Deuil périnatal
LE DEUIL D’UN RÊVE
Cet écran a été partagé à partir de La Presse+
Édition du 31 août 2015,
section PAUSE FAMILLE, écran 2
Deuil périnatal
LE DEUIL D’UN RÊVE
Deuil périnatal
Une terre pour son deuil
Catherine Handfield et Bénedicte Millaud
La Presse
Pour répondre aux besoins des parents endeuillés, deux infirmières de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, Suzanne Roy et Linda Grenier, ont mis sur pied le Berceau des anges, un terrain du cimetière de Laval qui a été offert par Magnus Poirier pour y accueillir les bébés morts en cours de grossesse ou dans les premières semaines de vie. Nous y avons rencontré Stéphanie Turcotte, mère d’Olivier, décédé à 27 semaines de grossesse.
Deuil périnatal
Entre parents orphelins
Catherine Handfield et Bénedicte Millaud
La Presse
Une semaine sur deux, le jeudi soir, quelques parents vivant un deuil périnatal se réunissent au local de l’organisme Parents orphelins, dans le nord de Montréal, pour boire un café, échanger et trouver écoute et réconfort. Nous avons assisté à une rencontre.
Deuil périnatal
Le deuil périnatal en questions
Catherine Handfield
La Presse
Comment dispose-t-on des embryons et des fœtus ?
Les parents ont toujours la possibilité de réclamer le corps et d’organiser leur propre cérémonie funéraire. De plus en plus d’hôpitaux ont conclu des ententes avec des maisons funéraires, qui offrent d’incinérer gratuitement les fœtus, parfois même des embryons. Des maisons funéraires permettent d’inhumer les cendres dans des fosses communes, auprès des autres bébés. Par contre, des hôpitaux – en région éloignée notamment – n’ont pas d’entente, indique Manon Cyr, infirmière spécialisée en deuil périnatal.
Que font les hôpitaux qui n’ont pas d’entente ?
Si les parents refusent de prendre en charge l’embryon ou le fœtus (pour des raisons financières ou autre), les corps sont incinérés avec des déchets biomédicaux, ce dont les parents n’ont pas toujours conscience. En 2008, La Presse rapportait que le gouvernement songeait à présenter un projet de loi pour qu’on cesse de considérer les fœtus de moins de 500 g comme des déchets biomédicaux, ce qui n’a jamais été fait. Cette idée soulevait des inquiétudes quant au droit des femmes à l’avortement.
Les parents endeuillés ont-ils droit au congé parental ?
Les femmes peuvent réclamer leur congé de maternité (15 ou 18 semaines) si elles perdent leur bébé à compter de la 20e semaine de grossesse. Quant aux pères, la Loi sur les normes du travail leur permet de s’absenter seulement cinq jours, dont deux potentiellement payés. En 2012, un couple a déposé une pétition signée par plus de 12 000 personnes à l’Assemblée nationale pour que les pères aient aussi droit à un congé. Un « comité de travail interministériel » a été mis sur pied pour étudier la question. Leur rapport est attendu « dans les prochains mois », indique-t-on au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.
Quel est le statut juridique d’un bébé mort-né ?
Les bébés mort-nés ne sont enregistrés nulle part : seul un certificat de mortinaissance est émis, indique l’infirmière Manon Cyr. Ce dernier sert à l’élaboration des statistiques et, pour les mères, à la réclamation du congé de maternité. Si le bébé est né vivant, une déclaration de naissance et une déclaration de décès sont émises.
Comment encadre-t-on les parents qui vivent un deuil périnatal ?
Dans Politique de périnatalité 2008-2018 du ministère de la Santé, on notait « l’absence de protocoles bien établis et le manque de ressources humaines » accordées aux parents qui vivent un deuil périnatal. « À ma connaissance, rien n’a bougé depuis », note Manon Cyr. Les services sont donc offerts selon la bonne volonté des établissements de santé. Par ailleurs, des groupes de soutien existent un peu partout au Québec et l’organisme Parents orphelins organise des cafés-causeries entre parents.
Quelles sont les conséquences du deuil périnatal ?
Le deuil périnatal crée souvent de l’isolement chez ceux qui le vivent. « Ceux qui ne l’ont pas vécu de près ou de loin ne comprennent pas nécessairement son ampleur et ont parfois tendance à le banaliser », souligne Manon Cyr. Les parents entendent donc des commentaires (« tu es jeune, tu vas en avoir un autre ») qui les incitent à s’isoler encore plus. Pourtant, sans accompagnement, ces parents sont sujets à la dépression et peuvent même penser au suicide, souligne Mme Cyr. Ils risquent aussi de vivre une grande anxiété à la grossesse suivante, et même de présenter des problèmes d’attachement à l’enfant qui suit.
7,2 pour 1000
Pour 1000 naissances, 7,2 fœtus de plus de 500 g (environ 5 mois de grossesse) et bébés de moins de 28 jours de vie meurent au Québec. Par ailleurs, entre 15 % et 20 % des grossesses (et peut-être même plus) se soldent par une fausse couche.
Sources :
Fausse couche, vrai deuil de Manon Cyr
Les rêves envolés de Suzy Frechette-Piperni