Chronique

Est-ce que votre assurance prend l’eau ?

Pendant que les sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, Gatineau et Rigaud pataugent encore dans l’eau, ceux de la Beauce sont passés en mode réclamation.

Maintenant que les eaux de la rivière Chaudière se sont retirées, les propriétaires doivent décortiquer le nouveau programme d’indemnisation dévoilé par Québec il y a tout juste deux semaines. Ils devront aussi vérifier si leur police d’assurance offre une protection contre les inondations.

« Le téléphone sonne. C’est une période très achalandée », confirme Valérie Lamarre, porte-parole du Mouvement Desjardins.

Un bon nombre de propriétaires touchés par la crue ne sont pas couverts par leur assureur. Mais certains assurés bénéficient d’une protection, peut-être même sans le savoir. Voyons voir si votre assurance est à l’épreuve de l’eau…

Suis-je assuré pour les inondations ?

Historiquement, les inondations n’étaient pas couvertes par les polices d’assurance habitation. Mais depuis 2017, plusieurs assureurs comme Desjardins, La Personnelle, Intact, Bélair Direct, Aviva, Co-operators et La Capitale ont développé un avenant qui protège contre le débordement des cours d’eau.

Mais en général, les assureurs ne s’aventurent pas dans les zones à haut risque. « Quand une résidence est inondée chaque printemps, ce n’est plus un risque, c’est une certitude », justifie Anne Morin, porte-parole du Bureau d’assurance du Canada (BAC).

Chez Desjardins, par exemple, la protection est offerte gratuitement à tous les assurés qui vivent dans une zone à faible risque, ce qui représente 80 % de la clientèle. Environ 15 % des assurés qui se trouvent dans une zone à risque moyen peuvent acheter la protection, moyennant une prime qui oscille entre 30 et 120 $. Dans cette catégorie, une personne sur trois a choisi de se procurer l’avenant. Les 5 % de clients qui se trouvent en zone à risque n’ont pas accès du tout à la couverture.

Puis-je me faire rembourser mes frais de subsistance ?

Il est bon de savoir que même si vous n’avez pas de protection spécifique contre les inondations, votre assureur peut tout de même vous indemniser pour les frais de subsistance que vous avez engagés durant une période de 14 jours.

Alors, si vous recevez un ordre d’évacuation, conservez précieusement toutes vos factures d’épicerie, d’hôtel, de restaurant, etc.

Si vous avez un avenant contre les inondations, votre assureur sera plus généreux. Il remboursera vos frais de subsistance durant la période nécessaire à la remise en état de votre habitation.

Si ma voiture est remplie d’eau ?

Ces jours-ci, on voit beaucoup d’images de véhicules remplis d’eau jusqu’aux fenêtres. L’eau a monté si vite que les résidants n’ont pas eu le temps de déplacer leur voiture en lieu sûr.

Mauvaise nouvelle : « Un véhicule inondé est un véhicule irrécupérable », explique la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Si l’eau a dépassé la hauteur du plancher, c’est fichu ! La voiture sera déclarée perte totale. Ça se comprend, car les autos sont devenues des ordinateurs sur quatre roues et sont remplies de composants électroniques qui peuvent fonctionner de manière erratique.

C’est pourquoi il ne faut même pas essayer de démarrer une voiture qui a été imprégnée d’eau. Le véhicule devra être remorqué.

Bonne nouvelle : les propriétaires seront automatiquement indemnisés dans la mesure où ils étaient assurés des « deux bords ». En fait, les dommages sont couverts pour tous ceux qui ont une protection « Tous risques », « Accident sans collision » ou « Risques spécifiés », expose le BAC.

Comment mon assurance s’arrime-t-elle à l’aide du gouvernement ?

« L’assurance privée est toujours prioritaire, car le programme du gouvernement est considéré comme une aide de dernier recours », explique Mme Morin. Mais si votre couverture d’assurance est insuffisante, vous pouvez bénéficier de l’aide de Québec.

Juste à temps pour la saison des crues printanière, Québec a mis en place son nouveau Programme général d’indemnisation et d’aide financière, le 15 avril dernier.

En gros, ce programme offre jusqu’à 5000 $ pour les mesures préventives visant à protéger une habitation (par exemple : sacs de sable), sans preuve justificative. Il prévoit une indemnité de 20 $ par jour pour l’hébergement temporaire (du 4e au 100e jour d’évacuation) et de 1000 $ par mois lorsque les sinistrés reçoivent un avis les informant que des travaux de structure sont nécessaires.

Le programme couvre aussi les rénovations des pièces essentielles et le remplacement des biens essentiels endommagés (par exemple : 2000 $ pour le mobilier de salon, 1000 $ pour un frigo, 700 $ pour un four, 850 $ pour une table et quatre chaises, 200 $ pour une batterie de cuisine).

Si vos biens valent plus cher que la somme versée par Québec, il n’est pas possible de réclamer l’excédent à votre assureur. Disons que votre frigo vaut 2000 $, vous ne pouvez donc pas recevoir les 1000 $ maximum de Québec, puis réclamer les 1000 $ restants à votre assureur.

Comme votre couverture d’assurance inondation est plafonnée, il serait donc judicieux de l’utiliser pour les travaux et les biens qui ne sont pas couverts du tout par le gouvernement.

Par exemple, si vous aviez des équipements sportifs ou une cave à vin dans votre sous-sol, ne comptez pas sur l’État pour vous les remplacer. Il est préférable de réclamer ces biens à votre assureur et d’utiliser le programme d’aide du gouvernement pour votre frigo et d’autres biens essentiels.

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