne, Louis Barbeau.

(1) Si l’on ne tient pas compte de la victoire de Geneviève Jeanson en 1999 et de sa médaille de bronze en 1998. Son nom figure toujours au palmarès officiel en dépit de ses aveux voulant qu’elle était dopée à l’EPO depuis l’âge de 16 ans. Par ailleurs, Clare Hall-Patch, de Victoria, a obtenu le bronze à la course sur route en 2000.

Zukowsky 21e

Nickolas Zukowsky est un autre jeune talent dont on dit beaucoup de bien dans le milieu. Le coureur de 20 ans s’est révélé à la hauteur, réalisant le 21e temps au contre-la-montre des moins de 23 ans. Grâce à une excellente deuxième moitié de course sur le parcours d’une distance totale de 27,7 km, l’athlète de Sainte-Agathe a terminé à moins de 50 secondes du podium. Adam Roberge, plus attendu en vertu de son titre national devant Zukowsky, a fini 40e. Grand favori, le Danois Mikkel Bjerg a gagné l’or pour la deuxième année de suite, s’imposant par plus de 30 secondes sur le Belge Brent Val Moer et son compatriote Mathias Norsgaard. À 19 ans seulement – il lui reste donc trois saisons U23 – , Bjerg fait figure de phénomène. Les Mondiaux se poursuivent aujourd’hui avec les contre-la-montre masculin junior (le Québécois Robin Plamondon est au départ) et féminin élite, où Karol-Ann Canuel cherchera à renouer avec le top 10 mondial.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.