Un magazine pour Planète F

Après le web, Planète F lancera un magazine papier, dès le mois de mai. On nous promet du contenu exclusif, notamment un article sur la conciliation travail-famille, les familles autochtones, les enfants handicapés et les familles immigrantes. Planète F est un média indépendant dont la mission est d’informer et de faire réfléchir les familles à une foule d’enjeux de société. Le magazine sera ensuite en vente dans les boutiques famille spécialisées et sur le site de Planète F.

— Silvia Galipeau, La Presse

entrevue

Un cœur pour la vie

Parce que la santé du cœur ne relève pas du hasard, et parce qu’il est possible de prévenir plusieurs problèmes cardiovasculaires et respiratoires ainsi que certains cancers, le cardiologue Martin Juneau, directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal, publie Un cœur pour la vie, « un mode d’emploi détaillé et scientifique pour vivre mieux et plus longtemps en santé ». Entrevue.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

Les gens parlent beaucoup des habitudes de vie, bouger plus, manger mieux. Mais il y a aussi toute la science derrière qui est très intéressante. Par exemple, la quantité minimum d’activité requise pour la santé, l’alimentation (ce qui est vrai derrière toutes les controverses, les gras, les sucres), etc. Ce sont des notions que les gens aiment. Donc écrire un livre où toutes ces informations sont détaillées et que les gens peuvent consulter semblait une bonne idée. Mais ça représente énormément de travail. J’ai lu et relu environ 2000 articles scientifiques pour être certain de tout couvrir. Le chapitre de l’alimentation était particulièrement difficile étant donné toutes les études contradictoires qu’on peut trouver, mais malgré cela, il était possible d’en ressortir les constances et les faits sur lesquels tout le monde s’entend.

À qui s’adresse ce livre ? Est-ce seulement pour les gens d’un certain âge ou si tout le monde devrait se soucier de son cœur ?

Tout le monde devrait s’en soucier. En ce moment, on voit une tendance : l’infarctus du myocarde (crise cardiaque) arrive plus tôt dans la vie. Il n’est plus du tout rare d’en voir dans la trentaine, alors qu’avant, ce n’était pas le cas. Je ne dirais pas que c’est déjà une épidémie, mais on sent que ça s’en vient. C’est surtout en raison de l’obésité, qui a triplé chez les jeunes, et il y a aussi beaucoup plus de diabète de type  2, qui est le diabète adulte. Auparavant, on voyait surtout cela chez les gens de 55  ans, mais maintenant, on voit cela à 20-25  ans. Et quand vous avez le diabète, vous développez une maladie des artères du cœur quelques années après et vous pouvez faire un infarctus. Donc, les médecins, nous nous entendons tous là-dessus, nous allons voir de plus en plus de jeunes faire des infarctus, en raison de l’obésité.

La malbouffe est-elle la cause première des crises cardiaques ?

La première cause des crises cardiaques est plutôt la cigarette. Ceux qui fument devraient tout d’abord arrêter de fumer. Heureusement, au Québec, ce ne sont que 20 % des gens qui fument. C’est encore trop, mais on est loin des 50 % à 60 % des gens qui fumaient dans les années 70.

Donc, ces gens devraient arrêter de fumer. Pour les 80 % des Québécois qui ne fument pas, la première chose à régler est l’alimentation. Et les gens doivent savoir qu’on ne peut pas compenser une mauvaise alimentation par l’exercice. On voit ça régulièrement chez les sportifs. Les gens se permettent de mal manger car ils s’entraînent beaucoup. Mais l’exercice ne compense pas les effets néfastes de la malbouffe. Donc on règle l’alimentation en premier lieu, et on ajoute l’exercice en deuxième lieu.

Qu’aimeriez-vous ajouter sur le sujet que vous entendez souvent dans votre pratique ?

J’entends souvent des gens dire qu’il faut bien mourir de quelque chose de toute façon, que ça ne vaut pas la peine de se priver autant. Mais ce que je réponds toujours, c’est que la prévention n’est pas faite dans le but de vous faire vivre le plus vieux possible, dans des conditions misérables. Présentement au Canada, l’espérance de vie en santé chez l’homme est de 10 ans de moins que l’espérance de vie totale. Chez la femme, c’est de 12 ans. Donc si vous avez de bonnes habitudes de vie, vous allez raccourcir cette période entre l’espérance de vie en santé et l’espérance de vie totale. Autrement dit, raccourcir la période où vous avez une mauvaise qualité de vie. Et c’est cela que l’on recherche.

Un cœur pour la vie

Martin Juneau

Trécarré

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