Architecture

Une maison de ferme contemporaine

Marie-Thérèse Bonnichon, son conjoint Denis Carrier et leurs cinq garçons forment une famille recomposée. En 2005, coup de cœur ! Le couple quitte Candiac pour une ferme et change de vie ! Devenus agriculteurs, les propriétaires nous ont accueillis à leur ferme Au pied levé, à Magog, qui comprend une maison contemporaine et un gîte fermier.

Magog — Dix vaches et un taureau highland… « C’est ainsi que commence notre histoire », résume Marie-Thérèse Bonnichon, infirmière de profession.

C’est en cherchant un terrain à la campagne pour jardiner que le couple, la mi-cinquantaine, découvre et achète une terre agricole.

« On n’avait jamais conduit un tracteur de notre vie », avoue Marie-Thérèse, sourire en coin.

À la suite de la vente de leur maison de Candiac, Marie-Thérère et Denis logent dans la maison de ferme existante et rénovent la grange. Agriculteurs autodidactes, ils acquièrent du bétail et diversifient les espèces. « On voulait d’abord des vaches highland, car elles restent à l’extérieur, même en hiver, elles sont jolies et elles procurent une viande maigre », dit-elle. S’ajouteront des porcs rustiques et des chevreaux boer. Ainsi que de la volaille, pendant la belle saison, comme des oies, des pintades, des poulets et des dindes sauvages. Tous les animaux sont élevés en pâturage et nourris avec des grains biologiques, sans antibiotiques ni hormones.

« Nous avons aussi deux ânes qui protègent nos pintades des prédateurs, m’indique Denis Carrier, alors que nous sommes à l’extérieur et apercevons un renard, qui file au loin.

Le paysage ? Bucolique à souhait. Sur la terrasse couverte de la propriété, les trois chiens de la ferme – Théo, Copine et Baileys – se reposent paisiblement, la truffe au vent. Invitantes, malgré le temps froid, des chaises Adirondack disposées dans la loggia sont couvertes de peaux de vaches highland.

TABLE CHAMPÊTRE

« Nous élevons les animaux, nous transformons la viande, la vendons sur place [biftecks, rôtis, rillettes de dinde sauvage, tourtes de pintade…] et nous récupérons les peaux », détaille Marie-Thérèse, qui est cuisinière et qui a suivi une formation en boucherie. C’est d’ailleurs en proposant une table champêtre de six services, avec fromages de la région et légumes bios, à des groupes que le couple met en valeur ses produits. Sans oublier le gîte, composé de cinq chambres. « C’est de cette façon que nous comptons bien rendre la ferme rentable et que je pourrai, éventuellement, m’y consacrer entièrement », affirme Denis, qui pratique toujours son métier de designer d’expositions.

BESOIN D’ESPACE

L’ouverture du gîte fermier a eu lieu en mai dernier. « Auparavant, nous habitions dans l’ancienne maison, mais nous avions besoin d’espace supplémentaire pour la transformation de la viande », rappelle Marie-Thérèse.

Il y a deux ans, le couple a alors fait appel à l’architecte Patrick Morand pour un agrandissement. Mais en raison du mauvais état de l’habitation (fondations, structure…), les propriétaires optent pour une construction neuve.

Pas question pour l’architecte de renier le passé ni, à l’inverse, de créer un pastiche de la maison de ferme du siècle dernier. Patrick Morand (et Atelier Barda) a plutôt réinterprété certaines particularités de l’architecture vernaculaire tout en intégrant la construction au paysage rural.

« On voulait un look contemporain, mais avec des matériaux et des volumes qui rappellent les maisons de ferme », indique le couple.

Parmi les solutions proposées, il y a la création de deux volumes aux lignes nettes et à toiture à deux versants. Une simplicité formelle, à l’image des bâtiments de ferme. Posé sur un socle commun, l’un des volumes accueille les cinq chambres ainsi que la salle à manger et le salon communs du gîte fermier. L’autre renferme les pièces de vie et de nuit des propriétaires et du plus jeune de leurs fils, William : cuisine, vestiaire, bureau, chambres… Sans oublier l’espace de la boutique, équipé d’un grand réfrigérateur et d’un congélateur vitrés.

Détail architectural : la façade avant du bâtiment, là où se trouve l’espace salle à manger-salon, est complètement fenêtrée. « Une sorte de clin d’œil à la véranda vitrée, à l’avant de l’ancienne habitation, explique Patrick Morand. Il m’importait de garder, d’une certaine façon, la mémoire de la vieille maison qui a été habitée par plusieurs personnes des environs. »

BOIS DE GRANGE…

Autre évocation : le parement extérieur de la maison est, comme celui de la grange, formé de planches avec couvre-joints de pruche. « Une technique qui laisse un espace de dilatation au bois, qui doit être posé alors qu’il est encore vert », précise l’architecte. Aussi, comme la pruche de la grange, celle de l’étage grisonnera avec le temps. Quant à celle du rez-de-chaussée, elle sera éventuellement peinte en noir.

Autre idée prisée en milieu rural : une implantation des bâtiments offrant une protection face aux intempéries. « L’objectif était de créer une courette menant à l’entrée principale qui soit protégée des vents, note Patrick Morand. Au cœur de cet espace, fait-il remarquer, il est possible d’apercevoir la cuisine et même le pâturage, au loin, car la pièce de préparation est vitrée de part et d’autre. »

Enfin, maison et gîte semblent ne faire qu’un… « L’architecture de notre maison nous permet de préserver notre intimité tout en accueillant nos invités, confie Marie-Thérèse. Dans notre tête, c’est une seule et grande maison », conclut-elle.

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