Est-il possible, depuis les abysses du coma, d’avoir conscience de ce qui nous entoure ? Rose y croit fermement et passe ses journées au chevet de son neveu de 17 ans, Emmanuel, dans l’espoir qu’il lui revienne. Elle veille sur « son ange turbulent » autant que sur ses parents, déroutés et muets devant le drame. Chaque jour, elle lui raconte la vie d’un personnage du « grand arbre » de la famille Audet – Pacôme le froussard qui s’était inventé des gestes glorieux ; Marie-des-Neiges qui n’avait pas froid aux yeux ; Nicolas, le premier à s’être installé sur ces terres… Emmanuel l’écoute et attend avec impatience sa présence réconfortante. L’auteure Christiane Duchesne, triple lauréate du Prix du Gouverneur général, multiplie ces mosaïques d’histoires familiales comme on brode un patchwork, avec douceur et patience. La voix de Rose nous berce tranquillement, apaisante et dénuée de tristesse, jusqu’aux moindres ramifications de l’arbre familial, alors qu’Emmanuel s’agite dans son faux sommeil, ses pensées alternant avec le flot des récits. Jusqu’au bout, la foi de sa tante demeure inébranlable, comme le fil conducteur d’un roman qui nous intimerait avec optimisme, mais sans surprises, de ne jamais cesser de croire. — Laila Maalouf, La Presse

« J’entends encore un peu le bruit des moteurs de l’avion, incrusté dans ma mémoire auditive. Si je sais que je suis venu ici en avion, c’est que je vous ai entendu le dire, autrement rien, pas de souffrance, pas de souvenirs, pas d’images. Je vous entends poser des questions à voix basse sur mes jambes, sur mes fractures, j’aimerais bien que quelqu’un les compte, que je sache précisément ce que j’ai de cassé. Mon esprit scientifique voudrait savoir. »