Finalistes Sciences

De l’ombre à la lumière

Les personnalités de la catégorie Sciences sont des travailleurs de l’ombre. Des percées scientifiques majeures sont nées de leurs longues années passées dans leur laboratoire. Par leurs découvertes souvent surprenantes, elles suscitent aussi l’intérêt de la population pour les sciences.

Caroline Ménard

Semaine du 28 janvier 2018

Née à Dolbeau, formée à l’Université du Québec à Trois-Rivières et à McGill à Montréal, Caroline Ménard était en poste à New York depuis trois ans, à la prestigieuse école de médecine de Mount Sinai, quand elle a fait avec son équipe – dont deux autres chercheurs québécois – une découverte cruciale sur le lien entre stress et dépression. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Neuroscience. Ses travaux pourraient ouvrir la voie à la mise en œuvre de mesures biologiques concrètes pour diagnostiquer la dépression, maladie encore bien méconnue d’un point de vue médical. Et pour aussi la traiter. L’année 2018 était celle du retour au pays pour Caroline Ménard, embauchée par l’Université Laval pour poursuivre ses travaux, notamment sur les liens entre une série de maladies, dont l’obésité et le diabète, et la dépression.

La Dre Alice Benjamin

Semaine du 28 octobre 2018

Alice Benjamin est une personnalité d’exception dans le monde de la médecine et de la gynécologie-obstétrique au Québec : elle pratique ce métier depuis 47 ans et a mis au monde 10 000 bébés. Et à 73 ans, elle travaille toujours au sein du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Originaire du Kerala, région du sud de l’Inde, elle est arrivée au Canada, déjà formée en médecine, au début des années 70 pour suivre son mari et s’est retrouvée à McGill, où elle a terminé sa spécialité, seule femme de sa classe. Elle est ensuite devenue celle qui suit les grossesses compliquées, à risque. C’est pourquoi elle assiste aussi aux accouchements de toutes ses patientes. Voir le fruit de son travail venir au monde, ces naissances inespérées, la comble toujours autant. Il n’y a rien, dit-elle, qui peut battre ce sentiment, cette gratification.

Steve Fabijanski

Semaine du 2 décembre 2018

Américain d’origine, Canadien d’adoption, le microbiologiste Steve Fabijanski a décidé de fournir sa part pour l’environnement. Il a mis au point, au bout de longues années de recherches – il a commencé en arrivant ici en travaillant sur l’huile de canola –, une huile végétale produite par une variété de moutarde appelée carinata qui fait voler les avions. Et 2018 a été une grande année de premières à cet égard : un premier vol transpacifique, Los Angeles – Melbourne, et un premier vol transatlantique, San Francisco – Zurich, d’avions carburant à 30 % avec le combustible végétal de son entreprise de Gatineau, Agrisoma. L’objectif maintenant : trouver plus de fermiers pour faire pousser cette plante et convaincre les transporteurs et les aéroports de l’importance et de l’utilité de ce carburant.

Muthu Packirisamy

Semaine du 16 décembre

Ingénieur, inventeur, Muthukumaran Packirisamy, qui préfère qu’on l’appelle Muthu, est professeur à l’Université Concordia, à la faculté d’ingénierie Gina Cody. Sa spécialité ? Les microsystèmes, la conception et la construction de laboratoires d’analyse de fluides gros comme le bout du doigt. Né dans le sud de l’Inde, il a étudié à Madras puis à Concordia, où il a fait son doctorat. Il a travaillé dans le secteur privé avant de revenir en milieu universitaire faire de la recherche sur des projets aussi variés que l’électricité produite par les algues ou la détection des hormones de croissance dans le lait. En 2018, il a été admis à la prestigieuse National Academy of Inventors, organisme américain qui célèbre l’innovation dans le domaine universitaire. C’était la première fois qu’un Québécois était admis dans ce club sélect.

Le Dr Michel Chrétien

Semaine du 4 février 2018

La liste des percées scientifiques, des reconnaissances et des réussites du Dr Michel Chrétien est longue. Endocrinologue et biochimiste, ce chercheur de 82 ans a longtemps été directeur de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, où il a notamment fait progresser nos connaissances sur les hormones. C’est lui qui a découvert, alors qu’il était en études postdoctorales à Berkeley, en Californie, dans les années 60, que les hormones pouvaient en cacher d’autres, ce qui a ouvert la voie à tout un champ d’exploration. Et c’est pour cela que l’an dernier, le dictionnaire Larousse a décidé de l’inclure dans sa liste de personnalités cruciales, pas loin de son frère aîné, Jean, accomplissement remarquable pour un scientifique québécois.

Marie-Pascale Tremblay-Champagne

Semaine du 13 mai 2018

Chirurgienne et plasticienne, formée en médecine à McGill, Marie-Pascale Tremblay-Champagne a été la première à exécuter au Québec une opération délicate : transplanter des ganglions dans l’aisselle. L’opération, que la médecin a apprise pendant des études postdoctorales à Seattle, permet de soigner le lymphœdème, une maladie causant de l’enflure et de la douleur chronique dans le bras, très incapacitante, chez les personnes qui ont dû se faire enlever des ganglions après un cancer du sein. Âgée de 32 ans, la plasticienne spécialiste de la reconstruction du sein après une intervention chirurgicale pour un cancer, travaille à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, où elle enseigne maintenant la technique de transplantation des ganglions aux étudiants.

