Éditorial : Limites de vitesse à Montréal

Pas si vite !

Pas si vite ! C’est en quelque sorte ce que la Ville de Montréal vient d’envoyer comme message. Le maire Denis Coderre a annoncé mardi la réduction des limites de vitesse sur une bonne partie du territoire montréalais.

C’est une excellente nouvelle.

Car c’est un des moyens les plus efficaces pour faire diminuer le nombre de morts et de blessés dans les rues des villes.

Plusieurs études, ici comme ailleurs, le démontrent. Elles prouvent aussi que les blessures lors de collisions à vitesse réduite sont moins sérieuses.

L’idée de base est assez simple : la Ville demande aux arrondissements de faire respecter une limite maximale de 30 km/h dans les rues locales des quartiers résidentiels et à certains endroits jugés cruciaux comme les zones scolaires. Dans toutes les autres artères des secteurs centraux de la ville, on roulera à un maximum de 40 km/h.

Ces modifications tombent sous le sens. Dans ces quartiers plus densément peuplés, les usagers vulnérables sont plus nombreux.

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On a assisté au Québec, il y a maintenant plusieurs années, à une prise de conscience salutaire. On a reconnu qu’il y avait trop de morts et de blessés sur nos routes. Et on a commencé à agir pour y remédier.

Chaque drame provoqué par une collision évitable – il y en a encore trop – nous rappelle qu’il serait absurde de mettre un frein à nos efforts.

Selon cette logique, Montréal a pris un engagement audacieux l’automne dernier en adhérant à ce qu’on appelle la « vision zéro ». Zéro comme dans zéro mort et zéro blessé grave.

On n’y parviendra pas en restant les bras croisés. Bon nombre d’élus montréalais l’ont compris. La diminution de la vitesse est l’un des neuf engagements « à court terme » pris par la Ville pour tenter d’atteindre cet objectif.

Notons que Denis Coderre n’est pas un pionnier en la matière. Certains arrondissements ont déjà (entre autres choses) limité la vitesse sur leur territoire. Mais l’intervention de l’administration municipale était nécessaire pour généraliser et uniformiser ces initiatives louables et essentielles, mais jusqu’ici éparpillées.

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Pas si vite ! C’est aussi, en quelque sorte, ce qu’il faut envoyer comme message à la Ville. Car les autorités municipales ne devraient pas crier victoire trop rapidement.

Demander aux automobilistes de ralentir ne signifie pas… qu’ils vont ralentir.

Modifier la signalisation et mener des campagnes de sensibilisation ne suffiront pas, estiment les experts en la matière.

Il y a, d’ailleurs, un précédent qui le démontre. Les limites de vitesse ont déjà été réduites à Montréal. Elles sont passées de 50 km/h à 40 km/h dans les rues résidentielles il y a moins de 10 ans. Une étude a toutefois prouvé que cette réduction « n’a pas eu d’impact global significatif sur la vitesse moyenne » des véhicules.

Le diable est donc dans les détails. Il est crucial de mettre de l’avant une série de mesures complémentaires, physiques, qui forceront les automobilistes à ralentir. Des dos d’âne aux saillies de trottoir en passant par des intersections surélevées.

Le réaménagement des rues doit se poursuivre en tenant compte des besoins de tous, particulièrement des plus vulnérables, c’est-à-dire les cyclistes et les piétons. Sans toutefois évacuer la responsabilité de ces derniers qui, pour certains, se comportent encore comme s’ils étaient au-dessus des lois. En ce sens, soulignons que la Ville vient aussi d’annoncer un partenariat avec Vélo Québec pour mettre sur pied des formations de « cyclistes avertis » ciblant les jeunes. C’est tout sauf superflu.

Ne crions donc pas victoire trop vite, mais notons tout de même, avec enthousiasme, que la Ville est en train de se donner de nouveaux moyens de sauver des vies.

Où roulera-t-on à 30 km/h à Montréal ?

1. Rues locales des quartiers résidentiels

2. Zones scolaires et face aux terrains de jeux

3. Rues commerciales ayant une voie par direction (comme l’avenue du Mont-Royal)

4. Rues du Vieux-Montréal (dans certaines rues, comme Saint-Paul, la vitesse sera de 20 km/h)

Source : Cabinet du maire et du comité exécutif de Montréal

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