Gabriel Dayan

Semaine du 27 mai 2018

Gabriel Dayan est aujourd’hui étudiant en médecine à l’Université de Montréal, mais au printemps dernier, alors qu’il était encore au collège Marianopolis, il a remporté le premier prix de l’Expo-Sciences du Québec et la médaille d’argent de l’Expo-Sciences du Canada avec ses travaux sur le système immunitaire et le cancer. C’était la seconde fois que le jeune homme originaire de Côte-Saint-Luc remportait ce prix. Il a aussi déjà reçu une médaille du Gouverneur général en raison de l’excellence de sa moyenne générale. Dayan se passionne pour la recherche et fait des travaux en laboratoire à Sainte-Justine, sur ce sujet, depuis 2014. Il est aussi fou de hockey, de basket et de surf, et parle couramment le français, l’anglais et l’hébreu.

Gilbert Bernier

Semaine du 24 juin 2018

La cause de la forme la plus répandue de la maladie d’Alzheimer, celle qui touche 95 % des patients, demeure un grand mystère. Cependant, grâce aux travaux de Gilbert Bernier et de son équipe de recherche en biologie moléculaire et en neurobiologie, à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, on en sait maintenant pas mal plus sur cette maladie. Le groupe de scientifiques a en effet proposé une nouvelle théorie, en 2018, voulant que l’alzheimer courant, la forme qui attaque le cerveau à la vieillesse, soit lié à un seul gène, le BMI1, devenu inactif. Pour faire ces travaux, le Dr Bernier et son équipe ont généré des neurones corticaux humains à partir de cellules souches. Et dans ces neurones, ils ont inactivé le gène BMI1. « Et les marqueurs de l’alzheimer sont apparus », explique le chercheur. Qu’est-ce que tout cela signifie ? Que pour contrer l’alzheimer, on peut maintenant essayer d’agir de façon ciblée pour réactiver ce gène. La clé de tout nouveau traitement serait dans sa capacité de réparer le gène BMI1.

André Larente

Semaine du 15 juillet 2018

Informaticien de formation, dirigeant de Diagnos, une entreprise de Brossard, André Larente est passionné par l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine. Il a mis au point toutes sortes de plateformes tant pour reconnaître les ingrédients qui font qu’une chanson devient un hit que pour savoir où trouver du minerai. En 2018, c’est la plateforme de son entreprise Diagnos permettant de déterminer, à partir d’images du fond de la rétine, si des complications sont à prévoir chez des patients diabétiques qui lui a valu d’être choisi personnalité de la semaine. Après des années de recherche et développement à l’étranger, l’outil de Diagnos a en effet finalement été déployé par le ministère de la Santé du Québec dans tout son réseau pour aider la médecine d’ici à avancer.

Gilles Brassard

Semaine du 22 juillet 2018

Gilles Brassard est informaticien. Un des plus grands au Québec. En 2018, il a gagné le prix Wolf de physique, distinction suprême internationale surpassée seulement par le prix Nobel et remise pour la première fois à un Canadien dans cette discipline. Né à Montréal, diplômé de l’Université de Montréal, où il fait ses recherches, et de Cornell, où il a obtenu son doctorat, Brassard est notamment coinventeur de la théorie de la téléportation quantique. En fait, l’univers de la physique quantique, celui des particules élémentaires, est au cœur de son travail de spécialiste de la cryptographie. Cette grande reconnaissance sera fort utile, dit celui qui est entré à l’université à 13 ans, pour faire avancer ses autres sujets de recherche, « encore plus flyés ».

Marie-Pier et Sophie Vermette-Lacroix

Semaine du 5 août 2018

Les jumelles Marie-Pier et Sophie Vermette-Lacroix, 17 ans, adorent les sciences. Chaque année, elles participent à l’Expo-Sciences de leur école, Pierre-Laporte, à Mont-Royal. Régulièrement, elles se retrouvent aux finales nationales. En 2016, c’est ainsi qu’elles ont été récompensées pour une invention remarquée récemment par une coroner québécoise : un système pour détecter les bébés dans les voitures, afin d’éviter de les oublier, ce qui peut avoir des conséquences tragiques. Leur invention est simple, mais efficace, et est basée sur le poids. Quand le conducteur se lève de son siège, mais que bébé reste dans le sien, une alarme sonne. Où retrouvera-t-on ces jeunes dans l’avenir ? Aux études pendant longtemps, disent-elles, et en sciences, ça c’est sûr.

Nabil Seidah

Semaine du 12 août 2018

Quand il était enfant, au Caire, Nabil Seidah adorait feuilleter Le Petit Larousse illustré, à la recherche d’images saisissantes de maladies. « J’étais ébahi par ces pathologies », raconte le chercheur montréalais. « Je crois que c’est ça qui m’a donné envie de travailler en sciences. » Chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) depuis 1974, Nabil Seidah a fait depuis des découvertes qui ont permis de mettre au point un nouveau traitement contre l’hypercholestérolémie qui réduit les risques de crise cardiaque et permet aux patients de vivre plus longtemps. Le 30 mai 2018, iI est devenu le premier chercheur du Québec à recevoir le prestigieux Grand Prix scientifique de la Fondation Lefoulon-Delalande-Institut de France. Le 10 juin, il a reçu le prix Akira-Endo (nommé en l’honneur du découvreur des statines) pour la découverte de PCSK9, enzyme qui joue un rôle clé dans la dégradation du mauvais cholestérol.

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